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Politique - Justice

Oueidate somme Aoun de suspendre ses poursuites contre les banques

L’injonction du procureur près la Cour de cassation se double d’une circulaire adressée aux différents parquets en vue de définir la conduite à suivre en cas de demande d’informations auprès des établissements financiers.

Oueidate somme Aoun de suspendre ses poursuites contre les banques

La procureure du Mont-Liban fait l’objet de recours judiciaires qu’elle a ignorés jusque-là. Ici, le siège de l’Association des banques à Beyrouth. Photo d’archives ANI

Le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, a adressé mardi une note à la procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, dans laquelle il lui enjoint de suspendre ses enquêtes liées aux banques qu’elle poursuit, jusqu’à ce que les recours judiciaires portés contre elle par ces mêmes banques soient tranchés. La démarche de M. Oueidate intervient une semaine après que le ministre de l’intérieur Bassam Maoulaoui, agissant à la demande du chef du gouvernement Nagib Mikati, a interdit aux forces de sécurité dont il a la tutelle d’exécuter les décisions de la juge Aoun. Cette dernière fait l’objet de recours en dessaisissement dont elle refuse d’être notifiée ainsi que d’actions en responsabilité de l’État pour « fautes lourdes » : le simple dépôt au greffe de l’assemblée générale près la Cour de cassation de ces actions aurait dû avoir pour effet de lui ôter sa mainmise sur les dossiers bancaires qu’elle traite, or elle a continué d’engager des poursuites contre plusieurs établissements bancaires dernièrement. Même si les agissements de Mme Aoun suscitent la controverse quant à leur légalité, les décisions de MM. Mikati et Maoulaoui ne sont pas non plus à l’abri des critiques dans les milieux de la justice, qui les décrivent comme une ingérence flagrante dans la justice.

Interrogé par L’Orient-Le Jour, un magistrat proche du parquet de cassation affirme qu’à travers son injonction à Ghada Aoun, Ghassan Oueidate « a usé de son rôle de supérieur hiérarchique, qu’il aurait dû utiliser avant même que le chef du gouvernement n’entreprenne sa démarche ». Selon un autre magistrat, « la colère qui enfle » contre la juge Aoun a vraisemblablement accéléré cette demande, en allusion notamment au milieu des banques.

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Pour Karim Daher, avocat fiscaliste, « Ghassan Oueidate a demandé à la juge Aoun d’arrêter les procédures visant les établissements bancaires, ce qui est de nature à satisfaire les exigences des politiques et des banques ». « Ce nouveau développement judiciaire renvoie aux calendes grecques les procédures contre les banques, puisque les recours contre la procureure ne pourront être examinés que lorsque l’assemblée plénière de la Cour de cassation sera complétée par le remplacement de membres partis à la retraite », note-t-il. En effet, les nominations au sein de l’instance sont bloquées par une volonté politique, sous prétexte de la nécessité d’une parité confessionnelle.

Une circulaire faisant office de guide

Dans le même temps, Ghassan Oueidate a publié mardi une autre circulaire dans laquelle il rappelle que « la nouvelle loi édictant la levée du secret bancaire (2/11/2022) ne s’applique pas aux PDG et autres responsables de banque, et leur impose de présenter toutes les informations requises par les juridictions compétentes aussitôt que celles-ci le leur demandent ». Karim Daher fait observer à ce propos que le procureur rappelle aux banquiers qu’ils ne peuvent arguer du secret bancaire pour s’abstenir de livrer les données. L’avocat note que « M. Oueidate évoque l’alinéa b de l’article 2 de la loi, qui édicte que la levée du secret bancaire ne bénéficie pas aux responsables bancaires actuellement en poste ou qui ont accédé à leur poste à partir de 1988 ». Pour lui, « la loi est donc rétroactive, et sa rétroactivité a été consacrée en janvier dernier par le Conseil constitutionnel, alors que les banques continuent à la contester ». Plusieurs banques dans le viseur de Ghada Aoun refusent en effet de lui livrer des données antérieures à la promulgation de la loi sur le secret bancaire, alors qu’elle leur réclame des documents remontant à 2016.

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Dans la même circulaire, le procureur près la Cour de cassation indique aux parquets d’appel, au parquet financier et au commissaire du gouvernement auprès du tribunal militaire le processus à suivre lorsqu’ils veulent demander des informations aux banques dans le cadre de leurs investigations. Il leur impose notamment de définir précisément les informations qu’ils requièrent (relevés bancaires, documents, etc.) ainsi que l’identité des personnes ciblées par leurs demandes, de manière à ne pas créer la confusion avec d’autres personnes. M. Oueidate leur impose également la nécessité de présenter aux banques un résumé des actes sur la base desquels elles sont suspectées. Un vrai guide de conduite en somme, à l’intention de l’ensemble de la justice, afin de ramener une certaine rationalité dans ce dossier.

Le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, a adressé mardi une note à la procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, dans laquelle il lui enjoint de suspendre ses enquêtes liées aux banques qu’elle poursuit, jusqu’à ce que les recours judiciaires portés contre elle par ces mêmes banques soient tranchés. La démarche de M. Oueidate...

commentaires (13)

Que les déposants crèvent de faim ou de maladie, qu’ils soient humiliés en permanence, les dirigeants politiques, les hauts fonctionnaires et leurs complices actionnaires des banques s’en foutent totalement. Les premiers ont pillé et volé toute la richesse matinale plus toutes les dettes accumulées et le duo Aoun/Diab a envoyé tous les créanciers paître. Malheureusement presque toute la Justice est soit corrompue, soit politisée, soit sclérosée et un pays sans justice n’est plus un pays, c’est une jungle. Voilà la vraie image de ce qui s’est appelé un jour la république libanaise. A ne pas confondre avec notre Liban qui existait déjà dans la Bible

Lecteur excédé par la censure

16 h 27, le 01 mars 2023

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Commentaires (13)

  • Que les déposants crèvent de faim ou de maladie, qu’ils soient humiliés en permanence, les dirigeants politiques, les hauts fonctionnaires et leurs complices actionnaires des banques s’en foutent totalement. Les premiers ont pillé et volé toute la richesse matinale plus toutes les dettes accumulées et le duo Aoun/Diab a envoyé tous les créanciers paître. Malheureusement presque toute la Justice est soit corrompue, soit politisée, soit sclérosée et un pays sans justice n’est plus un pays, c’est une jungle. Voilà la vraie image de ce qui s’est appelé un jour la république libanaise. A ne pas confondre avec notre Liban qui existait déjà dans la Bible

    Lecteur excédé par la censure

    16 h 27, le 01 mars 2023

  • - QUI DE LA JUGE 3AOUN, PARTISANE AVEC VICE, - OU DE 3OUIEDATE TOUT AUSSI GRAND PARTISAN, - AUX YEUX DES LIBANAIS APPLIQUE LA JUSTICE, - ET QUI LES CORROMPUS ET LES VOLEURS DEFEND ? - IL EST CLAIR QUE GHADA LES BANQUES QU,ELLE VISE, - ET L,ARGENTIER FRACTION DE NOS CALAMITES, - NE SONT PAS D,INNOCENTS QU,A TORT ON MARTYRISE. - QUI FRENENT NE SONT PAR PERSONNE HABILITES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 30, le 01 mars 2023

  • Que Oueidate réponde à la convocation du juge sur le crime du port. On avisera après

    Sissi zayyat

    14 h 30, le 01 mars 2023

  • En fait rien n‘a changé. Le système judiciaire est aussi pourri et malade qu‘avant …avec la seule différence que les choses se passent ouvertement. Les politiciens se trouvant dans des impasses, les uns parce qu’ils n‘ont rien achevé ou plutôt mal que bien, d‘autres et parfois les mêmes parce qu’ils sont coupables dans des mesures superlatives se rouent dans des actions plus osées que d’habitude. Il était bien connu qu‘au Liban mieux vaut trouver un compromis avec l’adversaire que d‘entamer un procès, mieux vaut tout léguer aux héritiers au vivant car l’employé des finances voudra hériter presque à égalité surtout des expatriés sinon il demandera tranquillement une dizaine de documents qu‘il ne demanderait pas à son cousin dans la même situation. Oui cela est autrement maintenant. Les expatriés pensent aussi autrement. Bien sûr qu‘on ne cessera pas de visiter nos parents et amis au Liban mais on a trop abusé de notre confiance et de notre amour aveugle pour le Liban et dérobé nos biens et argent. Chers politiciens s‘il vous plaît ne nous visitez pas en Europe ou ailleurs. Vous avez transformé notre pays à votre goût. Envoyez votre progéniture dans les universités où vous pourrez certainement trouver des profs et directeurs de votre choix et qui mettront votre progéniture sur la liste d’honneur. Laissez nous par contre être fiers de nos libanais à l’étranger, ce peuple qui lutte, qui réapprend à vivre dans l’honnêteté et le respect des lois en montrant ses capacités géniales

    Khazzaka May

    13 h 49, le 01 mars 2023

  • Et qui donc prendra la défense du pauvre déposant entouré de bêtes féroces qui le dépouillent de tout ce qui lui reste depuis des années, sans pitié ni miséricorde ? Qui ? Qui ? Personne ne pense à lui ? Quels sauvages !

    Chucri Abboud

    12 h 44, le 01 mars 2023

  • A-t-on jamais vu un procureur general, ou que ce soit, empecher des juges d' appliquer la loi et la justice?

    LeRougeEtLeNoir

    11 h 48, le 01 mars 2023

  • Quand le procureur general se range du cote des assassins du port, des corrompus et des crapules bancaires qui volent les epargnants et les salaries tous les jours. Attention M. Oueidate, vos denis de justice ouvrent une porte tres dangereuse, celle de la tentation de se faire justice soi-meme.

    Michel Trad

    09 h 47, le 01 mars 2023

  • Oueidate, Oueidate… Le protecteur de Salame…?

    LeRougeEtLeNoir

    08 h 36, le 01 mars 2023

  • L'enterrement de l'enquête sur l'explosion du port et les démêlés entre les magistrats Oueidare Bitar et Aoun ainsi que la politisation de la justice sapent cette institution que n'épargne pas non plus la corruption

    Tabet Ibrahim

    07 h 49, le 01 mars 2023

  • Compromissions, tergiversations, hésitations, atermoiements, il n'y a pas d'autres mots pour décrire cette pièce de théatre qui se joue devant nos yeux au Liban. Si les banques chutent, l'état chutera, et nos minables politiques avec. Et cela est strictement inenvisageable pour ceux qui nous gouvernent. Combien de temps encore allons-nous subir cette agonie interminable ?

    Ca va mieux en le disant

    00 h 32, le 01 mars 2023

  • Mais qui défendra donc les déposants ! Quel complot immonde que font ces magistrats véreux !

    Chucri Abboud

    22 h 02, le 28 février 2023

  • Franchement et sans aucun parti pris, peut-on se poser la quetion de savoir si le statut de ce pays peut descendre encore plus bas que celui d'un etat irrevocablement failli ?

    Remy Martin

    21 h 42, le 28 février 2023

  • Oueidate… Oueidate… ce n’est pas celui qui refuse de se soumettre à la justice? Il ferait bien de montrer le bon exemple avant de commencer à sommer…

    Gros Gnon

    21 h 00, le 28 février 2023

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