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Lifestyle - L'instant K à Cannes

Jour 9 : La Croisette chante (et pleure) Tina Turner

Premier festival de cinéma au monde, le Festival de Cannes fait tourner les têtes. Il les couronne comme il les fait tomber. Du 16 au 28 mai, tous les regards convergent vers la Riviera où stars, « wanna be » et has been se côtoient et festoient pour l’amour du 7e art. Depuis la Croisette, nous ouvrons grands les yeux et les oreilles. Qui brille sous les flashs, qui est la coqueluche, le talent du jour ? Qui délie les langues, qui rend les autres jaloux et qui est passé inaperçu ? « L’Orient-Le Jour » se glisse entre le tapis rouge et les murmures de café. Voici la pêche du jour.

Jour 9 : La Croisette chante (et pleure) Tina Turner

Tina Turner à Cannes en 2000. Photo Jacovides ANGELI tirée du site tinaturnerblog.com

Il est 21 heures heure française ce mercredi et une triste nouvelle se répand comme une traînée de poudre sur la Croisette. Tina Turner, icône absolue de la musique américaine et reine incontestée du rock’n’roll, est décédée à l’âge de 83 ans. Alors que le festival s’apprête à accueillir l’équipe du dernier film de l’Italien Nanni Moretti, Vers un avenir radieux, en projection du soir, les visages des badauds et des journalistes s’illuminent à la lumière de leurs téléphones recevant les notifications qui annoncent le décès de la reine Tina. « Je dois sortir d’ici pour couvrir, pour écrire là-dessus ! » crie une journaliste américaine, émue et en colère, essayant de convaincre un policier de la laisser entrer dans l’espace réservé aux accrédités presse malgré les restrictions liées à la montée des marches en cours. Nanni Moretti et son film attendront, une icône est partie ce soir…

Maquiller ses peines
Rembobinons. Quelques heures avant cette annonce, l’heure est à la détente à Cannes. « Je suis plus épuisé que Federer après un Roland-Garros ! D’ailleurs, tu y vas cette année ? » Dans un café du Vieux-Cannes, un agent sirote son macchiato en talons hauts. En ce neuvième jour, la fatigue se fait ressentir sur la Croisette, du gang des escabeaux, toujours fidèles au poste, aux professionnels du métier. « Mes pieds sont en sang ! Dire que je vais à Milan juste après ! » entend-t-on râler plus loin. Dans la ville, on parle déjà de l’après-Cannes sans jamais (ou presque) mentionner le palmarès à venir. À l’heure actuelle, on laisse Ruben Östlund le soin de faire son travail de président du jury… alors que les petites stars effectuent les changements de dernière minute à leurs tenues, trois jours avant cette si attendue cérémonie de clôture… À midi, dans la suite d’un grand hôtel réaménagée en QG pour une marque de cosmétiques internationalement connue, une maquilleuse nous invite discrètement à suivre ses préparatifs avant l’arrivée de sa première cliente à la renommée bien française. « J’ai dû tartiner du fond de teint sur au moins 150 personnes en 10 jours. Je rêvais de venir maquiller des stars à Cannes. Aujourd’hui, c’est chose faite ! » confie cette Niçoise qui a dû faire ses preuves pendant 4 ans avant de pouvoir perfectionner le regard de celles qui font tant rêver les festivaliers derrière les barrières en fer. Une heure plus tard, tout le monde est dehors. Une mannequin russe de seconde zone exige de se faire maquiller avant de sortir déjeuner. Si personne ne la reconnaît en pénétrant dans la gigantesque chambre qui sent la fraise tagada jusqu’au dernier étage, elle insiste pour appeler sa make-up artist habituelle. « Et vite s’il-vous-plaît, c’est urgent ! » Quoi de plus important qu’une paire de faux cils avant d’aller déguster sa salade grecque ?

Thé dansant tendance
Telles des boîtes de nuit géantes à ciel ouvert, plusieurs restaurants de la Croisette se transforment en lieu de rencontres pour fêtards de l’après-midi. Car les festivités ne s’arrêtent jamais, même pas à 15 heures après un Perrier digestif. Laissez la sieste aux voisins italiens, sur la Côte d’Azur, l’heure est au trop-plein d’Apérol Spritz et de musique house, du moins jusqu’à samedi! Dans la rue, une femme d’une trentaine d’années, assez bronzée pour rendre jaloux les touristes aoûtiens d’Ibiza, se promène avec le dernier numéro du magazine Elle sous le bras. En couverture, son idole, Virginie Efira, expose fièrement son ventre rond. Enceinte à 46 ans, l’actrice belge récemment césarisée est attendue pour présenter un de ses derniers films. « Je te le dis, elle ne sort que par derrière ! Si tu veux la voir, il faut aller devant les marches ! » tente de lui expliquer une festivalière qui, dit-elle, a « ses sources ».

Tina Forever
À 18 heures, la montée des marches de l’après-midi nous rappelle qu’on est bien en France. Après avoir vibré à l’heure hollywoodienne la première semaine avec une parade d’acteurs et de réalisateurs américains redonnant une forme de légitimité internationale au festival, c’est au tour de Juliette Binoche et de Benoît Magimel de fouler le célèbre tapis rouge pour La passion de Dodin Bouffant. Un couple de cinéma resplendissant prouvant que l’industrie tricolore fait toujours la part belle aux acteurs de plus de 50 ans.

Juliette Binoche et Benoît Magimel venus pour la projection de "La Passion de Dodin Bouffant". Photo Christophe SIMON /AFP

Plus tôt, c’est Virginie Efira, venue présenter L'amour et les forêts qui séduit les photographes dans une longue robe noire pailletée mettant en avant son baby bump. Deuxième César déjà en vue ? À lire les critiques très positives de ces films en sélection, on est amené à le croire… Quelques heures plus tard, à peine le communiqué annonçant la mort de la légende du rock’n’roll publié que résonne The Best, le tube de Tina Turner, partout sur la Croisette. Sur les marches menant à la salle Lumière, les invités se déhanchent sur la voix de celle qui, dans l’inconscient collectif, restera l’éternelle Auntie Entity dans Mad Max. « Elle représente quelque chose de fort. Une femme qui a vécu tant de drames et qui, à 50 ans, a connu une véritable renaissance », nous explique une chroniqueuse britannique les larmes aux yeux. « J’ai grandi avec elle, avec sa musique mais aussi ses déboires, ses problèmes. C’était un phœnix », renchérit une autre journaliste présente sur le tapis rouge au moment ou les hommages de célébrités et anonymes commençaient à se faire nombreux.  

L'actrice Virginie Efira exhibe son ventre rond avant la projection de "L'Amour et les Forêts". Photo Valery HACHE / AFP

Rare au festival, Tina Turner était pourtant familière de la Côte d’Azur. Ses habitants connaissent tous sa maison de Villefranche-sur-Mer, surplombant les baies de Nice et de Saint-Jean-Cap Ferrat. Si son charisme de rockeuse légendaire et sa voix de lionne font souvent oublier qu’elle a aussi été actrice -elle était venue présenter hors-compétition, en 1975, le loufoque Tommy de Ken Russell-, son dernier projet, un documentaire sur sa vie réalisé par Dan Lindsay et T.J. Martin, a été projeté pendant la Quinzaine en 2021... « Je n’ai pas eu une vie facile » disait l’icône lors de ses interviews. Tina Turner nous a quittés, laissant une empreinte indélébile dans l’histoire de la musique et du cinéma. À Cannes, où se retrouvent amoureux de la pop culture et anonymes passionnés souhaitant oublier la réalité souvent amère de leur quotidien, on connaît l’importance de certaines personnalités qui, sans le savoir, ont créé au travers de leur art et leur univers, des échappatoires pour ceux qui en ont désespérément besoin. Tina Turner, enfin apaisée, en faisait partie.

Il est 21 heures heure française ce mercredi et une triste nouvelle se répand comme une traînée de poudre sur la Croisette. Tina Turner, icône absolue de la musique américaine et reine incontestée du rock’n’roll, est décédée à l’âge de 83 ans. Alors que le festival s’apprête à accueillir l’équipe du dernier film de l’Italien Nanni Moretti, Vers un avenir radieux, en...

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