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Politique - Exécutif

Mikati convoque un Conseil des ministres envers et contre tous

Le chef du gouvernement démissionnaire table sur la présence d’au moins deux tiers des ministres.

Mikati convoque un Conseil des ministres envers et contre tous

Le Premier ministre sortant Nagib Mikati présidant un Conseil des ministres le 27 janvier 2022. Photo d’archives AFP

Le suspense autour de la tenue d’une réunion du Conseil des ministres, souhaitée par le chef du gouvernement démissionnaire, Nagib Mikati, a été finalement levé hier soir. « Je me réunirai avec ceux qui répondront à l’appel », a indiqué à L’OLJ hier le Premier ministre sortant qui venait de fixer la réunion pour lundi prochain à onze heures. Dans la foulée de cette annonce, l’ordre du jour de ce Conseil a été publié par le secrétariat du Premier ministre. Y figurent 65 points, parmi lesquels une demande de validation d’une requête de la Banque du Liban pour le versement de 35 millions de dollars sur trois mois afin de couvrir l’achat de médicaments et denrées de première nécessité. On y trouve également des aides à l’armée ou encore des demandes de financements pour la réhabilitation des bâtiments vétustes à Tripoli.

Avant de rendre sa décision définitive, Nagib Mikati a tâté en amont le terrain pour voir qui parmi les ministres était disposé à répondre à l’appel. « Pour l’instant, il mène des contacts avec chacun des ministres pour tester leur volonté », confiait la veille à L’OLJ un proche du Sérail. Des efforts qui se seraient finalement soldés par un refus de coopérer du côté aouniste. Selon des sources proches du Premier ministre sortant, cette réunion n’a pas pu être décidée sans le feu vert implicite du Hezbollah dont les ministres – Ali Hamiyé et Moustapha Bayram – devront en principe être présents, à en croire certains médias. Contacté par notre journal, le Hezbollah n’a pas donné suite à notre appel.

Eclairage

Après le départ de Aoun, Mikati a le vent en poupe

Le passage à l’acte de Nagib Mikati a provoqué le courroux du Courant patriotique libre pour lequel il est hors de question de revenir sur une question de principe exprimée à maintes reprises. « Notre position est claire : nous refusons la normalisation du fonctionnement des institutions en l’absence d’un président de la République et en présence d’un gouvernement qui expédie les affaires courantes et qui n’a pas la confiance du Parlement », a indiqué le député Alain Aoun à L’OLJ. Toutefois, des sources proches du Sérail indiquent à L’OLJ que deux des ministres comptés dans les rangs du camp aouniste devraient en principe faire acte de présence, sur un ensemble de 7 ministres, si l’on compte le ministre des Déplacés relevant du leader druze Talal Arslane. Selon un responsable au sein du CPL qui a requis l’anonymat, au moins 4 à 5 cinq ministres devraient en principe boycotter la réunion. « Nous n’avons toutefois pas le nombre définitif », a-t-il précisé. L’hésitation viendrait notamment des ministres considérés comme proches de Michel Aoun, l’ancien chef de l’État, à savoir Hector Hajjar, le ministre des Affaires sociales, et Georges Bouchikian, ministre de l’Industrie, qui n’auraient pas encore pris de décision finale.

Le Hezbollah tente une médiation

C’est donc sur un terrain miné que Nagib Mikati va tenter d’avancer lundi prochain. Face à l’intransigeance du camp aouniste dont les ministres pourraient boycotter une telle réunion, le fossé risque de s’agrandir.

Selon notre chroniqueur politique Mounir Rabih, M. Mikati avait pourtant essayé en amont, avec l’aide du président du Parlement Nabih Berry, de parvenir à une formule consistant à éviter de soumettre en Conseil des ministres tout dossier considéré comme conflictuel. L’idée était de faire en sorte de ne pas empiéter d’une manière ou d’une autre sur les prérogatives du président. On apprenait également que le Hezbollah a de son côté tenté de jouer la médiation pour rapprocher les points de vue. Sans réussir, apparemment.

Pour mémoire

Mikati réitère son soutien à Frangié : Il pourrait constituer un "duo gagnant" avec Berry

Par cette annonce, le Premier ministre donne suite aux propos qu’il avait tenus dimanche à la télévision, comme pour préparer en amont l’opinion publique : « La Constitution m’autorise à convoquer le Conseil des ministres, et je le ferai », avait-il promis. « C’est le Conseil des ministres qui occupe aujourd’hui la place du président, pas Nagib Mikati », avait-il encore précisé.

Le ministre de l’Information, Ziad Makary, proche des Marada, a affirmé en soirée qu’il serait lui aussi présent, ainsi que quatre autres ministres chrétiens, selon la LBCI, ce qui signifie qu’une représentation chrétienne sera assurée. Une présence qui devrait invalider d’emblée les accusations selon lesquelles cette réunion « n’est pas conforme au pacte national », comme l’a souligné hier soir le député du bloc aouniste Ibrahim Kanaan. Le ministre de l’Environnement, Nasser Yassine, sunnite, a lui aussi confirmé sa participation, ainsi que le ministre indépendant des Télécoms Johnny Corm.

« Si plus d’un tiers des ministres sont absents, Nagib Mikati ne pourra pas tenir la réunion », commente Wissam Laham, constitutionnaliste. Un avis que semble partager M. Mikati qui affirme à L’OLJ que « le quorum nécessaire est de deux tiers », comme pour dire que la présence des deux tiers des ministres au moins, c’est-à-dire 16, est déjà assurée. Les dossiers abordés ne seront pas cruciaux et ne requièrent que la moitié des voix des participants pour être approuvés, a-t-il précisé.

« Une campagne programmée »

Outre le débat constitutionnel houleux que cette séance risque de susciter, elle annonce d’ores et déjà la reprise de plus belle des tiraillements politiques. Dans un communiqué publié aussitôt la décision de Nagib Mikati prise, le CPL a tiré à boulets rouges sur le Premier ministre sortant, affirmant que celui-ci « s’abstient délibérément de respecter les prérogatives du gouvernement dans le cadre de ses compétences décrites par la Constitution ». Le CPL a estimé que le Premier ministre sortant « émet des décrets anticonstitutionnels et prend des décisions illégales au nom de compétences qu’il ne possède pas ». Le parti chrétien a en outre dénoncé « une campagne politique programmée » et critiqué une réunion du Conseil des ministres en violation de la Constitution et « sous prétexte de garantir des financements de première nécessité ». Pour le CPL, la priorité est à l’élection du président. Le 3 novembre dernier, le Parlement a appelé le chef du gouvernement à poursuivre sa mission à la tête d’un gouvernement d’expédition des affaires courantes afin d’assurer la stabilité et le bon fonctionnement des institutions. Officieusement, le chef du gouvernement sortant a été appelé à éviter la provocation. Ce compromis avait été trouvé après que le chef de l’État, Michel Aoun, a envoyé, au dernier jour de son mandat, une lettre au Parlement pour lui demander de retirer à Nagib Mikati son statut de Premier ministre désigné ou du moins pour prendre les mesures nécessaires afin de le forcer à assumer ses responsabilités. M. Aoun avait envoyé cette lettre après avoir signé le décret de démission du cabinet de Nagib Mikati, une démarche sans valeur constitutionnelle, l’équipe en question étant devenue de facto démissionnaire après les législatives de mai dernier.

« Lors de cette séance, l’Assemblée est convenue qu’en cas de besoin d’extrêmes urgence et importance, le Premier ministre devra consulter les blocs parlementaires en amont d’une telle invitation », précise Alain Aoun.

Macron et Biden appellent le Liban à élire un président

En visite officielle aux États-Unis, le président français Emmanuel Macron a abordé le dossier libanais avec le président américain Joe Biden. Les deux dirigeants ont évoqué jeudi soir la nécessité, pour le Liban, d’élire un nouveau président de la République, le pays n’ayant toujours pas réussi à désigner un successeur à Michel Aoun, dont le mandat est arrivé à expiration le 31 octobre. Les députés ont échoué jeudi, à l’issue d’une huitième séance électorale, à élire un nouveau président faute de consensus sur un candidat, comme cela est de coutume au Liban. « La France et les États-Unis sont déterminés à poursuivre leurs efforts conjoints pour inciter les leaders libanais à élire un président et à mettre en place les réformes nécessaires », indique la Maison-Blanche dans un communiqué. « La France et les États-Unis sont déterminés à travailler de pair pour soutenir la paix et la prospérité au Moyen-Orient », poursuit le texte. Depuis plusieurs semaines, le président français intensifie ses contacts avec les autres pays influents sur la scène libanaise, dont les États-Unis et l’Arabie saoudite, pour que le Liban se dote d’un nouveau chef de l’État. Il avait évoqué cette question à deux reprises en novembre avec le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane. En visite au Liban en début de semaine, une délégation du Congrès américain avait insisté sur l’élection d’un président et rappelé « l’attention portée par les États-Unis au Liban quelles que soient les circonstances ».

Hier, le secrétaire d’État du Vatican Pietro Parolin a lui aussi appelé les responsables libanais à « s’entendre rapidement pour choisir un président », exprimant la « grande inquiétude » du Saint-Siège face à l’impasse politique. Lors d’une réunion avec le ministre sortant des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib à Rome, Mgr Parolin a fait part de sa « grande inquiétude quant à l’incapacité des députés libanais à élire un nouveau président après plusieurs séances parlementaires », selon des propos rapportés par l’Agence nationale d’information. Il a ainsi incité les responsables libanais à « s’entendre rapidement pour choisir un président ».

Le suspense autour de la tenue d’une réunion du Conseil des ministres, souhaitée par le chef du gouvernement démissionnaire, Nagib Mikati, a été finalement levé hier soir. « Je me réunirai avec ceux qui répondront à l’appel », a indiqué à L’OLJ hier le Premier ministre sortant qui venait de fixer la réunion pour lundi prochain à onze heures. Dans la foulée de cette...

commentaires (11)

UN ETAT NI BANAIER NI ATOLL MAIS BORDELIQUE DE A A Z PAR EXCELLENCE ! KELLON YE3NE KELLON... LIBANAISES/LIBANAIS PEUPLE DU LIBAN LIBRE ET DEMOCRATIQUE OU ES-TU ? TON PAYS EST DEVENU UN GRAND BORDEL. TU AS PEUR DE L,AUJOURD,HUI COMME DU LENDEMAIN ET DE TON DEVENIR ET CELUI DE LA TERRE DE TES AIEUX. LES VENDUS TE GOUVERNENT ET VEULENT CHANGER JUSQU,A TES MOEURS ET TES CROYANCES. AILLEURS ILS ONT NETTOYE LES BORDELS ET CHASSE LES BORDELIQUES. HAUSSE TA TAILLE ET NETTOIE LES TOUTES LES ETABLES D,AUGIAS !

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 03, le 04 décembre 2022

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Commentaires (11)

  • UN ETAT NI BANAIER NI ATOLL MAIS BORDELIQUE DE A A Z PAR EXCELLENCE ! KELLON YE3NE KELLON... LIBANAISES/LIBANAIS PEUPLE DU LIBAN LIBRE ET DEMOCRATIQUE OU ES-TU ? TON PAYS EST DEVENU UN GRAND BORDEL. TU AS PEUR DE L,AUJOURD,HUI COMME DU LENDEMAIN ET DE TON DEVENIR ET CELUI DE LA TERRE DE TES AIEUX. LES VENDUS TE GOUVERNENT ET VEULENT CHANGER JUSQU,A TES MOEURS ET TES CROYANCES. AILLEURS ILS ONT NETTOYE LES BORDELS ET CHASSE LES BORDELIQUES. HAUSSE TA TAILLE ET NETTOIE LES TOUTES LES ETABLES D,AUGIAS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 03, le 04 décembre 2022

  • Soyons clair. Mikati n'entreprend rien sans l'accord du parti inféodé à l'Iran. Et ce parti a su diviser les partis chrétiens par les moyens faciles que tout le monde connaît. Par conséquent, ni président de la République, ni gouvernement. Et voici Mikati qui ne voit aucun obstacle pour faire ce qu'il considère son travail. Le 7 juillet 1981,Bachir a unifié la parole des chrétiens avec la" bénédiction", et grâce à la sagesse du Grand Camille Chamoun. On attend un autre Bachir pour unifier les rangs dispersés, en usant de sagesse, et de façon pacifique. Mais, on rêve.

    Esber

    12 h 50, le 04 décembre 2022

  • APRES LE DEPART DE L,INCOMPETENCE A LA TETE DE L,ETAT RENOMMEE POUR SES BLOCAGES HISTORIQUES, VOILA L,INCOMPETENCE DE LA DEUXIEME TETE DE L,ETAT AVEC LES INCOMPETENTS QUI LA CONSEILLENT, ET IL NE FAUT PAS REPETER CELLE DE LA TROISIEME TETE DE L,ETAT AVEC LES VOYOUS QU,ELLE LACHE SOUVENT DANS LES RUES DES AUTRES. LORSQUE LES TETES SONT POURRIES QUE PEUVENT-ON ATTENDRE DE BON ET DE QUI ? SEUL LE PEUPLE PEUT Y REMEDIER. MAIS OU EST LE PEUPLE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 36, le 04 décembre 2022

  • Je ne sais pas si il est inconstitutionnel ou pas, en revanche je suis persuadé que c’est un incompétent en politique et en gestion des services de l’Etat. Cependant il est brillant dans ses affaires personnelles puisqu’il est milliardaire. Ne faites pas de rapprochement, ça saute aux yeux.

    Lecteur excédé par la censure

    21 h 33, le 03 décembre 2022

  • Monsieur Mikati a raison ! Les gens ont la critique facile : quand le gouvernement n'agit pas on critique et quand il agit... on critique! Le Liban souffre d'immobilisme, Monsieur Mikati a raison de passer à l'action. Allez allez au travail !

    K1000

    19 h 15, le 03 décembre 2022

  • Le surplace idiot ! Parce qu’il prennent les citoyens pour des idiots. Et qu’ils savent qu’ils ne peuvent faire que de la figuration , dans un Etat, mort. Et que de toutes manières, ils devraient être devant un tribunal, et non, là, où ils sont !

    LeRougeEtLeNoir

    18 h 36, le 03 décembre 2022

  • parmi les points à l'ordre du jour, des décisions qui concernant la (sur)vie journalière des citoyens. indépendamment qu'on soit pour ou contre politiquement, est-ce qu'on préfère boycotter et encourager l'immobilisme plutôt que de laisser certains prendre leurs responsabilités?

    N.A.

    15 h 29, le 03 décembre 2022

  • Très bonne analyse Madame « en amont  ».

    Hitti arlette

    14 h 19, le 03 décembre 2022

  • La chute de Mikati sera fracassante tout comme celle de tous vendus qui ont usé et abusé de leur pouvoir usurpé. Encore faut il que ce peuple libanais se rassemble dans un dernier souffle pour défendre la constitution, les lois et la démocratie de son pays qui sont devenues un vice dans un pays où seule la tyrannie, le vol et la trahison les ont remplacés pour venir à bout d’un pays peuplé de mauviettes qui se contentent de céder à leurs tortionnaires par peur du pire qu’ils ont déjà dépassé depuis belle lurette en croyant que demain ce sera mieux malgré toutes les évidences qu’il n’y aurait pas de demain mais une continuité des décennies de paralysie, de vols et de dictature qui produisent un effet d’une longue agonie pour les achever dans le but de régner sans partage puisque personne ne se met en travers de leur chemin pour les arrêter.

    Sissi zayyat

    11 h 56, le 03 décembre 2022

  • A part un hypothetique president de la republique, il ne reste plus beaucoup de chrétiens au Liban. Un travail de sape a été orchestré pour modifier le vrai visage du Liban. A part la moumana’a , le CPL a , pour des raisons bassement politiciennes, largement participé à vider le pays de ses élites. Récuperer les droits des chrétiens en se plaçant sous la botte du Hezb n’était pas le bon choix. La preuve !

    Goraieb Nada

    08 h 45, le 03 décembre 2022

  • Geste déplorable de Mr Mikati qui montre qu’il est soumis au Hezbollah autant que le sont le vieillard et son gendre oranges. Comment un chef de gouvernement démissionnaire qui plus est peut-il accepter de faire semblant de gouverner alors que les partis ennemis de la patrie bloquent l’élection de la première magistrature. Et de plus gouverner avec des ministres proches de ces mêmes partis anti-nationaux.

    Citoyen libanais

    08 h 15, le 03 décembre 2022

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