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Économie - Titres de dette

Une situation économique pessimiste, créatrice d’opportunités « attractives », prédit l’EMFI

Alors que les eurobonds s’échangent contre environ 6 cents le dollar, leur acquisition présente aujourd’hui un bon rapport « bénéfice/risque », estime le cabinet londonien de conseil en investissements financiers.

Une situation économique pessimiste, créatrice d’opportunités « attractives », prédit l’EMFI

Malgré les prévisions pessimistes, les auteurs du rapport de l’EMFI estiment que les eurobonds libanais affichent toujours un «  rapport bénéfice/risque attractif  » à long terme. Photo J.R.B.

Le ton n’a pas changé. Dans son dernier rapport, faisant suite à celui publié en septembre, le cabinet de conseil en investissements financiers EMFI (Emerging Finance) basé à Londres dresse à nouveau un constat pessimiste quant à une amélioration de la situation économique et financière du Liban.

« Nous pensons que le vide actuel au pouvoir pourrait s’étendre sur toute l’année 2023 », estiment les auteurs du rapport, qui se disent « pessimistes quant au déblocage (des fonds prévus dans) l’accord avec le Fonds monétaire international », compte tenu de « l’absence d’urgence au sein de la classe politique ».

Annoncé en avril, cet accord préliminaire signé entre le Liban et le FMI porte sur un plan d’aide de trois milliards de dollars répartis sur quatre ans et « vise à soutenir la stratégie de réformes des autorités pour rétablir la croissance et la viabilité financière, renforcer la gouvernance, la transparence et augmenter les dépenses sociales et de reconstruction », précisait le Fonds dans un communiqué. Le déblocage de ces fonds reste lié à la mise en place de plusieurs réformes supposées remettre le pays sur la voie d’un redressement économique durable, des mesures qui tardent toutefois à être adoptées.

« Fragmenté, dysfonctionnel et improductif »
Quant aux attentes pour l’année prochaine, les auteurs ne mâchent pas leurs mots. « Le sentiment général (…) est que le pays ne va nulle part car les réformes nécessaires exigées par le Fonds monétaire (…) restent bloquées au niveau du Parlement, hautement fragmenté, dysfonctionnel et improductif. »

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En plus de cela, ils s’attendent à ce que la dévaluation officielle de la livre libanaise de 1 507,5 livres pour un dollar à 15 000 livres pour un dollar, et dont l’entrée en vigueur est annoncée à partir de février 2023, contribue à accélérer l’augmentation des prix. Cette dévaluation devrait aussi s’accompagner d’une dépréciation de la livre sur le marché parallèle, les autorités n’arrivant toujours pas à unifier les différents taux de change en vigueur. Si la parité moyenne est estimée à 26 765,6 livres pour un dollar en 2022, les auteurs du rapport s’attendent à ce qu’elle soit deux fois plus élevée l’année prochaine, l’estimant à 60 957,7 livres pour un dollar. Compte tenu de ces deux variables et du manque d’introduction de réformes économiques, l’inflation est par conséquent prévue à 259,4 % en 2023, contre 146,4 % en 2022.

Enfin, en ce qui concerne la croissance de l’économie libanaise en 2023, l’EMFI table sur une nouvelle contraction de l’activité économique : -1 % pour 2023 suite à un exercice 2022 lui aussi marqué par une croissance négative (-2,8 %). « Dans l’ensemble, nous pensons que le Liban connaîtra une autre année difficile (…) ressemblant plus à un scénario de stagnation qu’à un scénario de reprise », indiquent ainsi les auteurs du rapport. Le ralentissement de cette contraction, entamée il y a six ans selon les données de ce cabinet, pourrait laisser place à une reprise dès 2024. C’est en tout cas l’avis de la banque anglaise Standard Chartered, qui dans une note publiée il y a quelques jours, indiquait que le Liban devrait renouer avec la croissance à partir de 2024, y prévoyant un taux de 3,5 %, contre une croissance nulle en 2023 et contraction de 5 % en 2022. Parallèlement à ce redressement, la banque mise aussi sur l’amélioration de l’indice des prix à la consommation. Le taux d’inflation devrait donc baisser de 200 % en 2022, à 175 % en 2023 et à 150 % en 2024. Reste à noter que la Banque mondiale fait état d’une contraction du PIB de 5,4 % et d’un taux d’inflation de 186 % pour 2022, sans toutefois s’avancer sur des prévisions pour les années à venir.

Rachat d’eurobonds
À la lumière de ces données, et malgré les prévisions pessimistes, les auteurs du rapport estiment que les eurobonds libanais (titres de dette libellés en dollars et sur lesquels le Liban a fait défaut en mars 2020) affichent toujours un « rapport bénéfice/risque attractif » à long terme, compte tenu de leurs prix « extrêmement réduits », oscillant autour de la barre des 6 cents pour un dollar en fonction de leur échéance. Cela veut dire qu’un investisseur ne peut actuellement récupérer qu’environ 6 % de leur valeur de base en les revendant à d’autres investisseurs.

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Or, selon une modélisation réalisée par une équipe de l’EMFI, tenant compte de plusieurs facteurs, les rendements annuels pourraient être compris « entre 17 et 136 % » à long terme. Ces estimations tiennent aussi compte des intérêts qui auraient dû être versés sur les titres de dette, soit 7 milliards de dollars qui s’ajoutent aux 31,3 milliards de dollars de principal, qui ne valent qu’un peu moins de 2 milliards de dollars aujourd’hui à cause du prix actuel des eurobonds.

Il y a trois mois, l’ancien ministre du Travail et spécialiste du marché des titres de dette, Camille Abousleiman, maintenait que le Liban avait intérêt à racheter une partie de sa dette extérieure à des prix « extrêmement bas ». « Toute portion rachetée permettra au Liban d’économiser des montants considérables au moment de la restructuration (qui consistera en une opération d’échange des anciens titres contre de nouveaux aux conditions agréées par les parties, NDLR) et lui permettra d’améliorer sa position lors des négociations avec les autres détenteurs », indiquait-t-il en septembre dernier à L’Orient-Le Jour. À l’époque, les eurobonds valaient 6,5 à 6,9 cents le dollar. Aujourd’hui, leur valeur se situe plutôt aux alentours de 6 cents le dollar, certains valant encore moins, selon les chiffres du cabinet.

Le ton n’a pas changé. Dans son dernier rapport, faisant suite à celui publié en septembre, le cabinet de conseil en investissements financiers EMFI (Emerging Finance) basé à Londres dresse à nouveau un constat pessimiste quant à une amélioration de la situation économique et financière du Liban.« Nous pensons que le vide actuel au pouvoir pourrait s’étendre sur toute...

commentaires (3)

LA LIBRE EXPRESSION REFUSE LA CENSURE.

LA LIBRE EXPRESSION

15 h 40, le 19 décembre 2022

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Commentaires (3)

  • LA LIBRE EXPRESSION REFUSE LA CENSURE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 40, le 19 décembre 2022

  • Eh oui ! L'etat Libanais va pouvoir se debarasser de sa dette a bon marche SANS que les epargnants ne soient jamais rembourses. La canaille politichienne mafieuse a bien prepare son coup.

    Michel Trad

    09 h 11, le 19 décembre 2022

  • Vendre 2milliards de l'or, pour acheter tous les euro bonds. Ce serait peut-être une bonne idée.

    Esber

    08 h 05, le 19 décembre 2022

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