
L'ambassadeur du Liban en France, Rami Adwan. Photo Ani
L'ambassadeur du Liban en France, Rami Adwan, fait l'objet de plaintes déposées par deux jeunes femmes à Paris pour viol et violences volontaires, rapporte vendredi le site Mediapart. Le diplomate échappe jusque-là à la justice française, un ambassadeur ne pouvant être arrêté, détenu ou poursuivi devant la juridiction du pays dans lequel il officie, sauf si l’État d’origine décide de lever son immunité, selon les textes réglementaires découlant de la Convention de Vienne de 1961 sur les relations diplomatiques.
Selon Mediapart, les deux femmes entretenaient une relation intime avec l'ambassadeur, qui est en poste à Paris depuis 2017. Ce dernier, s'il ne nie pas les relations avec les deux accusatrices, "conteste toute accusation d’agression verbale, morale et sexuelle" et dénonce notamment des "accusations qui n'ont aucun sens".
Contacté par notre publication, l'avocat de Rami Adwan indique que son client s'est "largement expliqué sur ces allégations et conteste ces accusations de viol et de coups". M. Adwan a "expliqué la nature de ces relations, parfois tumultueuses et émaillées de scènes et de disputes. Il est disposé à s’en expliquer le cas échéant", ajoute-t-il dans un message.
Deux plaintes
Lors de son premier signalement, en 2020, Ava*, 28 ans, qui travaillait depuis trois ans à l'ambassade du Liban, avait accusé l'ambassadeur de harcèlement moral et de violences volontaires. Des accusations "qui n’ont aucun sens", indique pour sa part l'ambassadeur au site Mediapart, affirmant "n'avoir jamais levé la main" sur la femme. Il évoque une relation qui se serait "achevée dans un climat très conflictuel", estimant qu'Ava* aurait "tenté d’utiliser" leur relation afin de "renforcer sa position au sein de l’ambassade". Souhaitant uniquement déposer une main courante (un signalement sans plainte), une procédure interdite en France dans le cas de violences conjugales, Ava avait alors refusé de formellement déposer plainte.
Lorsqu'elle finit par le faire en 2022, la jeune femme évoque un autre épisode de violence physique, au cours duquel l'ambassadeur l'aurait "frappée à l'arrière de la tête avec une boule en marbre servant de presse-papier". Rami Adwan évoque une autre version des faits. "Nous nous sommes poussés, il y a eu des cris, des gestes brusques mais ni coups ni jets d’objets", explique-t-il. La Franco-Libanaise accuse également le diplomate de lui avoir imposé un acte sexuel par la violence. Mais M. Adwan affirme qu'il s'agissait d'un acte "consenti".
La seconde accusatrice, Gabrielle*, une étudiante libanaise qui travaillait à l'ambassade, indique également dans sa plainte, déposée en février 2023, avoir eu des relations intimes avec son supérieur. Elle confie à la police que ces relations se fondaient sur "la peur et "un système de punitions et de récompenses". La jeune femme accuse encore l'ambassadeur de violences physiques, de rapports sexuels non-consentis et d'avoir tenté de la renverser avec sa voiture. Pour cette dernière accusation, Rami Adwan assure à Mediapart que "la voiture a dérapé". Gabrielle rapporte en outre que le diplomate aurait essayé de l'asphyxier en lui "enfonçant le visage face dans le lit". Ce que l'ambassadeur dément. "Je l’ai repoussée. Je n’ai jamais essayé de l’asphyxier", se défend-il.
Le média français évoque encore des articles parus dans la presse libanaise, notamment dans al-Akhbar, au début des années 2010, selon lesquels l'ambassadeur avait déjà fait l’objet d’au moins un signalement pour agression sexuelle, quand il était en poste comme diplomate à La Haye aux Pays-Bas.
"Pas de commentaire"
Une source au sein du ministère libanais des Affaires étrangères a affirmé à L'Orient-Le Jour "n'avoir malheureusement pas de commentaire à faire pour le moment" sur les plaintes contre M. Adwan.
L'enquête, confiée au premier district de la police judiciaire parisienne (1er DPJ), a été "clôturée", a-t-on en outre indiqué à l'AFP de source proche de l'enquête. Interrogé sur ce dossier et les suites qu'il compte lui donner, alors que Rami Adwan bénéficie de l'immunité diplomatique, le parquet de Paris a répondu à l'AFP "ne pas être en mesure de répondre pour le moment".
"Nous n'avons aucun élément sur cette affaire dont est saisie la justice et qui est couverte par le secret d'enquête", a de son côté réagi de son côté le Quai d'Orsay.
Vendredi matin, des informations circulant dans des médias libanais faisaient état d'une "arrestation" de l'ambassadeur, pour des faits qui n'avaient pas été précisés. Contacté par L'Orient-Le Jour dans la matinée, M. Adwan avait démenti ces informations.
*Le prénom a été modifié.
L'ambassadeur du Liban en France, Rami Adwan, fait l'objet de plaintes déposées par deux jeunes femmes à Paris pour viol et violences volontaires, rapporte vendredi le site Mediapart. Le diplomate échappe jusque-là à la justice française, un ambassadeur ne pouvant être arrêté, détenu ou poursuivi devant la juridiction du pays dans lequel il officie, sauf si l’État d’origine...
commentaires (21)
Certain commentaire prennent la defence d’un homme accusé de viol, on prend jamais la defence des victimes y’a un vrai décalage humain. Quoique il en soit s’il y a justice son immunité diplomatique doit être levée et pour rappel ce n’est pas la première fois qu’il fait l’objet de ce type d’accusation. Ça en dit beaucoup lorsque l’on lie certain commentaire qui privilégie le personnage politique aux témoignages des victimes, ça arrive dans tous les milieux et ça change rien au système judiciaire, il doit se présenter devant un jury.
Cathleen Khoury
14 h 55, le 03 juin 2023