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Moyen-Orient - Elections en Turquie

Ce qu’il faut savoir sur les élections turques de ce dimanche

Alors que la mobilisation des électeurs semblait forte, dimanche à la mi-journée, à travers la Turquie, L’Orient-Le Jour revient sur les enjeux du scrutin présidentiel et parlementaire.

Ce qu’il faut savoir sur les élections turques de ce dimanche

Dimanche 14 mai 2023, des électeurs patientent devant un bureau de vote improvisé, à Antakya, l'ancienne Antioche (sud), dévastée par le séisme du 6 février dernier. Les Turcs sont appelés aux urnes dans le cadre d’une présidentielle et de législatives. Can EROK / AFP

Un siècle après la fondation de sa République, une Turquie profondément divisée a commencé ce dimanche matin à se rendre aux urnes pour choisir son nouveau président et renouveler son parlement. Les bureaux de vote ont ouvert comme prévu à 08H00 (05H00 GMT) à Istanbul et Ankara, ont constaté les journalistes de l'AFP. À travers le pays, de longues files d'attente s'étiraient devant nombre de bureaux de vote. La mobilisation semble forte pour ce scrutin.

Polarisé entre les deux principaux candidats, le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, 69 ans, au pouvoir depuis vingt ans, et son adversaire Kemal Kiliçdaroglu, 74 ans, à la tête d'un parti social-démocrate et laïque CHP, le pays doit accorder à l'un des deux au moins 50% des voix plus une pour assurer sa victoire au premier tour. 64 millions d'électeurs, qui éliront aussi leur Parlement, sont inscrits à travers ce pays de 85 millions d'habitants, traditionnellement assidu aux urnes avec des taux de participation supérieurs à 80%.

Pour la première fois depuis 2014, Recep Tayyip Erdogan pourrait devoir laisser la place. À la crise économique, première préoccupation des électeurs turcs, et institutionnelle s’est ajoutée la gestion critiquée du tremblement de terre qui a ravagé le sud de la Turquie le 6 février. « Le tremblement de terre devient un sujet majeur de contestation publique », affirmait ainsi à L'Orient-Le Jour Batu Coskun, spécialiste en politique des risques et chercheur au Sadeq Institute. Dernier revirement de situation, le retrait de Muharrem Ince dont les électeurs devraient majoritairement se replier vers Kemal Kiliçdaroglu. Les derniers sondages effectués à la suite de cette annonce créditent le candidat de l’opposition de 51% des voix. Dans l’espoir de briguer un troisième mandat, le président actuel redouble de promesses.

À l’international, cette élection pourrait ne pas apporter les changements tant attendus dans les chancelleries occidentales. Car si Kemal Kiliçdaroglu a récemment dénoncé les ingérences russes, menaçant Moscou de mettre un terme à l’amitié russo-turque, une rupture au sein de la politique étrangère turque paraît peu envisageable. Car l’Alliance de la nation devrait maintenir un équilibre entre la Russie et l’Occident, deux acteurs essentiels pour la Turquie, membre de l’OTAN et dépendant énergétiquement de la Russie. Le tropisme pro-occidental de Kemal Kiliçdaroglu pourrait cependant accélérer le processus d'adhésion de Stockholm à l’OTAN, bloqué par le gouvernement d’Erdogan qui voudrait se voir livrer les dissidents politiques ayant trouvé refuge en Suède.

Sur le plan national, une réélection de Recep Tayyip Erdogan acterait la continuité du virage autoritaire adopté par le président après le coup d’État de 2016. La nouvelle coalition du reis, conclue avec des partenaires se réclamant d’un islamisme ultraconservateur et d’une idéologie nationaliste, représente une menace pour les droits des femmes et les minorités, ancrant toujours plus à droite son projet politique. De l’autre côté, Kemal Kiliçdaroglu, parfaitement à l'opposé de l'ultraprésident, s’est engagé à en finir avec « le régime d’un seul homme » pour revenir à un système parlementaire majoritaire, loin de la conception du pouvoir du président actuel. En cas de victoire il devra ainsi composer avec une coalition largement hétéroclite qui mêle nationalistes et sociaux-démocrates. Une alliance qui avait déjà failli imploser à quelques mois de l’élection, le Iyi Parti refusant de désigner Kemal Kiliçdaroglu. Parmi les promesses de l’Alliance de la nation, la lutte contre la corruption, la libération de milliers de prisonniers politiques, en grande majorité kurdes, ou encore la recherche d’une solution politique à la question kurde. Une position qui aura peut-être permis à l’alliance d’obtenir le soutien officiel du Parti démocratique des peuples (HDP), principale formation politique prokurde du pays.

Si l’actuel président a peu de chance de pouvoir compter sur le vote de cette communauté, il peut en revanche espérer récolter certaines voix de syriens naturalisés, convaincus qu’il représente pour eux un moindre mal face à ses concurrents. Comme d'autres, ils font partie des nombreuses variables encore inconnues qui pourraient bien bouleverser le cours du scrutin. Parmi elles, les six millions de primo-votants, 10 % du corps électoral, qui devraient être plus favorables à la coalition d’opposition. Mais également les déplacés du tremblement de terre, dont on ne sait pas combien pourront avoir accès au scrutin.

En attendant le résultat du vote, la question de la sécurité du scrutin est sur toutes les lèvres. Près de 600 000 militaires et forces de l’ordre devraient être déployés. Dans l’espoir de contrer toute tentative de pression ou de manipulation, plusieurs centaines de milliers d’assesseurs ont également été formés par l’opposition et des associations non gouvernementales. Reste à savoir si cela suffira à garantir la transparence de cette élection. De plus, nombreux sont ceux qui craignent que le président turque ne rejette le scrutin en cas de défaite et plonge le pays dans le chaos. Dans une récente déclaration, le président turc promettait ainsi de « protéger si nécessaire l’indépendance et l’avenir [du pays], comme cela a été fait dans la nuit du 15 juillet ». Faisant ainsi la comparaison avec le coup d’Etat manqué de 2016.

Un siècle après la fondation de sa République, une Turquie profondément divisée a commencé ce dimanche matin à se rendre aux urnes pour choisir son nouveau président et renouveler son parlement. Les bureaux de vote ont ouvert comme prévu à 08H00 (05H00 GMT) à Istanbul et Ankara, ont constaté les journalistes de l'AFP. À travers le pays, de longues files d'attente s'étiraient devant...

commentaires (3)

La Turquie a plus d’un conflit externe à traiter. Sans parler des conflits internes ( les kurdes). Pour l’externe: Chypre. La Grèce, l’Arménie et les arméniens en général, sa position neutre ( tout à fait respectable) quant au conflit Ukraine/ Russie CEPENDANT, sa présence au sein de l’OTAN qui sonne faux par rapport à ses diverses positions politiques. A se demander si la Turquie est encore à sa place au sein de l’OTAN? La position du pouvoir ( ERDOGAN) concernant son appui indéfectible voire organique avec les frères musulmans et ses relations avec les pays arabes anti-frérots musulmans… La Turquie a de nombreux dossiers à mettre à jour, à plat voire à pacifier pour pouvoir vivre sereinement avec son environnement. Dommage parce que grâce à ATATURK, la Turquie avait pris un virage et visage moderne, laic ( ce qui est encore le cas de presque toutes les grandes villes turques). Atatturk yant opté pour l’alphabet LATIN pour en finir de l’arabe, se rapprocher de l’occident et mettre une séparation entre l’alphabet religieux ( coran en l’occurrence) et l’alphabet laïc national du pays. Pas facile de faire changer d’alphabet à tout un pays. Ataturk l’avait fait.

LE FRANCOPHONE

15 h 11, le 14 mai 2023

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Commentaires (3)

  • La Turquie a plus d’un conflit externe à traiter. Sans parler des conflits internes ( les kurdes). Pour l’externe: Chypre. La Grèce, l’Arménie et les arméniens en général, sa position neutre ( tout à fait respectable) quant au conflit Ukraine/ Russie CEPENDANT, sa présence au sein de l’OTAN qui sonne faux par rapport à ses diverses positions politiques. A se demander si la Turquie est encore à sa place au sein de l’OTAN? La position du pouvoir ( ERDOGAN) concernant son appui indéfectible voire organique avec les frères musulmans et ses relations avec les pays arabes anti-frérots musulmans… La Turquie a de nombreux dossiers à mettre à jour, à plat voire à pacifier pour pouvoir vivre sereinement avec son environnement. Dommage parce que grâce à ATATURK, la Turquie avait pris un virage et visage moderne, laic ( ce qui est encore le cas de presque toutes les grandes villes turques). Atatturk yant opté pour l’alphabet LATIN pour en finir de l’arabe, se rapprocher de l’occident et mettre une séparation entre l’alphabet religieux ( coran en l’occurrence) et l’alphabet laïc national du pays. Pas facile de faire changer d’alphabet à tout un pays. Ataturk l’avait fait.

    LE FRANCOPHONE

    15 h 11, le 14 mai 2023

  • "… Ce qu’il faut savoir sur les élections turques de dimanche …" - Il n’y a pas de faute d’orthographe à "élections truquées"?

    Gros Gnon

    16 h 36, le 13 mai 2023

  • La Turquie reste un pays EXPLOSIF à plus d'un égard ...Les américains complotent comme d'hab !

    Chucri Abboud

    14 h 35, le 13 mai 2023

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