Rechercher
Rechercher

Sport - Football

Qatar 2022 : le Mondial de toutes les questions

Après douze longues années de préparatifs et de controverses sans précédent autour de son organisation, le tournoi sportif le plus important de la planète lèvera son rideau demain soir lors du match d’ouverture qui opposera le Qatar à l’Équateur.

Qatar 2022 : le Mondial de toutes les questions

Des visiteurs se prenant en photo sur la corniche de Doha devant une enseigne à l’effigie de la Coupe du monde 2022 qui débutera au Qatar ce dimanche 20 novembre. Jewel Samad/AFP

Atténuée par la venue de l’hiver, il semblerait que la température de ce Mondial qatari commence enfin à monter. Les derniers grains s’écoulent du sablier et l’excitation, que les divers sujets extrasportifs ont considérablement mise en berne, finit par pointer le bout de son nez. Ce dimanche, sur les coups de 19h heure locale, le Qatar accueille l’Équateur à l’occasion d’un match d’ouverture qui marquera le début d’un mois effréné de football dans le petit émirat, qui espère que « son » Mondial sera à la hauteur des plus de 200 milliards de dollars investis pour son organisation.

Lire aussi

Mondial 2022 : Les « faux fans » sont-ils vrais ?

De fait, cette 22e Coupe du monde sera inédite à plus d’un titre : première édition organisée dans un pays arabe et concentrée sur un territoire aussi réduit, elle a également la particularité d’être programmée en fin d’année civile, interrompant ainsi la saison des clubs en Europe. Un aménagement calendaire décidé il y a cinq années de cela, pour éviter les chaleurs caniculaires de l’été, qui s’est ajouté à la pile infinie de débats depuis l’attribution surprise de la compétition douze années plus tôt.

L’ire de l’émir

L’émirat gazier, autrefois surnommé la « terre oubliée d’Allah » avant son indépendance en 1971, n’a cessé de faire parler de lui pour les mauvaises raisons. Entre les soupçons de corruption entourant ce fameux vote du comité exécutif de la FIFA du 2 décembre 2010, les révélations sur le coût humain de sa préparation (au moins 6 500 ouvriers auraient perdu la vie sur les chantiers des huit stades érigés pour l’occasion), l’impact environnemental d’un tournoi qui a fait de cette péninsule à peine plus grande que le Liban le pays le plus polluant du monde par habitant. Le tout sans aborder la fâcheuse question de l’accueil des fans étrangers, et en particulier des personnes LGBTQ (au Qatar, les relations homosexuelles sont passibles de peines d’emprisonnement). Nul besoin de poursuivre la liste pour comprendre que ce Mondial 2022 a suscité une contestation rare, surtout de la part des pays occidentaux, qui lui vaut désormais d’être taxé de « plus controversé de l’histoire ».

Face à cette pluie de critiques, l’émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, ne s’est pas privé de sortir de sa réserve pour fustiger une campagne « sans précédent de calomnies ». Une sortie rarissime de la part du chef de l’État d’un pays hôte d’une compétition sportive aussi importante.

Lire aussi

Le compte à rebours s’accélère

Mais ce dernier peut au moins compter sur le soutien inconditionnel de la FIFA, comme en témoignent les louanges adressées par son président : « Les huit stades de la Coupe du monde sont tous très beaux », l’a félicité Gianni Infantino, résidant à Doha depuis deux ans. « Nous ne comptons plus les jours (jusqu’au tournoi), nous comptons les minutes et les secondes (...) avant le coup d’envoi d’une Coupe du monde incroyable. Le Qatar nous a promis d’organiser une Coupe du monde extraordinaire. »

Les tenants du titre dans le doute

Et le sport dans tout ça ? Car à force de disserter sur ses à-côtés, on oublierait presque que l’objet principal de cet événement est bel et bien de couronner la meilleure équipe de football de la planète.

Deux jours après la rencontre inaugurale Qatar-Équateur, l’équipe de France, championne du monde en titre, fera son entrée en lice mardi contre l’Australie, comme en 2018. Diminués par une avalanche de blessures (ayant entre autres touché Paul Pogba et N’Golo Kanté) et par les états de forme bringuebalants de deux de leurs piliers, le défenseur central Raphaël Varane et le récent Ballon d’or Karim Benzema, les Bleus arrivent à Doha avec bien plus de doutes que de certitudes.

Toujours perçus comme des favoris à la victoire finale, ils semblent tout de même bien moins armés que nombre de leurs concurrents. Autre élément qui ne prête pas à l’optimisme dans les rangs tricolores : aucun champion du monde n’est parvenu à conserver sa couronne depuis... 1962, date du second sacre consécutif du Brésil de Pelé après celui de 1958.

Pire, hormis cette même Seleção (de nouveau vainqueur en 2002), tous les tenants du titre ont connu les mêmes déboires au XXIe siècle : la France en 2002, l’Italie en 2010, l’Espagne en 2014 puis l’Allemagne en 2018, toutes étaient passées à la trappe dès la phase de poules après avoir décroché le Graal quatre ans auparavant.

Le spectre de cette malédiction pourrait vite réapparaître en cas de contre-performance contre les « Socceroos ». De plus, en cas de seconde place dans ce groupe D (également composé de la Tunisie et du Danemark), les hommes de Didier Deschamps pourraient retrouver la redoutable Argentine de Lionel Messi dès les huitièmes de finale. Une autre réédition de l’affiche de 2018 (qui s’était soldée par une victoire des Bleus 4-3) mais dont l’issue pourrait être tout autre.

L’heure des Sud-Américains ?

Après vingt ans de domination européenne, les nations sud-américaines s’avancent plus confiantes que jamais.

Comme toujours, le quintuple vainqueur de l’épreuve brésilien fait figure de favori naturel. Numéro 1 mondial au classement FIFA, l’équipe de Tite dispose d’un réservoir offensif intarissable : Neymar, Antony, Gabriel Jesus, Raphinha, Vinicius Jr... Les lignes viennent à manquer pour citer tous les noms pouvant prétendre à une place de titulaire sur le front de l’attaque.

Mais les Auriverde paraissent toutefois plus vulnérables que leurs voisins argentins. Forte de son titre en Copa America l’été dernier et d’une incroyable série de 36 matchs sans défaite, l’Albiceleste est plus prête que jamais à offrir à Lionel Messi sa consécration planétaire, seul titre qui manque à son incroyable palmarès et qui couronnerait son immense carrière de la plus belle des manières.

De l’aveu même du sélectionneur espagnol Luis Enrique, « l’Argentine et le Brésil sont au-dessus cette année ». La Roja aura fort à faire au sein d’une poule E dans laquelle figure également l’Allemagne, autre prétendant à la victoire finale, qui pourra cette fois compter sur l’intégralité de ses atouts offensifs : Serge Gnabry, Leroy Sané ou encore le jeune Jamal Musiala, qui pourrait bien être la grande révélation du tournoi.

En l’absence de préparation et de matchs amicaux pour se jauger avant le tournoi, les certitudes restent fragiles. Un contexte dont pourraient bien profiter la pelletée d’outsiders qui se bousculent au portillon. Entre la Croatie vice-championne du monde en 2018, les Pays-Bas du tacticien Luis Van-Gaal, l’Uruguay des inoxydables Luis Suarez et Edinson Cavani ou encore le Portugal de l’inamovible Cristiano Ronaldo disposant d’un vivier générationnel sans précédent, nombreux sont ceux qui pourraient s’inviter plus haut qu’à l’accoutumée.

De là à imaginer un duel Messi/Ronaldo en finale (scénario envisageable si les Argentins et les Portugais sortent de leurs groupes respectifs à la première place) ? Et ainsi clore deux décennies de rivalité homérique sur la plus prestigieuse scène imaginable ? Il n’y a qu’un pas que les scénaristes les plus audacieux aimeraient bien franchir.

Atténuée par la venue de l’hiver, il semblerait que la température de ce Mondial qatari commence enfin à monter. Les derniers grains s’écoulent du sablier et l’excitation, que les divers sujets extrasportifs ont considérablement mise en berne, finit par pointer le bout de son nez. Ce dimanche, sur les coups de 19h heure locale, le Qatar accueille l’Équateur à l’occasion d’un...

commentaires (1)

"au moins 6 500 ouvriers auraient perdu la vie sur les chantiers des huit stades érigés pour l’occasion" Selon un article du Guardian dont le lien est ci-dessous, ce chiffre représente le nombre approximatif total de ressortissants du Bangladesh, de l'Inde, du Nepal, du Pakistan et du Sri Lanka qui sont morts au Qatar de 2010-2011 à 2020. Les statistiques officielles ne précisent pas les causes et circonstances de ces décès. https://www.theguardian.com/global-development/2021/feb/23/revealed-migrant-worker-deaths-qatar-fifa-world-cup-2022 Le taux de mortalité paraît élevé et il semble vraisemblable que nombre de ces décès aient été causés par le boom de la construction engendré par l'organisation de la Coupe du monde et les conditions de travail inhumaines dans ce pays. Néanmoins, il est décevant que l'Orient-Le Jour n'ait pas respecté le minimum des standards du journalisme en diffusant une information pour le moins inexacte (pour ne pas dire fausse). Le minimum aurait été d'expliquer ce que représente ce chiffre de 6500 décès et de citer la source de l'information. Pour plus d'informations sur les chiffres des décès liés aux conditions de travail au Qatar, voir l'article ci-dessous: https://www.dw.com/en/fact-check-how-many-people-have-died-for-the-qatar-world-cup/a-63763713

Emile Riachi

14 h 03, le 20 novembre 2022

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • "au moins 6 500 ouvriers auraient perdu la vie sur les chantiers des huit stades érigés pour l’occasion" Selon un article du Guardian dont le lien est ci-dessous, ce chiffre représente le nombre approximatif total de ressortissants du Bangladesh, de l'Inde, du Nepal, du Pakistan et du Sri Lanka qui sont morts au Qatar de 2010-2011 à 2020. Les statistiques officielles ne précisent pas les causes et circonstances de ces décès. https://www.theguardian.com/global-development/2021/feb/23/revealed-migrant-worker-deaths-qatar-fifa-world-cup-2022 Le taux de mortalité paraît élevé et il semble vraisemblable que nombre de ces décès aient été causés par le boom de la construction engendré par l'organisation de la Coupe du monde et les conditions de travail inhumaines dans ce pays. Néanmoins, il est décevant que l'Orient-Le Jour n'ait pas respecté le minimum des standards du journalisme en diffusant une information pour le moins inexacte (pour ne pas dire fausse). Le minimum aurait été d'expliquer ce que représente ce chiffre de 6500 décès et de citer la source de l'information. Pour plus d'informations sur les chiffres des décès liés aux conditions de travail au Qatar, voir l'article ci-dessous: https://www.dw.com/en/fact-check-how-many-people-have-died-for-the-qatar-world-cup/a-63763713

    Emile Riachi

    14 h 03, le 20 novembre 2022

Retour en haut