
La Banque centrale a joint à son communiqué une photo du gouverneur de la BDL, Riad Salamé, dans ce qui semble être une chambre forte remplie de lingots. Photo BDL
La Banque du Liban a annoncé dans un communiqué publié jeudi que l’audit de ses réserves d’or, « pièces et lingots », avait été achevé « avec succès » par une société internationale « spécialisée » choisie et mandatée par un consultant délégué. La BDL a joint au communiqué une photo du gouverneur de la BDL, Riad Salamé, dans ce qui semble être une chambre forte remplie de lingots.
Selon la banque centrale, l’opération s’est déroulée en coopération et avec l’accord du Fonds monétaire international (FMI). Elle répond à une demande de l’institution internationale de renforcer la « transparence » sur l’état réel des actifs de la BDL. La BDL a conclu son bref communiqué en assurant que la société d’audit avait pu confirmer que les quantités d’or déclarées correspondent exactement à celles contenues dans ses coffres. Elle n’a toutefois pas communiqué les quantités rapportées par l’auditeur, mais que la BDL relaie toutes les deux semaines.
Deuxième stock arabe
Selon le dernier bulletin, relayé mardi par le Lebanon This Week de Byblos Bank, ces réserves d’or ont totalisé 16,4 milliards de dollars à la mi-novembre.
Le Liban possède le deuxième plus grand stock des pays arabes, soit 286 tonnes équivalant à 9,22 millions d’onces troy (1 once = 31,1 grammes), dont environ 40 % sont stockées aux États-Unis. À ces actifs s’ajoutent des réserves de change que la BDL publie en même temps que celles de l’or et qui s’élevaient à la mi-novembre à 10,25 milliards de dollars, sans compter un peu plus de 5 milliards d’eurobonds (les titres de dette en devises de l’État libanais, que ce dernier a arrêté de rembourser depuis mars 2020).Cela fait plusieurs mois que l’audit des actifs en devises de la BDL est annoncé comme lancé. Cette opération fait partie des réformes listées dans l’accord préliminaire signé en avril dernier par le FMI et le Liban.
Le pays a commencé à solliciter le Fonds dès 2020 pour débloquer une assistance financière qui devrait s’élever à 3 milliards de dollars déboursés sur 4 ans pour redresser l’économie et assainir les finances publiques.
Le budget 2022 (entré en vigueur avec 10 mois et demi de retard), l’adoption d’une loi instaurant un contrôle des capitaux (actuellement entre les mains des députés mais déjà critiquée) ou encore d’une autre modifiant le secret bancaire (votée en octobre mais vidée de sa substance) figurent parmi les autres exigences préalables du Fonds. La restructuration du secteur bancaire et la répartition de plus de 72 milliards de dollars de pertes entre l’État, la BDL, les banques et les déposants apparaissent également parmi les gros chantiers requis. Enfin, si la réalisation de l’audit semble clore le débat sur la réalité des réserves d’or encore détenues par la BDL, la question de savoir si elles seront finalement utilisées pour combler les pertes du pays reste aujourd’hui entière. Et ce même si la démarche nécessite une autorisation du Parlement, comme l’impose une loi de 1986.
L’inconnue des réserves obligatoires
En outre, la BDL ne communique toujours pas le détail de la proportion entre les réserves obligatoires (les fonds déposés par les banques du pays à la BDL à sa demande) et les réserves disponibles. Les réserves de devises ou de change sont constituées par les fonds en monnaie étrangère et les stocks d’or que détiennent les banques centrales et qui servent notamment d’outil de politique monétaire.
Les réserves obligatoires sont, elles, des montants que les établissements financiers doivent déposer à la banque centrale et qui constituent en quelque sorte un filet de sécurité couvrant une portion des dépôts de leurs clients. Au Liban, ce taux a été dernièrement ramené de 15 % à 14 % en marge de la crise que le pays traverse depuis trois ans et qui a fortement impacté la confiance vis-à-vis du secteur financier. Selon les chiffres les plus récents, les dépôts en devises – ceux qui sont donc bloqués par les restrictions mises unilatéralement en place par les banques depuis 2019 – ont totalisé un peu plus de 97,05 milliards de dollars à fin septembre (77,66 % du total).
Si le taux de réserves obligatoires est toujours de 14 %, la BDL devrait donc disposer de 13,58 milliards de dollars de réserves dans ses comptes en plus des réserves de change disponibles. La question de la disponibilité de ces réserves a enfin longtemps animé le débat public, mais la Banque des règlements internationaux (BRI, la banque centrale des banques centrales) ne conteste pas aux banques centrales en général ni à la BDL en particulier le droit d’utiliser ces fonds dans le cadre de leur politique monétaire. Les réserves de devises ont d’ailleurs servi pendant longtemps à subventionner le taux de change sur certaines importations depuis le début de la crise, retardant ainsi l’impact de la dépréciation de la livre sur l’inflation, mais au prix d’injections massives de liquidités.
La Banque du Liban a annoncé dans un communiqué publié jeudi que l’audit de ses réserves d’or, « pièces et lingots », avait été achevé « avec succès » par une société internationale « spécialisée » choisie et mandatée par un consultant délégué. La BDL a joint au communiqué une photo du gouverneur de la BDL, Riad Salamé, dans ce qui semble être une chambre forte...
commentaires (10)
Les seuls succes dont peut se targuer M. Salame, c'est le comptage de ce qui reste a voler.
Michel Trad
19 h 51, le 25 novembre 2022