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Culture - Liban/Cinéma

Les soeurs Keserwany récompensées à la Berlinale

Leur film "Les chenilles" a remporté l'Ours d'Or du meilleur court métrage de la 73e édition du festival international.

Les soeurs Keserwany récompensées à la Berlinale

Michelle et Noel Keserwany avec la médaille du meilleur court métrage, le 25 février 2023, à Berlin. REUTERS/Annegret Hilse

"Les chenilles", des soeurs libanaises Michelle et Noel Keserwany, a décroché, samedi soir à Berlin, l'Ours d'Or du meilleur court métrage dans le cadre de la Berlinale.

"C’est dans la tiédeur des seins qu’éclosent les chenilles." Cette phrase, extraite d’un article de Fawwaz Traboulsi intitulé Un amour de soie (paru dans L’Orient Express en 1996) et qui explore la relation entre les femmes du Mont-Liban et les fabriques de soie étrangères au XIXe siècle, a inspiré Michelle et Noel Keserwany pour réaliser ce court-métrage social, historique mais également actuel et poétique. Un film coproduit par Marine Vaillant (Dewberries Films) et la Biennale de Lyon représentée par les curateurs Sam Bardaouil et Till Fellrath.

Inspirées par cette imagerie et par les conditions difficiles du travail des femmes dans les soieries françaises du XIXe siècle au Levant, et notamment au Mont-Liban, les Keserwany créent une histoire contemporaine qui aborde également le sujet de l’émigration.

"Très contentes"

"Grâce à un agencement minutieux de l'image et du son, ce film sensuel et complexe transforme les moyens d'oppression de la femme en ceux de sa libération", a dit le jury, selon un communiqué du festival. "Lorsque la troisième personne devient un "je", les femmes ne sont plus des objets d'exploitation, mais se transforment en sujets. Les vers à soie vont se métamorphoser en araignées, dont les filets ne servent pas à la production de soie, mais à leur propre survie. Une amitié immédiate lie deux femmes, dans le corps desquelles s'inscrivent les conséquences de la colonisation. La magie de leur lien continuera d'exister dans notre perception. L'Ours d'or du meilleur court métrage est attribué à Les Chenilles de Michelle et Noel Keserwany", conclut le communiqué.

"C'est notre premier court métrage. C'est la première fois aussi qu'il est diffusé dans le cadre d'un festival et que nous remportons un prix", explique à L'Orient-Le Jour Michelle Keserwany. "Nous étions très contentes, car le film sera diffusé à un plus grand public maintenant. Ce prix nous permet de travailler nos prochains projets avec plus de facilité", ajoute-t-elle.

Pour mémoire

« Les chenilles » de Michelle et Noel Keserwany éclosent aujourd’hui à la Berlinale

C'est un documentaire sur la psychiatrie du Français Nicolas Philibert qui a décroché samedi l'Ours d'Or à la Berlinale, qui a décerné son prix d'interprétation à une fillette espagnole de seulement 8 ans, pour un film sur l'enfance et la transidentité.

Deux décennies après l'immense succès de "Etre et avoir", le documentariste de 72 ans quitte les bancs de l'école pour cette plongée dans l'univers psychiatrique, premier film d'une trilogie à ce sujet. Sans voix-off, scrutant les visages des patients accueillis chaque jour sur une péniche amarrée sur la Seine à Paris, baptisée "L'Adamant", le film est "une tentative de renverser l'image que nous avons des personnes atteintes de folie", a expliqué Nicolas Philibert en recevant son prix. "Les clichés sont tenaces, le film essaie de les détricoter (mais) il y a beaucoup de chemin à faire", a-t-il dit. "Les personnes les plus folles ne sont pas celles que l'on croit", a ajouté le réalisateur de ce documentaire au long cours.

Des documentaires sont régulièrement sélectionnés dans les grandes compétitions internationales de cinéma, mais assez rarement primés. L'an dernier, la Mostra de Venise a décerné son Lion d'Or à un film sur la crise des opiacés aux Etats-Unis, signé Laura Poitras ("Toute la beauté et le sang versé"). Ce prix "est une reconnaissance des films documentaires, mon type d'art", a déclaré Nicolas Philibert, espérant que cela pourra aider d'autres documentaristes à développer leurs projets. "Ce festival est là pour repousser les limites", a justifié l'actrice américaine Kristen Stewart, qui à 32 ans a été la plus jeune présidente du jury de l'histoire du festival. "Les paramètres invisibles forgés par l'industrie et l'académisme sur ce qu'est un film n'ont aucune chance avec celui-ci", a-t-elle ajouté.

Un autre Français, Philippe Garrel, 74 ans, a reçu l'Ours d'Argent du meilleur réalisateur pour "Le Grand Chariot", un film aux airs de testament artistique tourné avec ses enfants.

Enfance et transidentité

Le jury, qui comptait également les anciens titulaires de l'Ours d'Or Radu Jude et Carla Simon, ou l'actrice franco-iranienne Golshifteh Farahani, a aussi récompensé la performance d'une fillette de 8 ans, l'Espagnole Sofia Otera, pour son rôle dans "20.000 espèces d'abeilles". L'actrice en herbe a reçu, les larmes aux yeux comme une grande, le prix de la meilleure interprétation, qui est non-genré et remplace à Berlin celui du meilleur acteur ou de la meilleure actrice. Dans le film, signé de l'Espagnole Estíbaliz Urresola, elle joue un enfant de neuf ans, né garçon et qui se considère comme une fille. La question du genre et de la transidentité, sur lesquelles de plus en plus de cinéastes se penchent, a été présente comme jamais dans le palmarès.

L'actrice trans autrichienne Thea Ehre a reçu le prix d'interprétation pour un personnage secondaire pour son rôle dans "Till The End of The Night", et le penseur Paul B. Preciado, figure incontournable sur ces questions, a été récompensé dans les sections parallèles pour son premier film ("Orlando, ma biographie politique").

Au-delà du compétition, cette 73e édition a permis à la Berlinale de renouer avec la normalité, après les restrictions liées au Covid, et a vu un certain nombre de stars revenir. On a notamment pu voir Sean Penn, venu présenter un documentaire sur ses pérégrinations dans l'Ukraine en guerre, le chanteur Bono et le légendaire réalisateur Steven Spielberg, qui a reçu un Ours d'or d'honneur.

"Les chenilles", des soeurs libanaises Michelle et Noel Keserwany, a décroché, samedi soir à Berlin, l'Ours d'Or du meilleur court métrage dans le cadre de la Berlinale. "C’est dans la tiédeur des seins qu’éclosent les chenilles." Cette phrase, extraite d’un article de Fawwaz Traboulsi intitulé Un amour de soie (paru dans L’Orient Express en 1996) et qui explore la relation entre...

commentaires (2)

Bravo vous rehaussez notre morale et surtout notre triste pays.

Khalil Antoine

13 h 21, le 27 février 2023

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Commentaires (2)

  • Bravo vous rehaussez notre morale et surtout notre triste pays.

    Khalil Antoine

    13 h 21, le 27 février 2023

  • Nous sommes fiers de vous les Keserwany! Continuez à nous nourrir de votre art, qu’il soit satirique ou poétique, qu’il soit chanté ou filmé. C’est toujours un plaisir que d’être les témoins de votre œuvre.

    K1000

    20 h 26, le 26 février 2023

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