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Économie - Finance

Les banques ouvriront bien la semaine prochaine

Dans un communiqué publié hier soir, l’ABL annonce la suspension de sa grève ouverte pour la seconde semaine consécutive, et ce jusqu’au 10 mars.

Les banques ouvriront bien la semaine prochaine

Les banques suspendent leur grève pour la seconde semaine consécutive et seront ouvertes jusqu’au 10 mars. Photo P.H.B.

Les agences bancaires du pays resteront bien ouvertes la semaine prochaine. Réunie hier soir, l’assemblée générale de l’Association des banques du Liban (ABL) a décidé de lever pour une seconde semaine consécutive la grève ouverte décrétée le 6 février dernier pour appuyer une série de revendications liées au contexte de crise que traverse le pays et aux attaques dont elles font l’objet sur plusieurs plans.

Dans le communiqué relayant sa décision, l’ABL a insisté sur le fait qu’elle ne mettait pas un terme définitif à cette grève, mais qu’elle la suspendait pour une semaine de plus, et ce jusqu’au 10 mars.

Ce délai permettra aux déposants et aux personnes qui peuvent en bénéficier de pouvoir acheter des dollars au taux bonifié de Sayrafa équivalant à 70 000 livres pour un dollar, contre environ 80 000 livres pour un dollar sur le marché parallèle. Mercredi, la BDL a en effet annoncé qu’elle réactivait et augmentait les plafonds du mécanisme de Sayrafa, soit les conversions de livres en dollars à un taux de change bonifié par rapport à celui du marché mis en place par sa circulaire n° 161 adoptée fin 2021. Ce dispositif, qui aménage ou conforte – selon les points de vue – les restrictions bancaires en place depuis 2019, avait été officieusement suspendu pour tous les déposants éligibles, à l’exception des salariés de la fonction publique.

Beaucoup d’observateurs s’attendent à ce que la BDL, qui fournit elle-même les dollars aux banques pour satisfaire les demandes des clients, n’ouvre pas ces vannes biens longtemps, comme cela avait été le cas entre fin décembre et mi-janvier, dans un épisode très similaire qui avait débouché sur une hausse massive du taux de change (passé de 42 000 à plus de 90 000 livres pour un dollar en deux mois environ).

Poursuites judiciaires

La suspension de leur grève pour la seconde semaine consécutive intervient alors que les banques considèrent avoir reçu un signal « quelque peu positif » le 28 février dernier. Ce jour-là, le procureur général près la Cour de cassation Ghassan Oueidate avait adressé une note à la procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban Ghada Aoun, dans laquelle il lui enjoint de suspendre ses enquêtes liées aux banques qu’elle poursuit jusqu’à ce que les recours judiciaires portés contre elle par ces mêmes banques soient tranchés.

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L’ABL saisit l’occasion pour rappeler ses précédentes revendications : l’unification des critères retenus pour le remboursement des crédits et le paiement des dépôts ; la correction des décisions illégales et injustifiées prises à l’encontre de certaines banques, et des présidents et membres de leurs conseils d’administration ; la vérification de l’identité des déposants qui portent plainte contre les banques ; et finalement, le respect de la confidentialité des enquêtes menées.

L’ABL avait déjà cité l’ensemble de ses revendications les plus immédiates – dont l’adoption d’une loi de contrôle des capitaux – au moment d’annoncer sa grève. La décision de maintenir les agences ouvertes avait déjà été actée en cours de journée avant même la réunion de l’ABL, selon plusieurs témoignages d’employés de banque souhaitant rester anonymes. Dans certains établissements, certains en ont même ouvertement informé leurs clients venus sur place, tandis que d’autres ont même annoncé qu’elles ouvraient samedi pour « faciliter les opérations de change liées à Sayrafa ».

Depuis qu’elles ont suspendu leur grève pour la première fois il y a une semaine, les banques sont engorgées, et les clients doivent souvent s’armer de patience avant de voir leur tour arriver, et ce en raison de la forte affluence en cette fin de mois et du fait que de nombreuses enseignes ont réduit la taille de leurs réseaux d’agences et de distributeurs automatiques de billets (ATM) depuis le début de la crise.

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Selon les chiffres les plus récents de la Banque du Liban, le nombre d’ATM est passé de 2 006 à 1 580 entre septembre 2019 et septembre 2022, soit une baisse de 21 %, ou de 426 points de retrait. Plus de la moitié de ceux-ci ont été mis hors service entre septembre 2021 et septembre 2022. Dans les agences, les employés restants ont diminué dans des proportions similaires. Ils ne seraient plus que 15 000 toutes enseignes confondues, selon les estimations du président de leur syndicat Georges el-Hajj.

Réformes toujours absentes

En crise majeure depuis 2019, les banques restreignent, sans l’aval d’une loi de contrôle des capitaux, l’accès du commun de leurs clients à leurs avoirs en devises, ce qui a exposé nombre d’entre elles à des poursuites judiciaires au Liban et à l’étranger. Certaines de ces procédures ont abouti, à l’image de celle lancée il y a un an par deux clients de Fransabank et qui a débouché sur une décision finale de la Cour de cassation rendue peu avant que l’ABL n’appelle ses membres à faire grève.

À la peine en raison de la crise de confiance dans le système financier libanais, marqué par un effondrement de la livre et un défaut souverain dont la résolution n’a toujours pas été entamée depuis 2020, le secteur est en outre promis à une restructuration réclamée par le Fonds monétaire international avec qui le Liban a signé un accord préliminaire pour le déblocage d’une aide financière en avril dernier.

Le Fonds s’attend aussi à ce que les banques contribuent, avec l’État, la BDL et une partie des grands déposants, à renflouer une partie des pertes financières du pays (plus de 72 milliards de dollars, selon les estimations officielle) à des conditions qui sont globalement rejetées par l’ABL. Enfin, plusieurs enseignes ont été ciblées par des enquêtes lancées par la procureure général du Mont-Liban Ghada Aoun pour des faits présumés pouvant relever du blanchiment d’argent, dans un dossier aux ramifications financières, mais aussi politiques. L’ABL conteste la régularité des procédures, tandis que le Conseil supérieur de la magistrature a vivement critiqué « l’ingérence » du Premier ministre sortant Nagib Mikati qui est intervenu pour désamorcer le dossier.

Les agences bancaires du pays resteront bien ouvertes la semaine prochaine. Réunie hier soir, l’assemblée générale de l’Association des banques du Liban (ABL) a décidé de lever pour une seconde semaine consécutive la grève ouverte décrétée le 6 février dernier pour appuyer une série de revendications liées au contexte de crise que traverse le pays et aux attaques dont elles font...

commentaires (4)

Ni plus ni moins qu'une collusion mafieuse entre l'État et les banques ! Je te tiens, tu me tiens, il te tient par la barbichette. Le premier qui rira, aura une tapette. C'est si vrai.

Ca va mieux en le disant

23 h 57, le 04 mars 2023

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Commentaires (4)

  • Ni plus ni moins qu'une collusion mafieuse entre l'État et les banques ! Je te tiens, tu me tiens, il te tient par la barbichette. Le premier qui rira, aura une tapette. C'est si vrai.

    Ca va mieux en le disant

    23 h 57, le 04 mars 2023

  • Quelle est la différence entre les banques ouvertes et les banques fermées? C’est pareil pour un fauteuil occupé par un vendu et un fauteuil vide.

    Sissi zayyat

    12 h 45, le 04 mars 2023

  • @Liberté de penser et d'écrire > Nul besoin de demander à EDL de déposer votre compteur. Découpez-le à la tronconneuse et jetez-le dans la rue, il servira au moins à quelques-uns pour récupérer un peu de cuivre à revendre. Ne payez plus l'abonnement. EDL a d'autres chats à fouetter que de vous poursuivre. Et puis si même s'ils le faisaient, aucun tribunal ne leur délivrerait d'acte exécutoire. Faites vous plaisir !

    Ca va mieux en le disant

    11 h 56, le 04 mars 2023

  • L’arnaque continue. Ce ne sont plus des banques mais des distributeurs manuels de billets pour les clients. Quant au nouveau Sayrafa, encore une arnaque pour doubler les factures de la téléphonie mobile et de l’EdL. On devra apprendre à se passer de l’un et de l’autre. J’ai voulu demander la dépose de mon compteur EdL pour fonctionner uniquement sur abonnement et sur le solaire, impossible. L’Etat libanais doit être nommé dans le Guinness comme l’Etat qui sait inventer le plus de règles pour VOLER les citoyens

    Lecteur excédé par la censure

    11 h 02, le 04 mars 2023

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