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Campus - TÉMOIGNAGES

ChatGPT dans la vie étudiante, entre fascination et inquiétudes

L’intelligence artificielle s’invite dans le milieu universitaire, suscitant à la fois engouement et préoccupations éthiques.

ChatGPT dans la vie étudiante, entre fascination et inquiétudes

Ghyd el-Khoury. DR

Maryam Maroun, une étudiante de 19 ans en 2e année de droit à l’Université Saint-Esprit de Kaslik, avoue avoir utilisé ChatGPT une seule fois, alors qu’elle était coincée par le temps de remise de ses dissertations. « Cette plateforme m’a permis de structurer de bons plans et de faire cheminer mes idées d’une manière logique et efficace », confie-t-elle. Sans nier les avantages procurés par l’intelligence artificielle (IA), comme le gain de temps et l’accessibilité à l’information, elle avoue craindre de manquer d’honnêteté dans son travail. Malgré son expérience limitée avec ChatGPT, la jeune femme a ressenti une sensation de « tricherie » en ayant recours à l’IA, avec le sentiment de « trahir sa passion pour l’écriture ». Alors qu’elle estime que l’être humain est naturellement paresseux, Maryam Maroun craint que « cette plateforme n’affecte pas seulement la capacité de l’individu à créer et à s’exprimer, mais qu’elle influence également sa volonté de le faire ». L’intelligence artificielle demeure « dépourvue d’essence, de sensation et de caractère », ajoute-t-elle.Quant à Naji Chebli, étudiant en 5e année en ingénierie des communications informatiques à l’Université Notre-Dame, il affirme « utiliser ChatGPT pour obtenir rapidement un aperçu sur un sujet spécifique, surtout pour les nouveaux concepts liés à l’ingénierie logicielle ». Cependant, cette plateforme étant relativement nouvelle et contenant des données limitées, cela peut compromettre sa fiabilité.

Andrea Abdelnour. Photo Tristan Dagher

« ChatGPT fournit une réponse presque immédiate à la plupart des questions et propose même des exemples et des échantillons liés au codage », avance-t-il. Le futur ingénieur ne nie pas que cette IA pourrait être utilisée pour tricher pendant les processus d’embauche, mais, selon lui, les candidats à un emploi seront disqualifiés une fois que cela sera découvert, car ils ne maîtriseront pas les compétences de base. Chébli indique que ChatGPT pourrait être utilisé pour rédiger des courriels et des essais. En revanche, il souligne les dangers potentiels liés à son utilisation, expliquant que l’IA gère d’énormes quantités de données, ce qui présente un risque élevé de violation de la sécurité et de la confidentialité.Étudiant en 5e année à l’AUB dans le même domaine, Toufic Lattouf considère que ChatGPT facilite le travail de codage. « Je sais comment coder, mais j’utilise ChatGPT comme source d’inspiration pour simplifier le travail », explique-t-il. Pour lui, l’utilisation de cette plateforme ne soulève pas de question d’éthique, mais il affirme qu’elle rend les individus « paresseux » et diminue la qualité de leur rendement au travail. Toufic souligne l’importance de connaître la réponse avant de poser une question au chatbot : « Le robot n’est pas parfait, l’utilisateur doit avoir une connaissance de base approximative pour pouvoir repérer les erreurs commises par le robot. » Le jeune homme de 22 ans estime que cette plateforme n’a pas la capacité de remplacer les opportunités de travail, mais pourrait au contraire faciliter les tâches des employés dans leurs emplois. Pour Andrea Abdelnour, 20 ans, l’utilisation de ChatGPT est considérée comme une « dernière ressource ». L’étudiante en troisième année d’audiovisuel à l’Académie libanaise des beaux-arts (ALBA) craint de perdre sa créativité et son identité d’artiste en utilisant l’IA. « ChatGPT et l’IA en général sont des outils qui aident les artistes à atteindre leurs objectifs de manière plus efficace et rapide. » La jeune photographe qui a eu recours au chatbot dans un cours d’écriture de scénario à la faculté, angoisse à l’idée que l’IA puisse un jour remplacer les artistes. Pour elle, ChatGPT doit être considéré comme « un outil et non pas un médium ». Elle insiste sur l’importance d’utiliser la plateforme avec sagesse et avec de bonnes intentions. La vidéaste souligne que « l’intervention de l’IA ne doit pas altérer la touche personnelle de l’artiste ». Par conséquent, elle estime qu’il est nécessaire d’éviter toute dépendance envers cette plateforme. « L’IA pousse mon inspiration et ma créativité toujours plus loin, car elle renferme toutes sortes de réponses visuelles, sonores et audiovisuelles », ajoute-t-elle.

Naji Chebli. DR

De son côté, Carl Azzi, étudiant de 21 ans en génie mécanique à l’AUB, admet avoir remis en question, parfois, ses valeurs éthiques et son intégrité lorsqu’il utilise ChatGPT. « Je me demande parfois si j’ai franchi la ligne en utilisant cette plateforme », confie-t-il. Cependant, le jeune homme en 4e année d’études essaie autant que possible de tirer parti des fonctionnalités de cette plateforme sans intention de tricher, en faisant preuve d’un surcroît de prudence. « Je suis conscient des capacités de cette plateforme à générer des solutions ou des rapports que je devrais réaliser moi-même », affirme-t-il. Carl s’inquiète que cette plateforme puisse prendre la place de l’élément humain dans de nombreux travaux. « Je ne dirais pas que cette invention est contraire à l’éthique, mais plutôt que son utilisation peut l’être », ajoute-t-il.Étudiante en première année en médecine à l’Université Saint-Georges de Beyrouth, Ghyd el-Khoury affirme que ChatGPT n’a pas le pouvoir de répondre aux questions en médecine, car la nature de ces questions ne repose pas sur la recherche mais davantage sur des études de cas et des questions à choix multiples. La jeune femme de 21 ans souligne qu’elle utilise cette technologie « pour collecter des informations ou pour transformer les présentations PowerPoint et les cours magistraux en idées simples, organisées et claires ». Pour elle, ce chatbot est un outil facilitant la prise de notes et l’enrichissement de ses connaissances personnelles. Ghyd met en évidence le fait qu’une personne peut s’attribuer le mérite d’un travail qu’elle n’a pas accompli, ce qui pose un problème éthique. Elle reconnaît qu’il existe de nombreuses informations contradictoires et un manque de sources, ce qui rend la recherche moins rigoureuse. Elle constate que l’utilisation de cette plateforme par un grand nombre d’individus pourrait éliminer l’individualisme et rendre les utilisateurs égaux en termes d’intelligence. Dans le domaine de la médecine, ChatGPT ne peut pas fournir une intervention médicale parfaite ou prescrire le médicament approprié. En réalité, c’est le rôle du médecin de fournir le meilleur traitement en examinant chaque cas et en prenant en compte plusieurs facteurs pour garantir de bons résultats au patient, ce que l’IA n’est pas capable de faire.

Maryam Maroun. Photo Margot Abdallah

Du côté des enseignants

Parmi les éducateurs, les opinions sont divisées concernant ChatGPT, estime Halim el-Khazen, enseignant à la faculté des sciences économiques de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ). Certains souhaitent l’interdire car ils la perçoivent comme un moyen pour les étudiants de tricher, tandis que d’autres la voient comme un outil d’expansion de l’apprentissage. L’enseignant affirme : « Je vois un grand potentiel dans ChatGPT. J’ai déjà commencé à l’utiliser pour soutenir mon université, mais pour le moment, son utilisation reste un sujet à débat et n’est pas encore intégrée en tant que support technique ou fonctionnel dans notre établissement. » Il précise que l’USJ étudie activement les risques et les enjeux liés à l’utilisation de cette plateforme.

Toufic Lattouf. Photo Thalia Lattouf

ChatGPT est un outil puissant et gratuit qui peut servir de tuteur de différentes manières, notamment en aidant à la rédaction, à la traduction linguistique, en tant que partenaire de discussion linguistique, en tant que tuteur numérique, en répondant aux questions, en aidant à la prise de parole et aux présentations, en proposant des narrations numériques, en résumant des articles, en clarifiant des sujets, en offrant un apprentissage personnalisé et en aidant à la recherche. Avec ChatGPT, les étudiants peuvent travailler directement avec un tuteur numérique pour développer leurs notes, expliquer des concepts complexes et réaliser leur plein potentiel, ajoute-t-il, indiquant toutefois qu’il serait extrêmement difficile de détecter les cas de plagiat liés à l’utilisation de la plateforme ChatGPT.

Carl Azzi. Photo Maria Azzi

« Donnez une chance à ChatGPT, je suis convaincu que vous serez fasciné par ce que vous découvrirez, encourage le responsable. Cependant, rappelez-vous que c’est une technologie émergente qui n’a pas encore été perfectionnée. Chaque itération sera meilleure. »


Maryam Maroun, une étudiante de 19 ans en 2e année de droit à l’Université Saint-Esprit de Kaslik, avoue avoir utilisé ChatGPT une seule fois, alors qu’elle était coincée par le temps de remise de ses dissertations. « Cette plateforme m’a permis de structurer de bons plans et de faire cheminer mes idées d’une manière logique et efficace », confie-t-elle. Sans nier les...

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