C’est l’histoire de deux amies d’enfance, Tatiana Fayad et Joanne Hayek. Leurs après-midi de vacances passées à tresser des bracelets et enfiler des perles ne devaient pas s’arrêter à la fin de l’école. À l’âge adulte, elles créent ensemble une petite entreprise qui transforme les après-midi du passé en projet de vie. Elles l’appellent Vanina, comme le titre d’une chanson de Dave qui annonce le kitsch délirant auquel il faudra s’attendre. Elles seront ainsi les premières à confectionner des bijoux extravagants avec du matériel recyclé. Pliages de plastique issu de sacs de magasins, allumettes et autres objets dérisoires trouvent entre leurs mains mieux qu’une seconde vie, une transfiguration.
Le festif prend le pas sur le cérémonial
Aujourd’hui, Vanina se lance dans le prêt-à-porter mariage. Une première collection vient de voir le jour. Les deux créatrices, passionnées de vintage, conscientes des attentes d’une nouvelle génération de clientes qui ont envie de se réapproprier le genre et chahuter les conventions sans les dénigrer, présentent une offre qui leur ressemble. Rien ici n’est comme il faut, et pourtant tous les codes sont présents : le blanc, le voile, les accessoires, les perles... La différence est dans l’attitude. Quelque chose de détendu, une joyeuse simplicité, rien d’encombrant ou de hiératique. Le festif prend le pas sur le cérémonial. À travers ces robes élégantes et souples, plus ou moins courtes, précises par leurs coupes, précieuses par les savoir-faire qui leur sont appliqués, prêtes à une nouvelle vie après le mariage mais toujours romantiques, la règle est d’offrir à la mariée la désinvolture qui lui manque au fameux grand jour. Contrairement aux robes de mariée traditionnelles, embarrassées de tulle, de jupons et de baleines, contraignantes comme si elles avaient été conçues pour empêcher la mariée de changer d’avis ou prendre la fuite, les robes Vanina sont taillées à la mesure d’un moment de joie. Les accessoires surdimensionnés et la technique de broderie de perles propre à Vanina ajoutent aux ensembles cette touche espiègle qui caractérise la marque.
Des éléments qui font la différence
Ainsi du modèle Impératrice, une robe blanche droite, de longueur midi, sur laquelle court une résille de perles acryliques nacrées. Ou de la Marguerite, également droite et midi, toute frémissante de marguerites en mikado au cœur de perle, à elle seule un printemps. Le bustier Charlotte, également en mikado, avec son grand nœud sur le devant, fait tout de suite la différence sur une jupe ou un pantalon, surtout porté avec un voile en organza orné de fils perlés irréguliers dispersés en pluie fine. Le haut Promesse, avec ses grands boutons en cristaux Swarovski, se porte lui aussi avec ce qu’on voudra, avec un effet spectaculaire. Une cape victorienne en mikado blanc, précisément baptisée Victoria, est proposée comme une alternative au voile. Il suffit d’y ajouter un énorme collier de marguerites et le tour est joué. Parmi ces éléments ludiques qui transformeraient même un jeans en tenue de mariée, le bomber Cadette en taffetas blanc, si léger malgré son volume, est un tour de magie. Toute une ligne de bustiers et de jupes en broderies et macramés de perles prolonge le thème et remplace la robe statutaire par un puissant manifeste.
Réseau d’artisanes et impact social
Il est intéressant de souligner qu’au fil des années, de marque de mode, Vanina s’est transformée en entreprise sociale. « Nous essayons d’avoir un impact social sur les personnes qui travaillent avec nous », affirme Tatiana Fayad. « Nous recrutons nos artisans et artisanes à travers des ONG, dont principalement la Voix de la femme et arcenciel. Nous travaillons actuellement avec 80 à 90 femmes. Certaines ont déjà un savoir-faire. Elles ont appris les métiers de couturière ou de brodeuse par transmission, de leurs mère et grand-mère. D’autres n’avaient aucune expérience. Elles ont été formées chez nous, à l’atelier. Les plus anciennes sont devenues chefs d’atelier. C’est elles qui désormais forment les équipes et nous aident dans les recrutements, se chargeant de former les nouvelles venues aux techniques spécifiques à Vanina. Voilà comment nous procédons. 80 % de nos produits sont faits main. Nos sacs sont entièrement artisanaux, tout comme les bijoux et les chaussures. Nous travaillons avec des ateliers affiliés ; nous nous efforçons de leur assurer un revenu mensuel avec des commandes régulières, ce qui nous permet de contribuer à préserver des savoir-faire patrimoniaux. Chaque pièce a ainsi un impact social sur les communautés qui travaillent avec nous », explique la créatrice. Pour accélérer son développement, Vanina présente ses collections quatre fois par an dans un show-room à Paris. Les commandes sont ensuite centralisées et traitées à l’atelier de Gemmayzé. Un stage spécifique est organisé de manière à ce que chaque petite main ait une idée précise de sa mission. Les artisanes peuvent ensuite travailler de chez elles, ce qui leur assure un revenu régulier tout en leur permettant de rester aux côtés de leurs enfants. Les pièces finies sont ensuite contrôlées une dernière fois à Gemmayzé avant expédition.
Comme une évidence
Cette collection prêt-à-porter mariage vient compléter l’offre de Vanina comme une étape nécessaire. « L’idée nous est venue très naturellement. Ayant toujours été à l’écoute de nos clientes, nous nous sommes aperçues que la demande devenait de plus en plus importante et qu’on se retrouvait souvent en train de transformer nos pièces en tenues de mariage pour nos amies proches. De fil en aiguille, entre la demande et les beaux retours, c’était devenu une évidence », explique Tatiana Fayad, qui constate ainsi que l’univers de Vanina, par son romantisme ludique et rêveur, a toujours été ancré dans celui du mariage. « Nous avons réédité des classiques en blanc, imaginé des pièces entièrement faites à la main représentant le travail unique de la marque. Elles mélangent légèreté et richesse, rigueur et irrégularité, sensualité et pudeur, tout en témoignant de la passion et de la patience des mains douées qui se sont appliquées à les créer », détaille la créatrice. La suite ? « Aujourd’hui, Vanina possède sa boutique principale et son unique atelier à Beyrouth, où toutes les pièces sont imaginées et conçues. Nos produits sont revendus dans plus de 30 boutiques à travers le monde et nous avons récemment commencé à exporter à l’international prêt-à-porter et souliers. Nous espérons exporter très prochainement notre nouvelle ligne mariage à l’international et espérons accompagner les futures mariées de tous les pays pour le plus beau jour de leur vie », confie Tatiana Fayad.
Super bravo dommage que leur site web ne soit pas publié dans l‘article https://vanina.me/pages/story
16 h 48, le 19 avril 2023