Des partisans du Hezbollah assistent à l'allocution télévisée du secrétaire général du parti, Hassan Nasrallah, dans la banlieue sud de Beyrouth le 3 janvier 2023. Photo ANWAR AMRO / AFP
Le Hezbollah a condamné mardi les caricatures publiées par le journal satirique français Charlie Hebdo représentant le guide suprême de la République islamique d'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei. Cette série de dessins publiée mercredi dernier est jugée insultante par Téhéran, premier allié du parti chiite libanais.
Le "parti de Dieu" a également exhorté le gouvernement français à "punir" les auteurs de ces caricatures, qui surviennent huit ans après le tragique attentat terroriste qui avait décimé la rédaction de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 tandis qu'un autre avait pris pour cible, le 9 janvier suivant, le magasin Hyper Cacher. Ces dizaines de caricatures ont été publiées à l'issue d'un concours organisé en décembre par le journal satirique français, dont l'objectif était de réaliser "la caricature la plus drôle et méchante de Ali Khamenei, guide suprême de la République islamique d'Iran", secouée depuis plusieurs mois par des manifestations inédites après la mort en détention de la jeune Mahsa Amini.
"Horrible travail"
Dans un communiqué daté de mardi, le Hezbollah estime que "le magazine Charlie Hebdo commet de nouveau une offense et une agression contre notre sacré et nos valeurs, lui qui a porté de nombreuses fois atteinte à notre prophète Mahomet". Le parti chiite "condamne (ensuite) fermement l'horrible travail de ce magazine". "Nous le dénonçons avec la plus grande fermeté et appelons tous les citoyens libres et honorables dans le monde à le rejeter", poursuit le texte.
"L'imam Khamenei est non seulement le leader d'un grand État, mais aussi un imam de l'oumma et une référence religieuse pour des dizaines de milliers de croyants, un haut symbole de tout ce que représente l'humanité, la liberté, la dignité, la Résistance", poursuit le communiqué du parti, qui appelle "le gouvernement français à prendre des mesures fortes pour punir ceux qui ont commis ce travail (...) Nous voyons bien comment l'Occident agit avec les avis et positions lorsque ceux-ci s'opposent à ses intérêts politiques fondamentaux", estime également le texte sans préciser exactement à quoi il fait référence.
Avec la publication de ces dessins, Charlie Hebdo se retrouve au cœur d'une crise diplomatique. Téhéran a annoncé la fermeture de l'Institut français de recherche en Iran (IFRI), le plus ancien et le plus important centre de recherche française dans le pays, affilié au ministère français des Affaires étrangères. Et en Iran, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées dimanche devant l'ambassade de France à Téhéran pour brûler des drapeaux français en guise de protestations contre les caricatures. Charlie Hebdo avait déclaré avoir publié ces caricatures pour soutenir le peuple iranien lors du mouvement de contestation déclenché par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Iranienne de 22 ans décédée après son arrestation par la police des mœurs. Et malgré les critiques, le journal satirique persiste et signe avec de nouveaux dessins fustigeant le régime islamique. La Une du numéro à paraître aujourd'hui, qui fait écho à la précédente couverture, met en scène des religieux dans des situations à connotation sexuelle. A l'intérieur du journal, l'ayatollah Khamenei est croqué à plusieurs reprises en référence aux exécutions de manifestants par pendaison. "Les mollahs ne sont pas contents" du numéro spécial concocté par le journal à l'occasion du 8e anniversaire de la tuerie qui a décimé sa rédaction, résume son directeur, Riss, dans son édito. "Les caricatures de leur Guide suprême", publiées à l'issue d'un concours en soutien à la contestation déclenchée en septembre dans le pays, "ne semblent pas les avoir fait beaucoup rire", euphémise-t-il.
"Charlie Hebdo avait déclaré avoir publié ces caricatures pour soutenir le peuple iranien lors du mouvement de contestation déclenché par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Iranienne de 22 ans décédée après son arrestation par la police des mœurs". Bien sûr! En lisant les caricatures, les mollahs vont arrêter la répression illico presto...Vraiment, s'il y a des gens plus idiots que les "croyants" qui suivent les "fatwas" du Grand Ayatollah et de son prédecesseur, c'est bien la direction de Charlie Hebdo!
10 h 33, le 11 janvier 2023