En attendant que les nullards de ce qui reste comme classe politique se choisissent un turlupin qui restera assis pendant six ans, un rapide retour s’impose sur ce que furent les échanges éclairs entre Beyrouth et Damas au sujet du tracé imaginaire de leur frontière maritime.
À peine terminés les palabres avec les Israéliens sous la houlette d’Amos Hochstein (à vos souhaits !) – des négociations ardues certes, mais dont on connaissait le déroulé – que l’Ancêtre de Baabda s’est pris à rêver de faire pareil avec l’Assadie voisine : un petit coup de fil à l’Ophtalmologue à courte vue au prétexte de lui raconter l’exploit, un rendez-vous de courtoisie torché à la va-vite, et voilà le gendron Basileus tirant des plans sur la comète et se voyant grand ordonnateur des frontières terre et mer du Levant ! Rien que ça. Mais tiens, fume ! On ne négocie pas avec le Tyranneau de Damas comme on le ferait avec le roi des Belges.
Nous sommes peut-être techniquement en guerre avec les Hébreux, mais avec eux au moins on sait à quoi s’en tenir : une raclée tous les six/sept ans, clôturant généralement un chapelet de fanfaronnades du turban n° 1 du Parti barbu. Avec les Syroches en revanche, tout est secret, furtif, confidentiel, parfois même froufrouteux. Dès l’instant qu’Orangina avait raccroché avec le Baassiste en chef, celui-ci s’empressait d’envoyer la délégation libanaise sur les roses, prétextant un emploi de temps très chargé. Faut le comprendre, il a d’autres opposants à fouetter…
Il a fallu deux bonnes semaines pour saisir à demi-mot par la bouche du vice-Berry aouniste – la définition même de l’oxymore – que les frérots de l’Est avaient des « réserves » sur le tracé des frontières. Pas que maritimes d’ailleurs, mais terrestres aussi, puis finalement sur la carte du Liban tout entier, à peine considéré comme une sous-préfecture du paradis assadien. Ce qui les avait poussés déjà à entreprendre des négociations gazeuses avec les Popofs sur les clapotis du Liban-Nord, sans même nous consulter.
Et dire qu’on vient de célébrer le trentenaire de l’accord de Taëf, signé par les stylos les plus chers du monde aux mains des délégués les plus analphabètes ! On devrait bien y trouver de quoi faire pour balayer d’en bas ce quiproquo libano-syrien intenable mitonné au siècle dernier par les gens d’en haut. Sauf que ce torchon n’a pas prévu d’échappatoire quand il n’y a plus personne en haut et qu’il n’y a plus grand-chose à faire en bas.
gabynasr@lorientlejour.com
Le territoire assadien est devenu tellement petit, qu'un jour on le considérera une préfecture d'un autre pays voisin. Ya pas à rêver.
18 h 50, le 11 novembre 2022