Plus de deux mois déjà que les élèves de l’école publique au Liban sont privés de cours, depuis la grève ouverte lancée par leurs enseignants, à la rentrée du second trimestre. Au lendemain d’un Conseil des ministres qui a octroyé au corps enseignant du public l’équivalent de 5 litres d’essence par jour, rien ne présage pour l’instant la suspension du mouvement de grève.
Réunis mardi avec le ministre de l’Éducation Abbas Halabi, les représentants des trois grands syndicats d’enseignants du public secondaire, primaire-complémentaire et technique, en sont ressortis mécontents. Avec pour point d’achoppement les allocations de productivité. « Le ministre a refusé de s’engager par écrit et d’officialiser ses promesses de nous accorder 300 dollars d’allocations de productivité pour les trois premiers mois de l’année scolaire, et 125 dollars mensuels à partir du mois de mars. Nous en avons été très surpris », gronde le secrétaire général du syndicat des enseignants des écoles secondaires officielles, Haïdar Khalifé, contacté par L’Orient-Le Jour. Pas question donc pour l’instant d’envisager un retour sur les bancs de l’école. « Les prochains jours nous permettront d’y voir plus clair », ajoute-t-il, dans une volonté évidente de ne pas jeter de l’huile sur le feu. La couverture médicale et la détermination d’un taux de change fixe sont également au cœur des revendications enseignantes.
Selon les chiffres les plus récents du Centre de recherche et de développement pédagogiques (CRDP), 336 000 élèves sur un total de 1 073 000 étaient scolarisés dans l’enseignement public durant l’année scolaire 2021-2022. Quant au nombre d’enseignants du secteur public, ils s’élevaient à la même date à 37 000 sur un total de 90 000.
Contrairement à la France où le gréviste n’est pas rémunéré, car le droit de grève consacré par la Constitution est considéré comme une suspension du contrat de travail, l’enseignant gréviste dans le secteur public au Liban perçoit la totalité de son salaire (salaire de base multiplié par trois), à la condition qu’il soit cadré, mais sans indemnités de transports. Les contractuels grévistes, eux, ne perçoivent pas la moindre livre.
Face aux syndicats, le ministre de l’Éducation assure avoir fait l’impossible pour soutenir les enseignants. « Aucun fonctionnaire mis à part les enseignants du public n’a obtenu la contrepartie financière de 5 litres d’essence par jour », rappelle Abbas Halabi à L’Orient-Le Jour. L’équivalent de 5 litres d’essence sera en effet distribué aux enseignants sur base de leur statut. Les enseignants cadrés recevront la contrepartie de 4 jours de transport et les contractuels l’équivalent de 3 jours de transport. « Nous avons aussi multiplié leurs salaires par trois, comme le reste de la fonction publique, face à la dévalorisation de la livre libanaise », ajoute-t-il. Pour le reste, et plus particulièrement les allocations, le ministre s’est engagé à les annoncer publiquement. « J’ai promis aux enseignants d’annoncer publiquement les allocations. Mais je ne me prononcerai sur leurs modalités de versement qu’une fois leur retour à l’école acté, martèle le ministre Halabi. Car je n’ai pour l’heure aucune garantie qu’ils reprendront les cours. »