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Environnement - Déchets

Saïda : les ordures à nouveau collectées... mais la crise n’est pas bien loin

Le contrat de la compagnie NTCC, chargée de la collecte des ordures, a été prolongé jusqu’à mi-2023, mais l’État lui doit 30 milliards de livres d’impayés depuis 2019.

Saïda : les ordures à nouveau collectées... mais la crise n’est pas bien loin

Un amoncellement de déchets dans une des rues de Saïda. Photo Mountasser Abdallah

Croulant sous les ordures ménagères depuis plusieurs semaines, la ville de Saïda dans le sud du pays peut recommencer à respirer, la collecte des déchets ayant repris cette semaine, indique le président de la municipalité Mohammad Saoudi à L’Orient-Le Jour. La société New Trading and Contracting SAL (NTCC), chargée de la collecte des ordures dans la ville, a repris son travail lundi après la prolongation de son contrat par le gouvernement sortant de Nagib Mikati et un premier versement, mardi, de trois milliards et demi de livres de la part des autorités, selon M. Saoudi. L’État libanais doit à NTCC 30 milliards de livres d’impayés depuis le début de la crise économique en 2019, ce qui a contribué à perturber le travail de la compagnie à plusieurs reprises. « La collecte des ordures a repris cette semaine à Saïda », indique M. Saoudi. « Le contrat de NTCC expirait fin décembre, mais il a été prolongé de 6 mois par le gouvernement. La compagnie a reçu hier (mardi) trois milliards et demi de livres des 30 milliards que l’État lui doit », révèle-t-il à notre journal.

NTCC avait interrompu son travail à Saïda il y a près d’un mois en raison d’un manque de liquidités pour payer le carburant des camions-poubelles et d’une accumulation des impayés par le gouvernement, a confié un de ses employés qui a requis l’anonymat à notre correspondant dans la région, Mountasser Abdallah. « La compagnie n’a pas touché un sou de la part de la fédération des municipalités de Saïda-Zahrani depuis le 20/2/2019. Sans compter que ces montants ont perdu de leur valeur avec la dévaluation de la livre libanaise », explique un communiqué publié il y a une semaine par NTCC. Pour Mohammad Saoudi, « la situation reste quand même délicate, malgré la prolongation du contrat de la compagnie ». « Il faudra s’assurer que celle-ci sera payée à temps pour pouvoir continuer ses activités, sinon on risque de retomber dans le même problème », lance-t-il. « Mais le Premier ministre (Nagib Mikati) a promis d’intervenir », ajoute M. Saoudi. Il a par ailleurs révélé que la municipalité de Saïda a lancé un appel d’offres il y a un mois pour tenter de signer un contrat avec une nouvelle compagnie de collecte des déchets.

Des ordures ménagères qui débordent sur le trottoir à Saïda. Photo Mountasser Abdallah

Des particuliers qui paient le carburant

Pour faire face à l’accumulation des déchets qui débordent parfois sur la route ou les trottoirs, de nombreuses initiatives citoyennes ont financé ces dernières semaines l’achat de carburant pour les camions-poubelles de la compagnie NTCC, permettant ainsi de transporter de larges quantités de déchets vers les décharges publiques, rapporte notre correspondant. Avec l’arrêt de la collecte, c’étaient surtout les quartiers les plus pauvres et les plus surpeuplés de Saïda qui ont souffert de la crise, tels les quartiers Taamir, Aïn el-Héloué ou encore Miyé W Miyé. « La solution doit venir des autorités et non pas des citoyens. Le fait d’en être arrivés à financer nous-mêmes la collecte des ordures montre à quel point les responsables sont incapables et corrompus », lance à L’OLJ Walid Assi, un habitant de Saïda. La semaine dernière, c’est le Hezbollah qui avait répondu aux appels à l’aide des habitants de la ville en offrant du mazout aux camionneurs de la compagnie NTCC, ce qui avait permis de dégager certains quartiers. Les amoncellements d’ordures sont un problème récurrent au Liban, et ce depuis bien avant la crise économique, la situation pâtissant de l’absence d’un plan de gestion durable des déchets.

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En 2015, le pays avait plongé dans une crise inédite pendant plusieurs mois, lorsque le contrat de la compagnie Sukleen, chargée de la collecte et du traitement des déchets de Beyrouth et du Mont-Liban depuis 1997, était arrivé à expiration et que la principale décharge du pays, celle de Naamé, avait fermé ses portes. Un nouveau plan d’urgence axé sur la création de deux nouvelles décharges avait été adopté en 2016. Depuis, les décharges côtières de Bourj Hammoud-Jdeidé et de Costa Brava sont saturées et ont été plus d’une fois agrandies par les autorités, sans qu’une solution durable n’ait encore été envisagée. De plus, le problème des déchets est actuellement exacerbé par l’effondrement économique, le gouvernement ayant du mal à payer les services de base tels que la collecte des ordures.

Pas de crise à Beyrouth

Malgré la crise et la plongée de la devise nationale, la capitale, elle, semble échapper pour le moment à une nouvelle crise des déchets, bien que des interruptions de collecte aient été constatées à intervalles réguliers ces dernières années. « La collecte est actuellement effectuée de manière normale à Beyrouth dès 6h du matin », nous assure Walid Bou Saad, le directeur de Ramco, la société chargée par l’État du ramassage des ordures à Beyrouth et dans les banlieues nord. « Si les poubelles s’accumulent dans certains quartiers en fin de journée, c’est parce que que nous arrêtons de travailler à 16h. La décharge de Jdeidé (où les déchets de la capitale sont envoyés) ferme ses portes à 17h », ajoute-t-il.

Croulant sous les ordures ménagères depuis plusieurs semaines, la ville de Saïda dans le sud du pays peut recommencer à respirer, la collecte des déchets ayant repris cette semaine, indique le président de la municipalité Mohammad Saoudi à L’Orient-Le Jour. La société New Trading and Contracting SAL (NTCC), chargée de la collecte des ordures dans la ville, a repris son travail lundi...

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