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Environnement - Polémique

La situation des déchets s’envenime à Saïda

La compagnie en charge du traitement annonce une grève aujourd’hui, son directeur général confirme la fermeture du centre, malgré un démenti du président du conseil municipal.

La situation des déchets s’envenime à Saïda

Les volontaires de la DPNA nettoyant les rues de la ville mardi. Photo fournie par Mountasser Abdallah

La question des déchets ménagers à Saïda s’envenime en l’absence de solutions à court et long terme, notamment en raison de l’interruption des paiements dus aux entrepreneurs en charge du ramassage et du traitement.

La compagnie IBC, qui prend en charge le centre de traitement des déchets de Saïda, a déclaré hier dans un communiqué qu’elle « fermerait ses portes demain (aujourd’hui jeudi) en signe de protestation contre le non-paiement de ses dus par le gouvernement ». Dans le texte, la société indique qu’elle s’attendait à ce que le Conseil des ministres qui s’est tenu hier au Grand Sérail aborde la question des déchets et du paiement des arriérés que lui doit l’État. Et d’ajouter : « La compagnie ne peut plus supporter des retards supplémentaires, qui occasionnent à leur tour des retards dans le paiement des salaires des employés. Sans compter le coût de la maintenance du centre de traitement. (…) Elle demande à l’État et au gouvernement de s’acquitter de leurs dettes, qui sont pour elle un droit acquis. »

Malgré la publication de ce communiqué, le président du conseil municipal de Saïda Mohammad Saoudi affirme à L’Orient-Le Jour que le mouvement de grève serait ajourné. « La compagnie aurait décidé de patienter, étant donné que le gouvernement a promis de se pencher sur la question la semaine prochaine ou celle d’après », affirme-t-il. Le Conseil des ministres sortant qui s’est tenu hier dans un climat politique tendu n’a pu examiner qu’un seul dossier urgent, celui de l’électricité. La question du paiement de leurs dus aux entrepreneurs en charge du ramassage et du traitement des déchets, non seulement à Saïda mais ailleurs, figurait à l’ordre du jour mais n’a pas été abordée à temps.

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La direction d’IBC dément cependant les propos optimistes de M. Saoudi. Interrogé par notre correspondant Mountasser Abdallah, Ahmad el-Sayed, directeur général d’IBC, confirme la fermeture du centre aujourd’hui. Il assure que les arriérés de la compagnie avoisinent les 37 millions de dollars, 15 millions depuis avril 2022 et 12 millions durant les seize mois qui viennent de s’écouler. Il révèle par ailleurs que durant les derniers 16 mois, les frais du centre ont été couverts a minima par des investisseurs saoudiens, en l’absence de toute initiative de l’État, à hauteur de trois millions de dollars. Les promesses de paiement fin 2022 sont restées lettre morte, alors même que le centre a besoin chaque 10 jours de 500 millions de livres libanaises pour payer les ouvriers et les factures de fuel, et que la maintenance coûte chaque mois 250 000 dollars, toujours selon le directeur.

M. Sayed a pris la direction du centre il y a dix mois environ, et s’est « étonné » de voir à quel point il avait été négligé. Il affiche sa volonté de le remettre en état. Ce centre est doté d’équipements de tri qui isolent les déchets organiques en vue de leur compostage (transformation en compost, enrichisseur de sol). Il devrait aussi générer 3,6 mégawatts d’électricité par récupération des gaz émis par les ordures, mais ce n’est pas le cas actuellement, selon lui.

La fermeture du centre a un impact très négatif sur la ville, qui sera une nouvelle fois noyée sous les déchets, confirme le directeur d’IBC. En effet, la décharge attenante au centre, et qui devrait recevoir simplement les déchets inertes (ceux qui ne sont pas traitables mais qui ne dégagent pas de gaz et de liquides, comme les déchets organiques), devra alors recevoir tous les détritus sans aucun traitement. D’ailleurs c’est déjà en partie le cas : M. Sayed confirme que le centre fonctionne au ralenti, même quand il est ouvert, étant donné le mauvais état de ces équipements, et le fait qu’on lui envoie régulièrement 500 tonnes de déchets, alors qu’il a été conçu pour en accueillir 200 seulement. Il aurait selon lui besoin de 3 à 4 millions de dollars pour être développé correctement.

Un ramassage irrégulier

La question des déchets ménagers s’aggrave à mesure que le temps passe dans cette ville qui s’est dotée pourtant d’un centre de traitement, fait rarissime au Liban. Selon notre correspondant Mountasser Abdallah, autant le ramassage que le traitement sont déréglés. En effet, la compagnie qui assurait le ramassage et le nettoyage dans la ville, NTCC, a cessé de le faire, faute d’être payée. Toujours selon notre correspondant, la municipalité a fait un « arrangement » avec cette compagnie, qui stipule que celle-ci effectue le ramassage dans quelques quartiers seulement, les autres souffrant régulièrement de l’amoncellement de détritus.

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C’est ce qui avait poussé mardi une association locale, « Development for People and Nature Association » (DPNA), à prendre l’initiative de ramasser les ordures dans la ville lors d’une journée de volontariat à laquelle a participé également le ministre de l’Environnement Nasser Yassine, et qui était placée sous le parrainage du président du conseil municipal Mohammad Saoudi. M. Yassine a estimé que « toute solution à long terme passerait par le bon fonctionnement du centre de traitement, la création d’une nouvelle décharge sanitaire et le règlement de la question financière dont souffre la ville ». Il a appelé les municipalités voisines à faciliter la création d’une nouvelle décharge qui desservirait la région, l’actuelle étant visiblement déjà saturée.

La question des déchets ménagers à Saïda s’envenime en l’absence de solutions à court et long terme, notamment en raison de l’interruption des paiements dus aux entrepreneurs en charge du ramassage et du traitement. La compagnie IBC, qui prend en charge le centre de traitement des déchets de Saïda, a déclaré hier dans un communiqué qu’elle « fermerait ses portes demain...
commentaires (1)

Bof... vu la qualité des politiciens les ordures s'organiseront bientôt pour réclamer un meilleur traitement. Au moins ils trouvent qui les ramasser alors que le citoyen moyen est laissé à son sort à patauger dans le purin...

Wlek Sanferlou

23 h 14, le 19 janvier 2023

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Commentaires (1)

  • Bof... vu la qualité des politiciens les ordures s'organiseront bientôt pour réclamer un meilleur traitement. Au moins ils trouvent qui les ramasser alors que le citoyen moyen est laissé à son sort à patauger dans le purin...

    Wlek Sanferlou

    23 h 14, le 19 janvier 2023

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