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Politique - Sommet de Djeddah

Appel à l’élection d’un président « qui réponde aux aspirations des Libanais »

Le Premier ministre sortant Nagib Mikati demande l’aide des États membres de la Ligue arabe en vue d’un retour des réfugiés syriens.

Appel à l’élection d’un président « qui réponde aux aspirations des Libanais »

Le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane et le Premier ministre libanais sortant Nagib Mikati, hier à Djeddah, à l’occasion du sommet de la Ligue arabe. Photo AFP

« Nous ne permettrons pas que la région se transforme en arène pour les conflits. » À l’inauguration de la 32e édition du sommet de la Ligue arabe à Djeddah en Arabie saoudite, le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane donne le « la » : cette réunion est la parfaite occasion pour lui de faire une démonstration grandeur nature de sa vision du nouveau Moyen-Orient et tourner la page des « souffrances » des Arabes. Dans cette optique, le dauphin saoudien a évoqué la nécessité de trouver une solution aux conflits en Syrie, au Yémen, au Soudan et en Palestine. S’il n’a pas évoqué le Liban dans son discours – ce qui semble indiquer que le pays du Cèdre ne figure pas actuellement parmi les priorités de Riyad –, le communiqué final publié par les ministres des Affaires étrangères des 22 pays participant au sommet a appelé à l’élection d’un président « qui réponde aux aspirations des Libanais » et la formation d’un gouvernement au plus vite.

La déclaration de Djeddah

Du côté du Premier ministre sortant Nagib Mikati, qui a représenté le Liban sans président depuis sept mois, on se dit cependant satisfait. « Le communiqué montre que le Liban est une priorité pour les pays arabes », affirme Ali Darwiche, ancien député de Tripoli proche de M. Mikati. Pour lui, le Premier ministre sortant a réussi à attirer l’attention des Arabes sur le dossier libanais. Le chef du gouvernement sortant s’est entretenu, en marge du sommet, avec son homologue irakien Mohammad Chia al-Soudani ainsi qu’avec le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi. Pendant son allocution, il a déploré la déliquescence de l’État du fait de la crise économique qui frappe le pays depuis bientôt trois ans. « Cette situation s’est complexifiée davantage avec la vacance présidentielle. » Et de rappeler : « Le Liban n’a jamais hésité à ouvrir ses portes à nos frères syriens. Cependant, la longue durée de la crise, l’incapacité à y faire face et la très forte augmentation du nombre de déplacés rendent la situation insupportable pour le pays, que ce soit en matière d’infrastructures, d’impact social ou de répercussions politiques. »

L'édito de Issa GORAIEB

L’infrarouge et le noir

Nagib Mikati a prononcé son discours en présence du président syrien Bachar el-Assad, qui a fait son grand retour au sein de la Ligue arabe après douze ans d’exclusion en raison du conflit sanglant qui a déplacé plus de la moitié de la population syrienne. Au Liban, la question est revenue sur le devant de la scène, et les appels à faire pression sur Damas pour un retour des réfugiés se multiplient depuis l’ouverture arabe à l’égard de Bachar el-Assad. Des organisations indépendantes ont recensé des cas de disparition, de torture et de recrutement forcé dans l’armée par le régime parmi des réfugiés rentrés en Syrie ces derniers mois. Dès lors, la « déclaration de Djeddah » inclut parmi ses 12 points une clause appelant « à assurer les conditions propices au retour des réfugiés syriens ». De son côté, le ministre libanais sortant des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib a déclaré que la Syrie était prête à accueillir les réfugiés désireux de rentrer chez eux. « D’après le chef de la diplomatie syrienne Fayçal Moqdad et, avant lui, le président Bachar el-Assad, la position officielle syrienne est la suivante : les réfugiés sont les bienvenus », a-t-il déclaré dans une interview depuis Djeddah.

Victoire ?

Dans son discours, Nagib Mikati a aussi appelé l’Arabie saoudite à « soutenir ses frères au Liban » et à « aider à relever le pays », souhaitant que ce sommet soit celui du « pansement des blessures » arabes. Il a aussi incité les touristes étrangers et arabes à venir passer leurs vacances d’été au Liban, alors que, depuis plusieurs années, les ressortissants du Golfe évitent le pays depuis que les relations diplomatiques se sont détériorées, notamment en raison de l’implication du Hezbollah dans la guerre en Syrie, mais surtout au Yémen. Aujourd’hui, si le Liban peut espérer un retour des Arabes pour sortir de sa crise, cela ne sera pas possible si un président ne bénéficiant pas de la bénédiction de Riyad est élu.

Le commentaire d'Anthony SAMRANI

MBS remet les Arabes sur la carte

Officiellement, l’Arabie saoudite, via des propos de son ambassadeur au Liban Walid Boukhari, affirme n’avoir de veto sur aucun candidat à la présidence, y compris le favori du Hezbollah Sleiman Frangié. Néanmoins, M. Boukhari insiste sur l’importance de l’élection d’une figure qui soit le fruit d’une entente entre les Libanais. Une position reprise par le communiqué final du sommet de Djeddah. « Nous exhortons toutes les parties à dialoguer pour élire un président de la République qui réponde aux aspirations des Libanais, et nous appelons à assurer le bon fonctionnement des institutions constitutionnelles et à adopter les réformes nécessaires pour sortir le Liban de sa crise », peut-on lire dans le texte. Par la bouche de Nagib Mikati, le Liban a parallèlement déclaré qu’il était engagé dans la lutte contre le trafic de drogue vers les pays voisins, affirmant avoir obtenu des garanties de toutes les formations libanaises sur leur attachement à la sécurité des États arabes. Les pays du Golfe accusent le Hezbollah de faire du Liban une plaque tournante pour le trafic de drogue, mais ce dernier s’en défend. Cette question figurait d’ailleurs en tête des conditions saoudiennes pour une normalisation tant avec l’Iran qu’avec la Syrie. Et, tendance à l’apaisement oblige, le communiqué final n’a pas mentionné le Hezbollah, alors que, dans le passé, les États arabes qualifiaient le parti chiite de « terroriste ». Cette fois-ci, la Ligue s’est contentée de dénoncer les ingérences étrangères dans les affaires arabes et la présence de milices armées. « La région se dirige dans une nouvelle direction, et c’est une victoire pour l’axe de la “résistance”, d’autant que le président syrien a récupéré sa place légitime au sein de la Ligue arabe », affirme Fayçal Abdessater, un analyste proche du parti chiite. Pour leur part, les Forces libanaises, principal parti de l’opposition anti-Hezbollah, se veulent plus nuancées. « Les pays arabes n’ont pas changé leur position vis-à-vis du Hezbollah, qui constitue l’arme de l’Iran au Liban. Au contraire, ils réitèrent leur attachement à la souveraineté des pays de la Ligue. En tout cas, s’ils venaient à changer de position, nous resterons attachés à la nôtre », affirme Charles Jabbour, parole-parole des Forces libanaises, connues pour leurs relations privilégiées avec Riyad. Et d’ironiser : « D’ailleurs, en accueillant le président ukrainien Volodymyr Zelensky pendant le sommet, Mohammad ben Salmane a mis Bachar el-Assad dans le pétrin : que dira-t-il aux Iraniens et aux Russes qui l’ont maintenu au pouvoir ? Qu’il s’est assis pour écouter le discours de leur ennemi ? »

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commentaires (2)

"Le dauphin saoudien a évoqué la nécessité de trouver une solution aux conflits en Syrie, au Yémen, au Soudan et en Palestine. S’il n’a pas évoqué le Liban dans son discours – ce qui semble indiquer que le pays du Cèdre ne figure pas actuellement parmi les priorités de Riyad"... ou plutôt qur le pays du cèdre est le bakhshish offert à l'iran pour l'amadouer et permettre à l' AS de fignoler ses plans pour la région ... kél chi moumkén surtout que nos égoïstes de polichinelles ne s'inquiètent point pour le pays et son peuple.

Wlek Sanferlou

17 h 14, le 20 mai 2023

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Commentaires (2)

  • "Le dauphin saoudien a évoqué la nécessité de trouver une solution aux conflits en Syrie, au Yémen, au Soudan et en Palestine. S’il n’a pas évoqué le Liban dans son discours – ce qui semble indiquer que le pays du Cèdre ne figure pas actuellement parmi les priorités de Riyad"... ou plutôt qur le pays du cèdre est le bakhshish offert à l'iran pour l'amadouer et permettre à l' AS de fignoler ses plans pour la région ... kél chi moumkén surtout que nos égoïstes de polichinelles ne s'inquiètent point pour le pays et son peuple.

    Wlek Sanferlou

    17 h 14, le 20 mai 2023

  • L'Access Center for Human Rights (ACHR), une ONG de défense des droits de l'homme , une ONG jusque là inconnue qui sort du bois pour dénoncer le fait que les autorités libanaises ont arrêté "arbitrairement" au moins 808 réfugiés ... On pourrait répondre que L'accès Center for Lebanese Rights '' ACLR'' dénonce le fait que trop c'est trop et que plutôt que d'aller parader au sommet de la Ligue arabe à Djeddah et tâcher de figurer en bonne place sur les photos notre mikati national devrait s' atteler à la tâche afin de faire pour son pays ce qu'il attend des autres,..

    C…

    08 h 25, le 20 mai 2023

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