Un haut responsable du Hezbollah a démenti jeudi l'implication du parti dans un "incident involontaire" survenu la nuit précédente, au cours duquel un soldat irlandais a été tué et trois autres blessés dans le cadre d'une mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban-sud.
Wafic Safa a déclaré à Reuters que son parti présentait ses condoléances "après l'incident involontaire qui a eu lieu entre les résidents de Aaqibiyé et des individus du contingent irlandais", et a demandé que le parti ne soit pas "impliqué" dans l'incident.
Plus tôt dans la journée, le député Ali Fayad, affilié au Hezbollah, a déclaré à sa sortie du Parlement après une séance d'élection présidentielle que "tout le monde a intérêt à la stabilité du sud."
Le porte-parole de la FINUL, Andrea Tenenti, a déclaré jeudi matin à L'Orient Today qu'un soldat irlandais servant dans la force de maintien de la paix de l'ONU au Sud-Liban a été tué mercredi soir et que trois autres soldats ont été blessés dans un "incident" dans le village de Aaqibiyé, en dehors de la zone d'opérations de la FINUL au Sud-Liban.
Selon les Forces de défense irlandaises, un convoi de deux véhicules utilitaires blindés transportant huit personnes se rendant à Beyrouth a essuyé des "tirs d'armes légères". "Quatre militaires ont été emmenés à l'hôpital Raï, près de Saïda, à la suite de l'incident. Un soldat a été déclaré mort à son arrivée à l'hôpital et un autre a subi une intervention chirurgicale et se trouve dans un état grave", a déclaré l'armée irlandaise dans son communiqué à la suite de l'incident. "Les deux autres soldats sont traités pour des blessures mineures. Les quatre autres membres du convoi n'ont pas été blessés et sont sains et saufs", ajoute le communiqué.
Sept balles ont transpercé le véhicule des Casques bleus irlandais visé par une attaque au Liban sud, dont le chauffeur a été tué par une balle à la tête, a indiqué pour sa part une source judiciaire libanaise jeudi à l'AFP. Selon cette source, les trois autres soldats à bord ont été blessés lorsque le véhicule a ensuite percuté un pylône et s'est renversé. Les forces de sécurité "sont à la recherche de personnes suspectes", a ajouté cette source.
Coups de feu
Bassam Jaafar, le mokhtar du village dans lequel l'incident a eu lieu, a déclaré à L'Orient Today que les habitants ont essayé d'arrêter le véhicule de la FINUL car, selon lui, les convois de Casques bleus ne sont "pas autorisés dans le village mais seulement sur les routes principales."
M. Jaafar a déclaré que le véhicule de la FINUL a tenté d'échapper aux habitants qui lui barraient la route et, ce faisant, a heurté et blessé l'un des résidents. Le mokhtar a ajouté que des coups de feu ont alors été tirés, mais que leur origine reste inconnue. "Laissons les forces de sécurité enquêter sur cette affaire", a-t-il déclaré.
Deux véhicules de la Finul se dirigeaient vers Beyrouth quand ils ont été séparés, "l'un d'eux ayant été encerclé par une foule hostile", a précisé le ministre irlandais des Affaires étrangères et de la Défense, Simon Coveney à la radio nationale irlandaise RTE. Avant une réunion du Conseil de sécurité à l'ONU, M. Coveney a pris la parole pour annoncer que le soldat irlandais est décédé après qu'une "foule a attaqué le véhicule" de la Finul. Revenant sur l'incident, il a précisé que la victime était âgée de 23 ans. Trois enquêtes seront menées sur cette affaire, a-t-il annoncé : une par l'Irlande, une par les Nations unies et la troisième par le Liban. Le Premier ministre et le ministre libanais de la Défense a par ailleurs assuré à M. Coveney que les autorités libanaises "coopéreront pleinement" à l'enquête irlandaise.
Un photographe de l'AFP a vu dans le village de Aaqibiyé un véhicule de la Finul qui a percuté un magasin, sur une route menant vers la ville de Saïda plus au nord, à une quarantaine de km au sud de Beyrouth.
Selon des témoins interrogés par l'AFP, la voiture a été interceptée par des habitants alors qu'elle empruntait une voie côtière qui n'est pas habituellement utilisée par les Casques bleus.
Le chauffeur semble avoir perdu le contrôle du véhicule en tentant de fuir le secteur selon eux. Les témoins ont indiqué avoir entendu des coups de feu.
Des forces de la Finul étaient déployées sur place jeudi matin, ainsi que des soldats de l'armée libanaise qui ont confisqué les caméras de surveillance, selon l'AFP.
Détails "épars et contradictoires"
Dans des déclarations à la presse à Bruxelles, le Premier ministre irlandais, Micheal Martin, s'est dit "profondément choqué et très attristé", et jugé "prudent d'attendre une enquête plus complète et une analyse".
"Nous présentons nos plus sincères condoléances aux amis, à la famille et aux collègues du casque bleu décédé. Nous espérons un rétablissement complet et rapide pour les personnes blessées," a déclaré Andrea Tenenti dans un communiqué. "Pour le moment, les détails sont épars et contradictoires. Nous coordonnons avec les forces armées libanaises et avons lancé une enquête pour déterminer ce qui s'est passé exactement", a ajouté M. Tenenti.
Le ministre irlandais des Affaires étrangères et de la Défense, Simon Coveney, a évoqué un "incident grave" sans donner plus de détails, selon l'AFP.
Au niveau international, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est dit "profondément attristé" jeudi par la mort d'un Casque bleu, a déclaré son porte-parole. Il a demandé "qu'une enquête rapide soit menée par les autorités compétentes pour déterminer les faits et établir les responsabilités".
La France, qui a un contingent au sein de la Finul, a, elle, condamné "avec la plus grande fermeté" l'attaque, appelant au calme. Elle a demandé "une enquête sans délais ni entraves afin que les auteurs de cette attaque puissent être traduits en justice", selon Anne-Claire Legendre, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Mikati contacte les chefs de l'armée et de la Finul
Côté politique, la coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, Joanna Wronecka, a tweeté : "Profondément attristée par la mort du soldat de la paix irlandais de la FINUL. Condoléances sincères à sa famille, à Aroldo Lazaro et à tous les soldats de la paix au Liban-sud. Nous souhaitons un prompt rétablissement aux blessés. Une enquête rapide et approfondie pour déterminer les faits de ce tragique incident est cruciale."
Le Premier ministre sortant Nagib Mikati a exprimé sa "profonde douleur" à la suite de l'incident, exprimant ses condoléances pour le décès du Casque bleu irlandais ainsi que ses vœux de rétablissement pour les blessés. Dans un communiqué publié par le Grand Sérail, M. Mikati a affirmé "la nécessité pour les autorités compétentes de mener les enquêtes nécessaires pour comprendre les circonstances de l'incident et empêcher que cela se produise à nouveau".
M. Mikati a également contacté le commandant en chef de l'armée libanaise Joseph Aoun ainsi que le commandant en chef de la Finul, le major-général Aroldo Lázaro, pour s'enquérir des circonstances de l'incident. Il a également adressé ses condoléances au président irlandais Michael Higgins et au secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
De son côté, le ministère libanais des Affaires étrangères a "condamné fermement l'incident désolant" qui s'est produit, présentant ses condoléances "à l'Irlande, son gouvernement et son peuple". Il a rappelé l'importance du rôle de la Finul dans la "protection de la sécurité au Liban-sud".
Le président du Parlement, Nabih Berry, a pour sa part appelé le chef de la Finul, Aroldo Lázaro Sáenz, pour lui exprimer ses condoléances et "souhaiter le rétablissement des blessés", a indiqué le bureau du chef du Législatif dans un communiqué.
Les attaques contre les soldats de la FINUL ne sont pas inhabituelles lors du passage des convois au Liban-sud, une région considérée comme un bastion du Hezbollah. C'est toutefois la première fois qu'un Casque bleu est tué dans des violences au Liban depuis janvier 2015. Un militaire espagnol avait alors été tué par des tirs de l'armée israélienne, lors d'une escalade de violences à la frontière entre Israël et le Hezbollah.
Présente au Liban depuis 1978, la Force intérimaire des Nations unies au Liban, composée de près de 10.000 soldats, est déployée dans le sud du pays pour servir de tampon entre Israël et le Liban, deux pays qui restent techniquement en état de guerre après différents conflits.
Le 31 août dernier, le Conseil de sécurité de l'ONU a renouvelé pour un an le mandat de la Finul, mais en modifiant légèrement la formulation. La Finul, qui coordonne régulièrement ses patrouilles et ses mouvements dans sa zone d'opérations avec l'armée libanaise, est désormais "autorisée à mener ses opérations de manière indépendante". Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait alors condamné la modification du mandat des Casques bleus, estimant qu'il constituait une "violation de la souveraineté libanaise".
Toutes les zones où le hezb à caché des armes en violation des résolutions internationales, sont interdites de présence aux casques bleus. Le hezb sait ,qui a tiré , de quelle arme , et combien de balles ….! Quand à démentir leur lien avec ce qui s’est passé, c’est un peu comme l’assassinat de Hariri, les exécutants étaient tous membres du parti, mais le parti n’avait rien à voir avec ….
08 h 40, le 16 décembre 2022