Piloté par le turban iranien, le laboratoire libanais carbure à pleins gaz et l’on est prié d’attendre religieusement le chef d’État magique qui s’apprête à éclore de la manche d’Istiz Nabeuh. Le tandem barbant imberbo-barbu n’en est pas encore au stade « coucou, la
voilà!», mais il s’active vachement, le bougre. D’abord à coups de pensums idiots déversés par ses entonnoirs locaux, qui trouvent normal qu’un président de la République soit bricolé à partir d’un fourre-tout, non pas pour remettre le Liban sur pied, non pas pour mettre en place les réformes indispensables au redémarrage du pays… mais pour servir de cache-sexe au Parti des mille et une barbes qu’il s’engagera à ne rien lui planter par derrière.
Au vu du cirque gesticulatoire qui s’éternise, les futures kermesses parlementaires promettent en tout cas d’être lumineuses : on continuera de voir défiler un caravansérail de députés, certains à la mine compassée, d’autres au rire épais, rivalisant de créativité pour aboutir au chou blanc final. Le plus poilant est qu’il se trouve encore des niaiseux qui s’intéressent à ce grenouillage comme si leur vie en dépendait. Suce-pince haletant, toute la République retient ses sphincters…
Un pays entier est donc là, torve et béat, haletant de savoir : si le Basileus va poursuivre sa danse du ventre devant les Qataris des sables, si Mikou va rameuter une fois de plus son gouvernement de bras cassés, si le Tenancier haut perché du Parlement engagera un rebouteux pour rafistoler sa table du dialogue dont tout le monde se fout, si, à défaut de Michel Moawad et de Joseph Aoun, on ne mélangerait pas le prénom du premier et le nom du deuxième en vue de nous ramener l’Ancêtre orange pour un dernier tour de piste avant l’enfer... Bref, rien que du planétaire qui donne la chair de volaille et défrise le poil intime !
À l’heure où notre dette publique atteint la moitié de celle de toutes les Russies, où le jus d’EDL exsude ses dernières gouttes, où la livre a définitivement décroché du dollar pour s’arrimer à parité avec un seul carré de p-cul, s’affubler d’un nouveau pensionnaire à Baabda serait pour sûr le Graal ultime.
Mais pourquoi se presser, si on peut encore y passer l’hiver, voire l’été prochain en palabres et causettes, à alterner mandales entre ennemis et pelotages entre amis… On se croisera encore et encore, on se saluera, pinaillera sur des détails débiles, comme celui de définir si le Liban est un pays ou un paysage. Puis, comme d’habitude, les grands principes finiront dans le grand partage.
Résumé de la semaine : bavardage à vide, vociférations et néant mental. Libanais, serrez-vous bien la ceinture ! Encore 50 ans à ce train, et… vous en aurez l’habitude !
gabynasr@lorientlejour.com
Merci Gaby ! Tu me fait un bien fou ! J'étais pliée en deux de rire en te lisant !! Stp continue de nous régaler avec ta verve phénoménale !!
22 h 18, le 16 décembre 2022