
La cinéaste Nadine Labaki. Photo prise de son compte Facebook
Au prestigieux Festival de Cannes où il avait été projeté en avant-première, en mai 2018, il avait reçu une standing ovation d’une bonne quinzaine de minutes. Le film Capharnaüm de Nadine Labaki avait aussi obtenu le prix du jury de ce même festival, parmi tant d’autres. Mais la justice libanaise, et plus particulièrement le parquet d’appel de Beyrouth, aurait décidé d’engager des poursuites contre la réalisatrice libanaise, son époux Khaled Mouzannar, le scénariste du film titré Jihad Hojeily, et la société de production Mooz Films en vertu de la loi de protection de la propriété littéraire et artistique (article 86 de la loi 75/99). Ces poursuites, si elles devaient se confirmer, ne sont pas une condamnation. Elles constitueraient le début d’une procédure d’enquête, avec pour devoir de respecter la présomption d’innocence.
L’information a été diffusée hier par Lebanon Files, notamment. Et ce, suite à une plainte présentée en mai 2022 par la réalisatrice turque Andaç Haznedaroglu pour plagiat, soit quatre ans après la sortie du film. Cette dernière avait accusé Nadine Labaki de s’être appropriée l’idée de son film intitulé The Guest, Aleppo-Istanbul, après avoir refusé d’y participer, et de l’avoir utilisée dans son film Capharnaüm. The Guest aurait été diffusé en 2017. Il relate la fuite d’une petite fille syrienne et de familles d’Alep à Istanbul durant le conflit syrien.
Capharnaüm avait ému les foules. Il se déroule au Liban, dans les dédales de quartiers miséreux. Il relate l’histoire d’un jeune réfugié syrien, Zaïn, âgé de 12 ans, qui intente un procès à ses parents pour l’avoir mis au monde, alors qu’ils étaient incapables de l’élever dans des conditions convenables et de lui donner un tant soit peu d’amour. Il raconte aussi l’histoire de Rahil, une travailleuse d’origine érythréenne, contrainte d’élever son enfant dans l’illégalité. À travers ces destins croisés, Nadine Labaki avait réussi à mettre en exergue la grande vulnérabilité des personnes marginalisées, de l’enfance maltraitée. Elle avait aussi montré le difficile combat du droit à l’existence, avec pour objectif non pas d’inspirer la pitié, mais d’ouvrir le débat.
Le bureau de presse de Nadine Labaki répond
Nous n’avons pas réussi à contacter la plaignante ou son avocat. Le parquet d’appel de Beyrouth n’a pas non plus répondu à nos sollicitations. Nous avons en revanche réussi à nous mettre en contact avec le bureau de presse de Nadine Labaki, qui a publié un communiqué dont nous publions des extraits :
« La plainte précitée revêt un caractère purement arbitraire. Elle est survenue après le succès international du film Capharnaüm et pour des objectifs bien connus », dit le texte. Il précise que « Nadine Labaki n’a pas été notifiée à ce jour de la moindre décision de justice liée aux poursuites mentionnées par la presse ». « Et pourtant, certains médias et réseaux sociaux ont publié l’information tout en laissant entendre la condamnation de Mme Labaki, dans une volonté claire de porter atteinte à sa réputation. » Dans ce cadre, le bureau de presse tient à préciser que « toute poursuite engagée par le parquet d’appel contre Nadine Labaki basée sur des accusations fausses portées à son encontre ne constituent pas une condamnation. Toute personne qui publie donc cette information avant la décision finale s’exposera donc à des poursuites judiciaires ».
Le communiqué ajoute par ailleurs que « Nadine Labaki a déjà porté plainte contre Andaç Haznedaroglu devant les autorités pénales pour calomnie, injures et intimidation, et que l’enquête est en cours ». « Nadine Labaki se réserve le droit d’user des moyens de défense appropriés pour faire éclater la vérité et faire cesser les poursuites y relatives, ainsi que l’action en justice, poursuit-il. De même, elle se réserve le droit de demander réparation. » Le communiqué annonce enfin que « Nadine Labaki prendra toutes les mesures légales nécessaires contre les médias et les sites internet, impliqués, directement ou indirectement, dans cette campagne diffamatoire qui la cible depuis quelques mois ». Et ce dans un objectif de « protéger ses droits et sa réputation ».
commentaires (9)
il y a une difference entre plagia et reminiscence le tout est de faire avancé l art et la culture.
Le juste milieu
00 h 07, le 19 janvier 2023