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Lifestyle - Archéologie

Piscine de Siloé, nécropole romaine, BD du néolithique… Ces trésors dénichés dans la terre du Proche-Orient

Les dernières nouvelles archéologiques de la région ne sont pas des moindres.

Piscine de Siloé, nécropole romaine, BD du néolithique… Ces trésors dénichés dans la terre du Proche-Orient

La statuette découverte à Gaza de la tête de la déesse cananéenne Anat, coiffée d’une couronne de serpent. Photo AFP

Terre de civilisations plurimillénaires, le Proche-Orient regorge de trésors archéologiques. En octobre 2022, nous avions signalé trois découvertes majeures faites dans cette région du monde : à savoir les 13 bas-reliefs assyriens monumentaux mis au jour à Faïda dans le Kurdistan, au nord de l’Irak, représentant chacun un roi assyrien devant lequel défile une procession de divinités ; la mosaïque romaine exhumée en Syrie offrant une scène rarissime dans laquelle les détails et les noms des rois grecs qui ont mené la guerre de Troie défilent sur vingt mètres de long par six mètres de large ; ou encore le tapis byzantin de pâte de verre de 23 m2 aux 17 motifs de bêtes et d’oiseaux, dégagé à Bureij, dans la bande de Gaza. Les vestiges continuent d’émerger du sol de la région, enrichissant les données des historiens, et permettant la reconstitution des paysages archéologiques, des territoires et des sociétés.

Le lieu du miracle

Les fouilles ont débuté pour mettre au jour l’intégralité de la piscine de Siloé, lieu d’un des miracles les plus célèbres accomplis par Jésus. Selon l’Évangile de Jean, c’est à cet endroit que le Christ a rendu la vue à un aveugle de naissance. C’est là aussi que les pèlerins se purifiaient avant leur entrée dans le temple de Jérusalem. Située au cœur de la ville de Jérusalem, la piscine de Siloé a été découverte en 2004, mais seul un de ses côtés avait été dégagé. Le reste de sa superficie, estimé à 3 000 m2, se trouve sur un terrain appartenant à l’Église grecque-orthodoxe. La propriété est dans le viseur des autorités israéliennes depuis 2008, selon le site Terre Sainte.net (en date du 5 janvier 2023), qui indique que depuis le 27 décembre dernier, la police israélienne et les colons ont occupé le terrain des grecs-orthodoxes, et qu’une procédure judiciaire a été ouverte.

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Selon la Biblical Archeology Review, les premières fouilles ont révélé que la piscine faisait partie d’un bassin monumental de l’époque du Second Temple, la période où Jésus a vécu. « De forme trapézoïdale, elle mesurait 225 pieds de long (environ 69 mètres) et était desservie par de grandes marches sur trois côtés pour permettre aux pèlerins de descendre progressivement dans l’eau et de s’immerger. » Les Livres des Rois de la Bible rapportent que la piscine de Siloé a été construite sous le règne du roi Ezéchias, il y a 2 700 ans, afin d’alimenter le système d’eau de la cité antique, en prévision d’un siège par Sennachérib d’Assyrie. À signaler qu’en 1880, une inscription en vieil hébreu portant le mot Siloam a été découverte sur les lieux ; elle est exposée aujourd’hui au musée d’Istanbul. L’ouverture du site au public est prévue pour l’an prochain.

Le bassin inférieur partiellement dégagé de Siloé. Au fond, le minaret de la mosquée construite à l’époque byzantine. Photo Créative Commons

La sculpture de Sayburç, une des plus anciennes illustrations

La découverte a été révélée par la revue scientifique Antiquity, relayée par Science & Vie, Connaissances des Arts et d’autres médias, dont la Cambridge University Press. Vieille de 11 000 ans, la sculpture a été exhumée à Sayburç dans le sud-est de la Turquie, à 60 kilomètres de l’Euphrate. Au sein d’un bâtiment communal datant du néolithique, un pan de mur de près de quatre mètres de long déroule l’histoire de deux hommes nus face à des animaux prédateurs.

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La première scène révèle un homme sculpté en relief – visage rond, grandes oreilles, yeux globuleux et lèvres épaisses – entouré de deux léopards aux crocs visibles suggérant qu’ils s’apprêtent à le dévorer. La seconde met face à face un taureau et un personnage accroupi portant une extension en forme de phallus sur son abdomen. « Cette découverte constitue la représentation la plus détaillée d’une histoire néolithique trouvée à ce jour au Proche-Orient », souligne l’archéologue de l’Université d’Istanbul Eylem Ozdôgan. « Elle est d’une importance majeure, car cette période est une des plus marquantes de la préhistoire du Proche-Orient en pleine mutation, où l’humanité passe du nomadisme à une vie plus sédentaire », précise le spécialiste turc.

Anat ressuscitée à Gaza

Loin des violents feux de l’actualité, l’archéologie est en mouvement à Gaza, en Palestine. Son sous-sol a livré en 2022 une nécropole romaine vieille de 2 000 ans. Plus précisément, 51 tombes datant du premier siècle après J.-C. ont été exhumées à Beit Lahia et les spécialistes s’attendent à en déterrer une vingtaine d’autres. « C’est le premier cimetière complet découvert à Gaza », déclare le chef de l’équipe des fouilles Fazl al-Atal, soulignant que Beit Lahia est considérée comme une extension de la ville antique d’Anthédon, ancien port des périodes grecque et romaine.

Toujours à Gaza, un agriculteur qui travaillait sa terre à Khan Younès tombe sur la tête d’une statue taillée dans la pierre calcaire. « Seule la tête a été retrouvée », signale le directeur des antiquités. « Longue de 22 cm, datant de 2 500 avant

J.-C., c’est-à-dire du début de l’âge du bronze, la période dite cananéenne, elle représente la déesse cananéenne Anat. Elle est coiffée d’une couronne de serpent, une tiare considérée à l’époque comme symbole de force et d’invincibilité », ajoute-t-il. Chez les Cananéens, Anat est la fille du dieu Dagan et la sœur de Baal, dieu de l’orage et divinité principale des peuples du Proche-Orient. Elle était célébrée en Égypte en tant que déesse de l’amour, de la beauté et de la guerre.

Une vue générale montre un cimetière romain récemment découvert contenant des tombes richement décorées à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 20 février 2022. Mohammad Abed/AFP

Khnoum retrouve ses couleurs

Dans la première moitié du XIXe siècle, les vestiges du temple de Khnoum de la petite bourgade agricole d’Esna, en Égypte, avaient servi d’entrepôt pour stocker des balles de coton. Aujourd’hui, après le nettoyage des poussières millénaires qui se sont déposées sur ses fresques, le temple se révèle somptueux. Situé sur la rive ouest du Nil, à 55 km au sud de Louxor, le monument est voué au culte de Khnoum, le dieu égyptien à tête de bélier, dit aussi le Maître de l’eau fraîche. Seul le pronaos (vestibule ou entrée du temple) a été préservé, et sa restauration offre un plafond aux décors spectaculaires. L’archéologue allemand Daniel von Recklinghausen, de l’Université de Tübingen, rapporte à la revue Science & Vie que sur la section centrale du plafond 46 représentations de divinités sont peintes en couleurs brillantes. Dont 24 avec la tête de Nekhbet, la déesse-vautour à la couronne blanche, protectrice de la Haute-Égypte. Et 22 autres, avec celle de Ouadjet, la déesse à tête de cobra de la Basse-Égypte.

Les vestiges de Khnoum retrouvent leurs couleurs. Photo tirée du compte Twitter de Ricardo Calvario

À l’instar des temples de Philae, Kôm Ombo, ou Edfou, le temple de Khnoum date de la période gréco-romaine (332 avant J.-C. – 350 après J.-C.). Certains décors ornant les chapiteaux des 18 colonnes soutenant la toiture, avec leurs motifs en feuilles de palmier, de papyrus, de bourgeons de lotus, et surtout de grappes de raisin témoignent de l’influence romaine. Construit par le roi macédonien-égyptien Ptolémée V, son plafond astronomique, décoré d’hymnes religieux et de textes cryptographiques basés sur des figures de crocodiles et de béliers, a subi des embellissements successifs commandés par les descendants de Ptolémée V, jusqu’au milieu du IIIe siècle de notre ère.

Le temple d’Esna, de l’époque gréco-romaine. Photo Creative Commons

Comment extirper les poux de la barbe ?

C’est la première phrase en langue cananéenne jamais découverte dans les territoires occupés. Gravée sur un petit peigne à poux en ivoire datant de 1700 ans avant J.-C., l’inscription comprend dix-sept lettres pictographiques qui ont été déchiffrées par Daniel Vainstub, spécialiste en épigraphie sémitique de l’Université Ben Gourion de Beersheva. Les lettres, de forme archaïque, rédigées environ cent ans après l’invention de l’alphabet cananéen, se lisent ainsi : « Que cette défense éradique les poux des cheveux et de la barbe. » Le peigne a été mis au jour sur le site archéologique de Tel Lakish, cité cananéenne majeure au deuxième millénaire avant J.-C., située aujourd’hui à 40 km au sud-ouest de Jérusalem. Il a été découvert en 2017 par une équipe d’archéologues de l’Université hébraïque de Jérusalem et de l’Université américaine adventiste du Sud (SAU), mais les lettres minuscules (1 à 3 mm de large) n’ont été remarquées que lors du nettoyage de l’artefact. Pour les spécialistes, il s’agit de « la première découverte dans la région d’une inscription faisant référence à l’usage de l’objet sur lequel elle a été écrite, par opposition aux inscriptions de propriété ou de type dédicatoire figurant sur les objets ». Cette découverte constitue également « la preuve de l’utilisation de l’alphabet dans les activités quotidiennes il y a quelque 1 700 ans avant J.-C. et indique une alphabétisation bien plus répandue dans le Canaan prébiblique qu’on le pensait ».

Une nouvelle tombe royale découverte à Louxor, la Thèbes des pharaons

Une nouvelle tombe, probablement celle d’une épouse royale de la 18e dynastie, celle d’Akhenaton et de Toutankhamon il y a près de 3 500 ans, a été découverte à Louxor, la Thèbes des pharaons, révèlent samedi les autorités égyptiennes. Cette tombe royale a été mise au jour par des chercheurs égyptiens et britanniques sur la rive ouest du Nil, où se trouvent les célèbres vallées des Rois et des Reines, et les fouilles se poursuivent, explique Mostafa Waziri, patron des Antiquités égyptiennes, dans un communiqué. Mais, déjà, « les premiers éléments découverts jusqu’ici à l’intérieur de la tombe semblent indiquer qu’elle date de la 18e dynastie », considérée comme l’apogée et la période la plus prospère de l’Égypte antique, ajoute-t-il. Pour Piers Litherland, de l’Université de Cambridge, qui dirige l’équipe de chercheurs britanniques de cette mission, « cette tombe pourrait être celle d’une épouse royale ou d’une princesse de la lignée des Thoutmosides dont très peu ont été mises au jour » .

L'entrée de la tombe découverte à Louxor. Photo AFP/Ministère égyptien d'antiquités

L’intérieur de ce tombeau est « en mauvais état avec de nombreuses constructions et inscriptions détruites du fait des inondations de l’Antiquité qui ont rempli les chambres mortuaires de sédiments sableux et calcaires », ajoute l’archéologue égyptien Mohsen Kamel, également cité dans le communiqué. L’Égypte a révélé ces derniers mois plusieurs découvertes majeures, principalement dans la nécropole de Saqqara, au sud du Caire. Le pays de 104 millions d’habitants en grave crise économique compte sur ces annonces pour relancer le tourisme, frappé de plein fouet par la pandémie de Covid-19. Ce secteur qui emploie deux millions de personnes et génère plus de 10 % du PIB est en berne depuis le printemps arabe en 2011.

Le Caire promet depuis des mois l’ouverture imminente de son Grand musée égyptien, près du plateau de Gizeh, sans avoir jusqu’ici une date pour son inauguration. Beaucoup prévoyaient celle-ci en 2022, pour le bicentenaire du déchiffrement de la pierre de Rosette par le Français Jean-François Champollion et le centenaire de la découverte du tombeau de l’enfant-pharaon Toutankhamon.

Source : AFP

Terre de civilisations plurimillénaires, le Proche-Orient regorge de trésors archéologiques. En octobre 2022, nous avions signalé trois découvertes majeures faites dans cette région du monde : à savoir les 13 bas-reliefs assyriens monumentaux mis au jour à Faïda dans le Kurdistan, au nord de l’Irak, représentant chacun un roi assyrien devant lequel défile une procession de...

commentaires (2)

Excellente conclusion Hijazi

Eid Nasser

21 h 14, le 17 janvier 2023

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Commentaires (2)

  • Excellente conclusion Hijazi

    Eid Nasser

    21 h 14, le 17 janvier 2023

  • Tous les peuples du proche orient trouvent dans leur sol des stigmates historiques des ancêtres : les phéniciens,les cananéens,les pharaons……sans parler des grecs et des romains. Les israéliens cherchent depuis plus de soixante dix ans….. ils n’ont pas laissé deux pierres l’une sur l’autre ….ils n’ont rien trouvé …. Cela veut dire simplement que leur version sur leur appartenance historique sur cette terre est une plaisanterie….. que des tribus juives aient vécu dans cette région est fort plausible. Mais affirmer qu’une civilisation juive , qu’un peuple juif ait existé est une contre vérité ….l’archéologie le démontre bien dans cet article.

    HIJAZI ABDULRAHIM

    18 h 14, le 17 janvier 2023

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