Le gouverneur de la banque du Liban Riad Salamé. Photo d'archives AFP
Les enquêteurs européens retourneront à Beyrouth en avril pour interroger deux personnes clés, Raja Salamé et Marianne Hoayek, qui sont poursuivies au Liban dans une affaire de fraude présumée du gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, ont déclaré à Reuters deux sources ayant une connaissance directe de l'enquête.
Le Liban et au moins cinq pays européens enquêtent pour savoir si M. Salamé et son frère Raja ont détourné plus de 300 millions de dollars de la banque centrale entre 2002 et 2015. Les frères Salamé nient les allégations portées contre eux, affirmant que cet argent a été gagné légalement. Le gouverneur, qui occupe son poste depuis trois décennies, affirme qu'il sert de bouc émissaire pour la crise financière libanaise qui a éclaté en 2019.
Une équipe d'enquêteurs allemands, français et luxembourgeois a déjà interrogé des témoins au Liban en janvier. Le mois dernier, le gouverneur de la banque centrale avait été entendu par plusieurs juges européens au cours de deux sessions distinctes organisées au palais de justice de Beyrouth. Ils n'ont annoncé aucune accusation.
Les enquêteurs européens ont maintenant demandé aux autorités judiciaires libanaises de rencontrer Raja Salamé et Marianne Hoayek, une ex-assistante du patron de la BDL, a déclaré mercredi à Reuters un haut fonctionnaire judiciaire et une source qui suit de près la procédure. Ces trois personnes ont été inculpées au Liban de détournement de fonds, d'enrichissement illicite et de blanchiment d'argent dans deux affaires distinctes, mais n'ont pas été placées en détention. L'avocat de Mme Hoayek s'est refusé à tout commentaire mercredi. Les enquêteurs européens doivent arriver à Beyrouth le 24 avril.
La justice libanaise avait prévu d'entendre Riad Salamé jeudi dans le cadre de deux enquêtes locales sur sa fortune, mais l'avocat du gouverneur s'y est opposé pour des raisons de procédure, ont déclaré les deux sources à Reuters mercredi. L'avocat de M. Salamé n'a pas répondu aux demandes de commentaires.
Le gouverneur a bénéficié du soutien des élites libanaises au cours de ses trois décennies à la tête de la banque centrale, pendant lesquelles celle-ci a financé un État gangrené par la corruption et appliqué des politiques qui ont permis aux banques commerciales de réaliser d'énormes bénéfices. Mais il fait l'objet d'une surveillance accrue depuis la crise financière de 2019, qui résulte de décennies de dépenses inconsidérées, de corruption et de politiques non viables menées par les dirigeants libanais.
Allez, quand il aura vraiment le dos au mur, on apprendra qu'il s'est barré aux Émirats avec la caisse. Pauvre de nous !
18 h 15, le 05 avril 2023