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Nos Lecteurs ont la Parole

Ces quelques fois...

Depuis un certain temps, je voudrais m’exprimer sur un thème qui me tracasse et qui ennuie sûrement une grande majorité de mes compatriotes.

Chaque fois j’esquivais ce moment, pour ne pas paraître rude et acerbe envers mes compatriotes, mes amis, et surtout mes enfants, mais ne pas écrire et ne pas m’exprimer est équivalent à être partisan ou bien soumis à ce système.

Le peuple libanais a créé l’alphabet, c’est l’histoire qui le confirme.

Nos universités et nos écoles ont illuminé non pas seulement le monde arabe, mais aussi tout le Moyen-Orient.

Partout au monde, nos érudits ont brillé par leurs connaissances, leurs inventions, leur sens des affaires, et sont devenus l’honneur de toute l’humanité.

Apparemment tout cela n’est pas suffisant pour bâtir une nation…

C’est l’histoire du changement de l’heure d’été qui était la goutte qui a fait déborder la vase, lorsque le monde entier nous a regardé et s’est moqué – pour ne pas dire ricané à haute voix – devant la situation ironique créée.

D’où est-ce que commencer ma plaidoirie ?

Lorsqu’un groupe de politiciens décide de bloquer le gouvernement en oubliant la situation déplorable et minable de leur peuple.

Lorsque la banque centrale, avec une prestidigitation maléfique fait disparaître les épargnes de tous les citoyens.

Lorsque la question de l’électricité et des nécessités primordiales de l’habitant n’est toujours pas résolue, à cause des disputes sempiternelles.

Lorsque la monnaie nationale se déprécie d’une façon ahurissante et abasourdissante en faisant de la vie de l’individu un enfer, sans aucune intervention constructive de la part du gouvernement.

Lorsque la Cour de cassation qui est la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire est sous pression des interventions externes.

Lorsque les intersections de la ville sont remplies par des mendiants de tout âge et de toute forme organisée par des malfaiteurs, ce qui ne représente pas du tout l’image et la culture du Liban.

Lorsque le plus beau littoral du Moyen-Orient est réduit à un dépotoir de déchets accumulés en montagnes.

Lorsque, pour des raisons de sécurité, la circulation en convoi armé d’un homme politique met la vie des autres automobilistes en danger.

Lorsque pour des raisons idiotes, on décime des forêts millénaires pour bâtir des immeubles en béton, en plus on dégarnit des montagnes vertes, avant de les rendre plates pour en faire des usines lucratives de ciment ou de cailloux.

Lorsque certains individus importent des matières toxiques radioactives et les enterrent furtivement dans nos montagnes pour des fins rentables.

Lorsque en voiture, pour le droit de passage ou bien une place de parking, on n’hésite pas à avoir recours aux armes à feu, ou parfois même aux couteaux.

Lorsque après trente-cinq ans passés depuis la guerre civile, la question des disparus et même ceux détenus dans les geôles syriennes est toujours sans réponse.

Lorsque pour des longs mois consécutifs, les déchets et les ordures étouffent la population et bloquent les rues.

Lorsque pour renouveler un passeport, le citoyen doit attendre parfois plusieurs mois à cause du manque de papiers.

Lorsque la désignation des postes importants de travail est basée sur l’appartenance communautaire et non pas sur le mérite et la valeur de la personne en question.

Lorsque certains hérauts de l’expression libre sont abattus, sans toujours avoir eu un seul jugement et exécution pénale équitable contre le criminel.

Lorsque dans les pays émigrés, le Libanais se comporte comme un citoyen modèle, mais une fois revenu au pays, depuis l’arrivée même à l’aéroport, il reprend son attitude instinctive guidée par la loi de la jungle, où la raison du plus fort est toujours la meilleure.

Lorsqu’on châtie la classe politique gouvernante, mais ironiquement durant les élections on se métamorphose en leur redonnant nos voix électorales.

Et après toute cette myriade de dégénérescences et d’humiliations il suffirait d’une seule chanson de la grande Feyrouz comme Bhebbak ya Lebnan, à nous faire tout oublier et oublier tous ces crimes du système contre nous et nos enfants, et les générations à venir.

Ce sont ces quelques fois que j’ai honte devant le monde entier de m’identifier à ces Libanais.

Abou Dhabi

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Depuis un certain temps, je voudrais m’exprimer sur un thème qui me tracasse et qui ennuie sûrement une grande majorité de mes compatriotes. Chaque fois j’esquivais ce moment, pour ne pas paraître rude et acerbe envers mes compatriotes, mes amis, et surtout mes enfants, mais ne pas écrire et ne pas m’exprimer est équivalent à être partisan ou bien soumis à ce système.Le peuple...

commentaires (1)

Je vous félicite pour votre article

Eleni Caridopoulou

23 h 56, le 04 mai 2023

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Commentaires (1)

  • Je vous félicite pour votre article

    Eleni Caridopoulou

    23 h 56, le 04 mai 2023

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