
Le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, lors de son entretien télévisé à la LBCI, le 27 novembre 2022. Capture d'écran LBCI
Le Premier ministre libanais sortant, Nagib Mikati, campe sur son choix. Comme il l'avait déjà annoncé il y a deux semaines, il a réitéré dimanche soir son soutien à la candidature de Sleiman Frangié, laissant entendre que le chef du mouvement Marada et favori du Hezbollah à la présidentielle pourrait même être soutenu par les députés sunnites.
M. Mikati a par ailleurs assuré qu'il était prêt à convoquer le Conseil des ministres, en invoquant la Constitution. Plusieurs de ses détracteurs lui reprochent de vouloir prendre la place du président de la République et assumer ses prérogatives, alors que son gouvernement est démissionnaire et chargé seulement d'expédier les affaires courantes depuis mai dernier.
Lors des sept premières séances consacrées à l'élection présidentielle, les députés libanais ont échoué à élire un nouveau chef de l'Etat pour succéder à Michel Aoun, qui a quitté ses fonctions le 31 octobre. Le nom de Frangié a été inscrit sur un bulletin lors de la sixième séance de scrutin, pour la première et unique fois.
Un "arbitre entre les Libanais"
Dans une longue interview accordée au journaliste Mario Abboud sur la LBCI, M. Mikati a affirmé que "Sleiman Frangié est une personnalité politique pleinement consciente de l'histoire du Liban, qui peut faire office d'arbitre entre les Libanais, et j'espère qu'il accèdera à la présidence de la République".
"Lorsque la candidature (de M. Frangié) sera sérieuse, les députés sunnites prendront une position qui sert l'intérêt national" a ajouté M. Mikati, suggérant par là que les parlementaires sunnites suivront sa propre position et finiront par voter pour le chef des Marada. "MM. Berry et Frangié peuvent former un duo gagnant, et je préfère que le nouveau président soit avec un camp politique pleinement nouveau. M. Frangié a cette capacité d'ouverture sur le monde arabe, et il peut résoudre tous les problèmes", a-t-il même insisté, évoquant les bonnes relations entre le candidat et le président de la Chambre Nabih Berry, chef du mouvement Amal et allié du Hezbollah.
Toujours sur l'élection présidentielle, M. Mikati, qui n'est pas lui-même député, a appelé à ce que le Parlement "se réunisse de manière permanente" pour cette élection, tout en évoquant l'appel au dialogue et au consensus souhaité par M. Berry.
"Avec tout mon respect pour M. Aoun..."
Alors que certains, dont le camp de l'ex-président Michel Aoun, reprochent à M. Mikati de vouloir s'arroger les prérogatives et les compétences du président de la République, le Premier ministre a souligné que "c'est le Conseil des ministres qui occupe aujourd'hui la place du président, pas Nagib Mikati". "Avec tout mon respect pour M. Aoun, je pense que des mains extérieures à sa volonté bloquent la formation d'un gouvernement", a-t-il lancé, soulignant que tous les propos tenus lors de ses réunions avec l'ex-chef de l'Etat autour de la mise sur pied du cabinet parvenaient au "président de l'ombre" via des "microphones" dissimulés.
Avec l'expression "président de l'ombre", M. Mikati fait référence au chef du Courant patriotique libre (CPL) Gebran Bassil, gendre de M. Aoun. Avant le départ de Michel Aoun, les négociations entre les deux hommes pour former un nouveau gouvernement avaient échoué, tournant à l'imbroglio. Tous deux avaient multiplié les critiques l'un envers l'autre, s'accusant mutuellement de bloquer ce dossier dans un Liban déjà exsangue. Le CPL accusait notamment M. Mikati de l'empêcher de choisir les ministres devant relever de son camp.
Réagissant aux accusations de M. Mikati, Michel Aoun a répondu, dans un communiqué, que l'entretien télévisé de dimanche soir "comportait de nombreuses erreurs et déformations de la vérité", malgré le fait que "des clarifications ont été publiées précédemment sur les circonstances de la formation d'un nouveau gouvernement avant la fin du mandat présidentiel".
"La Constitution m'autorise à convoquer des séances de Conseil des ministres, et je le ferai. Que chacun prenne ses responsabilités", a par ailleurs promis le chef du gouvernement sortant dans son entretien. Le Parlement avait tranché que le gouvernement sortant peut continuer à expédier les affaires courantes.
Évoquant la situation économique catastrophique du Liban, M. Mikati a assuré que les denrées alimentaires seront exemptées du nouveau taux du dollar douanier, qui doit passer à 15.000 livres libanaises le 1er décembre. "Je demanderai aux services de sécurité de surveiller l'application du dollar douanier et de ne pas vendre les denrées qui étaient préalablement stockées aux nouveaux prix" revus après augmentation du taux du dollar, a promis le chef du gouvernement sortant. L'application de cette mesure fait craindre une inflation accrue, dans un pays où les prix ont déjà explosé depuis 2019.
Le Premier ministre libanais sortant, Nagib Mikati, campe sur son choix. Comme il l'avait déjà annoncé il y a deux semaines, il a réitéré dimanche soir son soutien à la candidature de Sleiman Frangié, laissant entendre que le chef du mouvement Marada et favori du Hezbollah à la présidentielle pourrait même être soutenu par les députés sunnites.M. Mikati a par ailleurs assuré qu'il...
commentaires (17)
L’abîme n’ayant pas de fond, comment rebondir?
Sissi zayyat
11 h 25, le 29 novembre 2022