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Société - Crise au Liban

Écoles publiques : levée "partielle" de la grève, boycott attendu d'une partie des enseignants

 "Cette année scolaire s'inscrit sous le signe de l'échec pour les élèves", déplore un enseignant.

Écoles publiques : levée

Un élève dans une salle de classe d'un établissement scolaire à Beyrouth. Photo d'archives Joseph Eid/AFP

La reprise des cours dans les écoles publiques au Liban, annoncée par certains syndicats pour lundi après deux mois d'arrêt de travail, risque d'être largement boycottée par une partie des grévistes, qui refusent toujours de dispenser des cours tant qu'ils n'ont pas obtenu gain de cause sur une série de revendications, selon plusieurs enseignants et responsables syndicaux contactés par L'Orient-Le Jour.

Depuis début janvier, les enseignants réclament une augmentation salariale et des indemnités de transport, ainsi que des aides médicales dans un pays en pleine crise. Le 27 février, le Conseil des ministres avait approuvé l'octroi de l'équivalent de 5 litres d'essence aux enseignants pour chaque jour de travail ouvré, à raison de quatre jours par semaine pour les cadrés et trois jours pour les contractuels. Une décision qui semble insuffisante pour les enseignants, notamment les contractuels, qui n'ont toujours pas touché leurs salaires depuis le début de l'année scolaire, sachant qu'ils sont payés une fois tous les quelques mois. Cet obstacle vient se greffer sur une situation déjà difficile pour ces derniers, qui sont privés de leurs salaires alors qu'ils sont en grève, contrairement à leurs collègues titularisés. 

Plusieurs cartes en main
Contacté par L'Orient-Le Jour, le secrétaire général du syndicat des enseignants des écoles secondaires officielles, Haïdar Khalifé, qui représente les salariés cadrés, a affirmé que les enseignants du public suspendront "en partie" leur grève à partir de lundi, notant que "certains ont cependant affiché leur volonté de ne pas souscrire à cette décision". "Notre grève a partiellement atteint son but : nous allons obtenir certaines revendications et promesses", a-t-il souligné. Des allocations de productivité pour les trois premiers mois de l'année scolaire devraient ainsi être versées, et cinq litres d'essence offerts pour chaque jour de travail ouvré. "Nous avons encore plusieurs cartes en main, notamment l'échéance des examens officiels", si le reste des revendications ne sont pas satisfaites, a-t-il fait valoir en revanche, laissant entendre que les enseignants pourraient boycotter la préparation et le suivi des examens. 

Dans un communiqué publié dimanche, le comité des contractuels du secondaire dans les écoles publiques ont de leur côté annoncé la "reprise des cours lundi et appelé les directeurs d'écoles à ouvrir les portes des établissements, quitte à ce que les cours soient dispensés en fonction des personnes présentes". "Si les enseignants cadrés souffraient de ce dont nous souffrons, c'est-à-dire d'être privés de leurs salaires lorsqu'ils sont en grève, ils n'auraient suspendu leur travail aucun jour", a ajouté le communiqué. 

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Des capacités financières limitées
Comme parmi les enseignants titularisés, l'annonce d'un retour en classe ne fait pas l'unanimité parmi les contractuels. "La reprise des cours sera boycottée par beaucoup d'enseignants. La majorité d'entre nous ne peuvent pas se rendre sur le lieu de travail en raison de nos capacités financières limitées", a ainsi affirmé Mountaha Fawaz, représentante du syndicat des enseignants contractuels du secondaire. Elle a regretté que "les indemnités de transport promises ne seront versées qu'en avril". L'enseignante a expliqué que les contractuels devraient "toucher 100 dollars ce lundi et 200 dollars le 20 mars". "Si cette promesse est respectée, nous aviserons par la suite" quant à la reprise des cours, a-t-elle ajouté.

Même son de cloche du côté de Hassan Serhan, représentant les contractuels et intermittents, qui estime que "beaucoup de contractuels ne respecteront pas la suspension de la grève demain". Selon lui, cette décision a été prise "en raison d'une pression politique, exercée par certains partis qui veillent à sauver l'année scolaire, et par le ministère de l'Éducation". "Cette année scolaire s'inscrit sous le signe de l'échec pour les élèves", a-t-il enfin déploré.

Le 14 février, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) avait averti que la fermeture prolongée des écoles publiques au Liban avait causé "des dommages importants et persistants à l'apprentissage, au bien-être mental et physique et à la sécurité des enfants". "Lorsque les écoles ferment, les mariages précoces augmentent, l'exploitation, les abus sexuels et le travail des enfants se multiplient. L'impact sera dévastateur sur l'avenir et le bien-être des enfants et des jeunes, de leurs familles, et sur la prospérité du Liban", avait mis en garde l'Unicef. Selon un rapport de la Banque mondiale, "une année de scolarité perdue se traduirait par des pertes pour l'économie libanaise pouvant atteindre 2,5 milliards de dollars US dans les années à venir", ajoutait le fonds onusien.

La reprise des cours dans les écoles publiques au Liban, annoncée par certains syndicats pour lundi après deux mois d'arrêt de travail, risque d'être largement boycottée par une partie des grévistes, qui refusent toujours de dispenser des cours tant qu'ils n'ont pas obtenu gain de cause sur une série de revendications, selon plusieurs enseignants et responsables syndicaux contactés par...

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"… Lorsque les écoles ferment, les mariages précoces augmentent, l'exploitation, les abus sexuels et le travail des enfants se multiplient. L'impact sera dévastateur sur l'avenir et le bien-être des enfants et des jeunes, de leurs familles, et sur la prospérité du Liban …" - Ceux qui ne sont pas capables de comprendre cette lapalissade ne sont pas dignes d’enseigner…

Gros Gnon

20 h 18, le 05 mars 2023

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Commentaires (1)

  • "… Lorsque les écoles ferment, les mariages précoces augmentent, l'exploitation, les abus sexuels et le travail des enfants se multiplient. L'impact sera dévastateur sur l'avenir et le bien-être des enfants et des jeunes, de leurs familles, et sur la prospérité du Liban …" - Ceux qui ne sont pas capables de comprendre cette lapalissade ne sont pas dignes d’enseigner…

    Gros Gnon

    20 h 18, le 05 mars 2023

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