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Nos Lecteurs ont la Parole

Déviance mentale

La question populaire est simple : d’où viennent nos problèmes, notre faillite ? Qui en sont les responsables et quel espoir en vue ?

En 1996, le président Jacques Chirac qualifie les Pays-Bas de premier narco-État en Europe. Actuellement, la Mocro maffia de la drogue terrorise l’État. Des rumeurs d’enlèvements et d’attentats circulent dans le pays. Amalia, la fille du prince, doit se rendre en voiture blindée à l’université, le chef du gouvernement doit être protégé et ne circule plus en vélo. Les avocats des parties civiles sont masqués au tribunal de peur de représailles. Un commissaire résume la situation qui prévaut : « Nous avons affaire à une autorité publique désorganisée face à une criminalité organisée. »

Au Liban, ce sont les tenants politico-économiques de l’État qui se sont organisés en tant qu’autorité publique pour désorganiser et laisser se détériorer ce même État. Il s’y est ajouté le fusil du Hezb pour capturer le pays. Le peuple est en désarroi. Il est inutile de rappeler le cumul de problèmes auxquels il doit faire face. Le projet politique est la domination et la mainmise sur le pays !

De plus, chaque groupe invoque la religion pour dominer l’autre ou les autres groupes et effacer l’image de l’humain de tout un chacun pour l’écraser on l’anéantir. Cette hégémonie apparaît comme un virus qui dérègle le mental de l’être et le rend agressif, dominant et déviant. Cela nous déshumanise et nous abaisse à une condition presque bestiale. C’est cet état de manque de dialogue rationnel qui entraîne un rabâchage des échanges, une politique de la rancœur, et un mur d’absurdité et d’incompréhension. Les déviants cultivent le sophisme avec l’intention d’induire l’auditeur en erreur. Ce qui prévaut, c’est la rhétorique vocale pour justifier les intérêts sans aucun projet de relève du pays. À voir les représentants du peuple, ils semblent plus proche des marionnettes qu’à des êtres humains décidant par eux-mêmes. Le clan du Hezbollah et ses alliés persistent dans leur opposition par « vetocratie », empêchant l’élection d’un président s’il n’est pas à leur solde. Le devoir des députés est de veiller à assurer les rouages de l’État et le bon fonctionnement de tous ses services. Par ailleurs, faire émerger un gouvernement qui gouverne. Personne desdits responsables n’a une conscience positive de soi ou une certaine estime de soi. Cette déviance mentale des élus est répréhensible et doit être sanctionnée. Ils se réjouissent d’une victoire en signant une délimitation maritime avec l’ennemi, ou la Palestine occupée. En fait, les grands bénéficiaires sont les États-Unis, Israël et la société TotalEnergies. Pour le Liban, c’est un bienfait d’apaisement tant au niveau verbal que « dronesque ». Quant au fonds souverain tant souhaité, il reste en suspens ; qui va le gérer, et où ira l’argent et dans quel investissement ? Il faut préciser que ces revenus à venir ne vont pas compenser les pertes des épargnants. Par contre, une équipe honnête en harmonie avec le Fonds monétaire aidera à sortir le pays du marasme économique, mais sûrement pas les magiciens des ingénieries à la Ponzi. Notre pays est riche par des jeunes capables et créatifs pour instaurer une bonne gouvernance honnête et dynamique. En attendant, le théâtre du burlesque au Parlement n’arrive pas à élire un président de la République. Avec un gouvernement qui n’en est pas un et ne décide de rien. Un autre magicien essaie de dresser une table de dialogue. La forme de la table reste à discuter, une table ronde, ovale, rectangulaire ou carrée ! Mais Messieurs, rappelons-nous la réplique du président Bill Clinton face à George Bush « It’s the economy, stupid », et chez nous, on peut leur dire : « Ce sont les réformes honnêtes à faire, bande de stupides. »

Le jour viendra avec la thaoura ou sans la thaoura, une désobéissance civile fera tout éclater. Des personnes rationnelles pourront réinventer le vivre-ensemble. Avec l’arrangement de la frontière maritime, la raison a prévalu sur les positions belliqueuses et chacun s’en est trouvé satisfait, rassuré et surtout criant victoire. Par ailleurs, politiques et juges sont responsables de la plaie béante de la catastrophe du port. Les vivants continuent à pleurer leurs morts face à une vérité claire mais non avouée et surtout empêchée. D’autres pourrissent en prison de façon abusive faute de jugement. Dans ce contexte de blocage, qui peut libérer le pays de ses ravisseurs ! Lesdites grandes puissances continuent de distiller les conseils de retenue et de calme sans vouloir agir. Le Liban reste paralysé, victime des courants politiques de la région et de leurs adeptes de l’intérieur. À croire que les dieux qui exaucent non prières disparates et contradictoires ne cherchent en fait qu’à nous punir. Nos politiques cultivent l’idée qu’il n’y a pas de problèmes qu’une absence de solution ne finisse par régler. Ils attendent et attendent… Face au sage qui montre la lune, ces mêmes politiques incapables ne font que regarder leur doigt. On se demande où sont nos penseurs, nos intellectuels, nos universitaires, les professions libérales, les décideurs, les influenceurs, les médias et les syndicats. Blottis dans leurs zones de confort, ils se contentent de se plaindre à voix basse. Qui posera les vrais problèmes du pays (Taëf, les déplacés, la stratégie de défense et tant d’autres questions) ? Le Liban, ébranlé par tant de chocs violents, économiques, sociaux, migratoires, culturels, attend beaucoup de la politique, mais pas des politiciens incapables. Ces derniers, qui font tout pour empêcher la révolution pacifiste, rendront inévitable la révolution violente qui enfin libérera le pays, et échappera à leur emprise et leur déviance.

Adel AKL

Psychiatre, psychanalyste

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique Courrier n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, L’Orient-Le Jour offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires ni injurieux ni racistes.

La question populaire est simple : d’où viennent nos problèmes, notre faillite ? Qui en sont les responsables et quel espoir en vue ? En 1996, le président Jacques Chirac qualifie les Pays-Bas de premier narco-État en Europe. Actuellement, la Mocro maffia de la drogue terrorise l’État. Des rumeurs d’enlèvements et d’attentats circulent dans le pays. Amalia, la fille du prince,...
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