Le président syrien Bachar el-Assad a estimé mardi, à l'issue d'une rencontre avec l'ex-président libanais Michel Aoun que "le rapprochement arabo-arabe se reflétera positivement sur le Liban et la Syrie", en allusion à la réintégration récente de Damas au sein de la Ligue arabe.
Le déplacement de M. Aoun à Damas, le premier depuis 2009, intervient alors que la question de la normalisation entre Beyrouth et le régime Assad suscite la polémique au Liban, malgré la réintégration de la Syrie dans Ligue arabe le mois dernier après plus de dix ans d'exclusion.
"La Syrie et le Liban ne peuvent regarder les défis auxquels ils sont confrontés séparément", a affirmé Bachar el-Assad à l'issue de son entretien avec Michel Aoun, selon un communiqué de la présidence syrienne. Selon lui, "le rapprochement arabo-arabe qui a dernièrement eu lieu lors du sommet de Djeddah (le 19 mai dernier) aura des répercussions positives sur le Liban et la Syrie". Il s'agissait de la première réunion de l'organisation panarabe depuis 2011, à laquelle participait le président syrien Bachar el-Assad, qui en avait été écarté en raison de la violente répression des manifestations ayant depuis tourné en guerre civile sanglante.
Le président syrien a également noté que "la force du Liban réside dans sa stabilité politique et économique, estimant que "les Libanais peuvent instaurer cette stabilité à travers le dialogue, l'entente et surtout en s'attachant aux principes et non pas en pariant sur les changements" dans la région. Il a indiqué que "la stabilité du Liban est dans l'intérêt de la Syrie et la région".
Bachar el-Assad a par ailleurs affirmé que "Michel Aoun a joué un rôle dans la préservation de la relation fraternelle entre la Syrie et le Liban, ce qui est de l'intérêt des deux pays". Il a aussi affiché sa "confiance dans la capacité des Libanais à dépasser les problèmes et les défis, et à consacrer le rôle des institutions nationales et constitutionnelles".
La prospérité de Damas, "positive" pour le Liban
De son côté, l'ex-président Michel Aoun a estimé que "les changements au Moyen-Orient sont des indices positifs dans l'intérêt de tous les pays arabes", selon un communiqué publié par son bureau de presse. Il a également estimé que "le redressement de la Syrie et sa prospérité se refléteront positivement sur le Liban".
Abordant le dossier épineux des réfugiés syriens, M. Aoun a indiqué avoir informé le président syrien de "la position dangereuse de l'Europe qui refuse le rapatriement des réfugiés, tente de les intégrer à la société libanaise et fait pression par tous les moyens pour empêcher ce retour sous prétexte de les protéger". De son côté, M. Assad a affirmé que "la Syrie est prête à accueillir ses citoyens", notant que "cela doit avoir lieu en coordination entre les deux pays". Le communiqué de l'agence syrienne ne fait aucune mention du rapatriement des réfugiés syriens, une revendication à laquelle tiennent les autorités libanaises et qui provoque régulièrement des remous sur la scène locale.
M. Aoun a enfin insisté sur "l'importance de l'unité nationale à laquelle tiennent les Libanais".
La réunion entre MM. Aoun et Assad intervient alors que le Liban est en pleine période de tractations politiques autour de l'élection d'un nouveau chef de l'Etat. Cette rencontre est un événement politique qui sera attentivement suivi par les observateurs et les acteurs politiques, notamment à l’heure où la course à Baabda bat son plein. Le président du Parlement libanais Nabih Berry a convoqué les députés à une séance électorale le mercredi 14 juin à 11h pour élire un nouveau président de la République, le Liban étant en proie à une double vacance du pouvoir exécutif depuis la fin du mandat Aoun, le 31 octobre 2022. S'opposeront lors de cette séance, les candidatures de Sleiman Frangié, proche de Damas et soutenu par le tandem chiite Amal-Hezbollah, et de l'ancien ministre et cadre régional du Fonds monétaire international Jihad Azour, soutenu par le Courant patriotique libre (aouniste) et plusieurs partis d'opposition.
Il veut vraiment nous faire croire que c’est à cause des européens que les réfugiés syriens restent chez nous? Il n’a même pas le courage d’évoquer les disparus dans les prisons syriennes. Quel Traître!
02 h 52, le 08 juin 2023