L'armée libère un Saoudien enlevé dimanche à Beyrouth

Un ressortissant saoudien enlevé dimanche à Beyrouth a été libéré mardi par l'armée libanaise, lors d'une opération menée à la frontière libano-syrienne, a indiqué la troupe dans un communiqué. 

"Les renseignements de l'armée ont réussi à libérer le Saoudien kidnappé, Machari al-Maïtari, après une opération menée à la frontière libano-syrienne. L'armée a arrêté une partie des ravisseurs", a indiqué la troupe dans un tweet. 

Une source sécuritaire a indiqué à L'Orient-Le Jour que le Saoudien se trouve toujours aux mains des services de renseignement de l'armée dans le Hermel, afin de donner sa déposition. Il sera transféré à Beyrouth dès que se termineront les opérations menées par la troupe dans plusieurs régions de la Békaa, notamment le Hermel et Baalbeck, à la recherche de suspects. Dans le cadre de ces perquisitions de grande ampleur, les militaires ont jusqu'à présent arrêté de dizaines de personnes, saisi de grandes quantités d'armes et de munitions ainsi que des matériaux utilisés dans la fabrication du captagon.

Dans un communiqué publié dans l'après-midi, l'armée a confirmé avoir perquisitionné les maisons de plusieurs personnes "impliquées dans le kidnapping", ainsi qu'un atelier de fabrication de l'amphétamine captagon appartenant aux suspects. Des échanges de tirs se sont produits entre les militaires et les suspects, sans faire de blessés. 

Kidnapping crapuleux
Le ministre sortant de l'Intérieur Bassam Maoulaoui avait révélé le rapt dans un tweet lundi, tandis que des informations de la presse saoudienne faisaient état d'un kidnapping crapuleux et d'une demande de rançon. Le journal saoudien Okaz avait ainsi twitté lundi soir un message selon lequel l'homme kidnappé travaille pour une compagnie aérienne saoudienne basée à Beyrouth et que "les ravisseurs ont exigé – via un appel émis depuis la banlieue-sud de Beyrouth – une rançon de 400.000 dollars" pour sa libération.

Une source des services de sécurité libanais avait confié de son côté à l'AFP que l'homme "a été enlevé à la sortie d'un restaurant et emmené à bord d'un véhicule tout terrain". Les ravisseurs ont utilisé son téléphone depuis divers secteurs de la capitale, pour brouiller les pistes, selon cette source. 

Empêcher toute menace
Peu après l'annonce de la libération du ressortissant saoudien, le Premier ministre sortant Nagib Mikati a félicité l'armée pour l'opération menée. Il a par ailleurs insisté sur "la nécessité de préserver la situation sécuritaire et d'empêcher toute menace à la sécurité des Libanais ou des étrangers au Liban". "Nous insistons sur le retour de tous les frères arabes au Liban et nous refusons que le territoire libanais soit utilisé pour menacer la sécurité des pays arabes", a-t-il ajouté. Devant la Ligue arabe, le 19 mai, il avait déjà appelé les ressortissants de Etats de la Ligue à venir au Liban.

Le chef du Parlement Nabih Berry a pour sa part salué les "efforts déployés par l'armée et l'ensemble des forces de sécurité libanaises pour libérer le ressortissant saoudien", selon un communiqué de son bureau de presse. Il a par ailleurs appelé les services de sécurité à poursuivre leurs efforts pour arrêter toutes les personnes impliquées dans ce kidnapping.

Pas d'impact sur les relations avec Riyad
Lors d'une conférence de presse conjointe avec l'ambassadeur d'Arabie saoudite au Liban, Walid Boukhari, le ministre sortant de l'Intérieur, Bassam Maoulaoui, a affirmé que "l'armée, en coordination avec d'autres organes sécuritaires, a effectué des perquisitions allant du nord de la Békaa à la frontière (avec la Syrie), ce qui a permis de libérer" le ressortissant saoudien. "Cet enlèvement n'a pas impacté les relations avec l'Arabie saoudite, qui sont solides et sacrées et ne peuvent être menacées ni déstabilisées", a-t-il dit. "Le pouvoir judiciaire libanais indépendant examinera la dangerosité du crime", a souligné le ministre, assurant "faire face à toute personne qui tente de troubler les relations avec les frères arabes".

De son côté, l'ambassadeur Boukhari a remercié "l'armée libanaise, les Forces de sécurité intérieure, ainsi que le ministre Maoulaoui, pour avoir travaillé depuis les premières heures (du kidnapping) jusqu'à la fin de l'opération avec professionnalisme et rapidité". Il a également estimé que "les efforts sécuritaires déployés montrent que les autorités libanaises veillent à assurer la sécurité des touristes".

Dans la matinée, le ministre Maoulaoui s'était rendu au ministère de la Défense, à Yarzé, pour y féliciter le commandant en chef de l'armée, Joseph Aoun, après l'opération de l'armée. 

Les enlèvements crapuleux ne sont pas rares au Liban, qui traverse une grave crise socio-économique et financière. En avril, un Irakien avait été enlevé à Jounieh, dans le Kesrouan, avant d'être libéré par l'armée deux jours plus tard. Le même mois, un Syrien avait été kidnappé à Aley, peu après son arrivée au Liban en provenance de Dubaï.

Les relations entre l'Arabie saoudite et le Liban ont connu ces dernières années des tensions, en raison de l'influence grandissante du Hezbollah sur la scène politique. En octobre 2021, le royaume saoudien ainsi que d'autres monarchies du Golfe avaient suspendu leurs relations diplomatiques avec Beyrouth, avant de les rétablir en avril 2022.

Depuis octobre 2021, les citoyens saoudiens doivent demander la permission des autorités du royaume avant de se rendre au Liban.