Une série de quatre débats-conférences sur des thématiques environnementales, intitulée Agora, est organisée par le comité Green USEK durant le deuxième semestre universitaire à l’Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK). À chaque rencontre, une trentaine d’étudiants issus de différentes filières se réunissent dans un espace aménagé d’une manière écologique, dans le hall du bâtiment H, avec des poufs surcyclés et des lanternes fabriquées à partir de jantes de pneus abandonnés. Dans cet environnement sécurisé, convivial, décoré avec des objets usagés auxquels Green USEK a redonné vie, Agora offre aux étudiants l’occasion de découvrir des moyens simples et efficaces pour aider à construire un avenir durable et vert. Au cours de chaque rencontre, deux équipes débattent d’un sujet écologique en présentant leurs arguments en faveur ou contre une motion donnée, avant qu’un conférencier, expert de la question débattue, intervienne et présente sa conclusion. « La particularité de cet événement réside dans le fait qu’il aborde des sujets que les Libanais ne mentionnent pas souvent, voire qu’ils ignorent, en particulier les plus jeunes », indique Nicole Tabet, 19 ans, étudiante en technologies de l’information qui a participé au débat organisé le 2 mars sur l’interdiction du plastique à usage unique. En face d’elle, sa camarade Joyline el-Kodsy, étudiante en relations internationales de 19 ans, confie : « C’est une expérience inoubliable. Faire partie du changement nous donne un sentiment de responsabilité mais aussi de foi en un avenir meilleur. Agora a éveillé en moi un amour pour la nature que je n’avais jamais ressenti auparavant. J’ai commencé à regarder la mer, les arbres et la terre d’un œil différent, reconnaissant leur présence et leur impact sain sur notre environnement. » Ce jour-là, c’est l’ingénieur John Rbeiz, consultant pour la durabilité environnementale, qui a conclu le débat. « Je suis un grand partisan des initiatives étudiantes significatives, surtout lorsqu’elles sont organisées et réalisées avec autant de passion. Je ne manquerai jamais une occasion de faire entendre ma voix et d’avoir des discussions, car, pour moi, c’est toujours une voie à double sens d’apprentissage. Débattre de l’interdiction du plastique à usage unique est crucial, car nous nous approchons, ou certains diraient que nous y sommes déjà, d’un point de non-retour pour lequel une action radicale est nécessaire. Débattre de la voie à suivre est essentiel pour aligner toutes les parties sur ce qui doit être fait », affirme-t-il.Les étudiants qui ont participé à ce débat sont tous inscrits au cours d’anglais de communication donné par la docteure Nicole Richa. Cette professeure de langue anglaise à l’USEK a aidé ses étudiants à se préparer pour la rencontre. Pendant deux semaines, ils ont appris à conduire des recherches sur le sujet abordé, à construire leurs arguments, et à les défendre d’une manière éloquente devant le public qui peut intervenir à tout moment du débat. « Depuis qu’Agora a commencé, j’ai changé, tout comme mes étudiants. Nous avons commencé à prendre conscience de l’environnement et nous avons compris que les choses peuvent se produire de bouche à oreille.
Sans Agora, les étudiants n’auraient pas eu la chance de pratiquer les théories de la prise de parole en public, et de surmonter leur peur de présenter leurs idées devant une audience », précise-t-elle.Quant à la coordinatrice de Green USEK, Dalida Sneifer, qui a initié cette série de rencontres/débats Agora, elle confie croire dans le pouvoir des étudiants de changer. Convaincue que ce type de débat éveille leur esprit critique, elle a décidé d’organiser, avec le département de langues et de littérature, un cycle de discussions autour de l’environnement. Optimiste, elle estime qu’« un petit changement quotidien conduira à un changement atomique plus tard. » « Nous voulons construire une communauté qui respecte l’environnement, pense de manière innovante, comprend qu’elle peut débattre des questions environnementales et durables et réfléchir, sans craindre d’être réprimandée. »L’ambiance au cours des débats est bienveillante et positive, conçue pour favoriser l’innovation et la résolution de problèmes plutôt que l’apprentissage purement académique. Les échanges offrent une opportunité aux étudiants de remettre en question leur façon de penser avec un regard neuf et d’aborder les questions environnementales d’une manière unique. Ils encouragent les étudiants à s’ouvrir sur des questions importantes, à pratiquer leurs compétences en prise de parole en public et à améliorer leur confiance en eux. « Les débats menés et les opinions partagées dans le cadre d’Agora fournissent à nos étudiants une connaissance et une prise de conscience qui les aideront à transmettre cette flamme à leurs amis et aux autres étudiants en général. La connaissance des dangers qui guettent le monde qui nous entoure, par notre communauté, peut être partagée et atteindre d’autres communautés. Tout doit débuter quelque part. Et c’est ici, à l’USEK, que cet éveil a commencé », conclut, quant à lui, le Dr Rabih Nabhan, directeur du centre de langage à l’USEK.