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Politique - Présidentielle

Le CPL met fin au suspense : le vote blanc, encore et encore...

Après avoir évoqué la possibilité d’appuyer un candidat en chair et en os, la formation aouniste décide de ne pas changer de stratégie, prônant une entente élargie.

Le CPL met fin au suspense : le vote blanc, encore et encore...

Gebran Bassil saluant un partisan du Courant patriotique libre lors de la manifestation organisée par le parti le jour du départ du président Michel Aoun du palais de Baabda, le 30 octobre 2022. Anwar Amro/AFP

La montagne a accouché d’une souris. Après avoir menacé de rompre avec la stratégie du vote blanc, imposée par le Hezbollah à ses alliés en attendant une entente élargie autour du futur président, le Courant patriotique libre a fini par se rendre à l’évidence : Gebran Bassil n’a pas intérêt à se démarquer de la formation chiite, du moins à ce stade. Le parti orange continuera donc de voter blanc, jusqu’à ce que sonne la fin de la récréation. Aucune surprise n’est donc attendue lors de la séance parlementaire consacrée à l’élection d’un président demain à 11 heures. Le scrutin opposera, de nouveau, le candidat d’une large frange de l’opposition, Michel Moawad, au... bulletin blanc.

L'éditorial de Issa Goraïeb

Le méchoui du dialogue

La décision a été annoncée hier en soirée dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion très attendue du bloc du Liban fort, le groupe parlementaire du CPL. Elle est intervenue au terme d’une longue semaine marquée par une escalade verbale de la part de députés aounistes qui annonçaient qu’ils déposeraient un nom dans l’urne. Mais cela aura été beaucoup de bruit pour rien. « Voter blanc vise à paver la voie à un consensus », explique le communiqué du CPL qui appelle les autres blocs parlementaires à « (nous) retrouver à mi-chemin et à proposer des candidats qui répondent aux critères fixés (…) par le parti », dans le cadre de la feuille de route remise il y a quelques semaines à tous les protagonistes.

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« Nous avons opté pour ce choix parce que tous les protagonistes devraient s’entendre sur le futur chef de l’État », explique à L’Orient-Le Jour un député CPL qui a requis l’anonymat, soulignant que la décision a été le fruit d’un long débat marqué par des divergences de points de vue entre les parlementaires aounistes eux-mêmes. Selon les informations obtenues par L’OLJ, une partie des parlementaires estimait qu’il fallait briser le statu quo. Elle arguait du fait que « le plus grand groupe parlementaire chrétien ne peut pas continuer à voter blanc dans une échéance qui concerne les chrétiens d’abord », pour reprendre les termes d’un responsable aouniste qui a lui aussi requis l’anonymat. En face, s’est dressé un camp qui a soutenu la thèse selon laquelle il vaudrait mieux pour le groupe continuer à voter blanc plutôt qu’ apporter un soutien à un candidat qui n’aura aucune chance d’accéder à la magistrature suprême. « Nous ne voulons pas griller des noms. Tout comme nous ne voulons pas nous mettre en porte-à-faux avec le Hezbollah », reconnaît un cadre du CPL.

Le Hezbollah pris en étau

La décision du parti orange a donc, pour le moment, épargné au Hezbollah – pris en tenailles entre ses deux alliés présidentiables – et son camp une secousse inopportune. Car si le leader des Marada, Sleiman Frangié, est le favori encore non déclaré du parti de Dieu, il ne peut accéder à Baabda sans l’appui de Gebran Bassil, un allié précieux pour le parti jaune qui a plus que jamais besoin de la couverture chrétienne que lui assurent le CPL et son chef. « Les choix que Gebran Bassil pourrait faire ne nous dérangent pas. Et il a le droit de se prononcer en faveur d’un candidat », tempère toutefois, dans une déclaration à L’OLJ, le porte-parole de la formation chiite, Mohammad Afif Naboulsi, qui estime que « le CPL s’en tiendra à ce choix jusqu’à la tenue de la vraie séance d’élection », c’est-à-dire celle qui débouchera sur l’annonce du nom du futur chef de l’État. « Il est évident que notre approche est différente de celle de M. Bassil, et nous respectons cela », ajoute-t-il en réponse à une question portant sur l’effort déployé pour mettre de l’ordre dans les rangs de son camp.

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Pour remplir cet objectif, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s’est personnellement invité dans la partie. Lors de sa dernière rencontre avec M. Bassil, le dignitaire chiite a tenté de le convaincre d’appuyer Sleiman Frangié, surtout que les planètes ne sont pas alignées en sa faveur. Mais le chef du CPL persiste et signe dans son refus de voter pour son adversaire zghortiote. Face à cette impasse, le Hezbollah ira-t-il jusqu’à opter pour une démarche inverse, en demandant à M. Frangié d’appuyer la candidature du leader aouniste ? « La question ne se pose pas à l’heure actuelle », répond Tony Frangié, député de Zghorta et fils du présidentiable du Nord, sollicité par notre journal. Si ces déclarations peuvent être interprétées comme un veto implicite sur Gebran Bassil, telle n’est pas l’unique ligne rouge pour les Marada. Tout comme son rival orange, le mouvement s’oppose à tout amendement de la Constitution pour faire élire le commandant en chef de l’armée, Joseph Aoun, perçu comme un probable candidat consensuel dont le nom circule dans les coulisses depuis des mois.

Joumblatt ouvre la porte

Il semble donc que l’heure du compromis n’a pas encore sonné, en dépit des appels du président de la Chambre, Nabih Berry, à une entente. Après avoir renoncé à l’idée de parrainer un dialogue national élargi, en raison du double veto chrétien du CPL et des Forces libanaises, M. Berry s’est entretenu dimanche avec son allié de longue date, le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt. À l’issue de la réunion, le leader druze a réitéré sa position : oui à « notre candidat Michel Moawad » et non à tout « candidat de défi ». Une position qui réconforte les protagonistes de l’opposition quant au soutien de Moukhtara à M. Moawad qui bénéficie de l’appui des FL, des Kataëb et de plusieurs députés indépendants. « Par candidat de défi, Walid Joumblatt entend clairement Sleiman Frangié », décrypte un responsable FL sous couvert d’anonymat. Cette position, Walid Joumblatt l’avait déjà exprimée samedi à l’issue du congrès organisé par l’ambassade d’Arabie saoudite pour le 33e anniversaire de l’accord de Taëf.

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Sauf que depuis Aïn el-Tiné, le leader druze a laissé la porte ouverte à une entente. « Nous ne sommes pas seuls dans ce pays. Qu’on nous propose des noms et nous aviserons », a-t-il déclaré. En attendant, « nous allons continuer à voter pour Michel Moawad, et c’est ce que nous allons faire jeudi », assure à L’OLJ Marwan Hamadé, député joumblattiste du Chouf, précisant que « cette démarche n’est pas une manœuvre politique ». De leur côté, les FL se rendront dans l’hémicycle pour voter Moawad, comme l’affirme le porte-parole du parti, Charles Jabbour.

La montagne a accouché d’une souris. Après avoir menacé de rompre avec la stratégie du vote blanc, imposée par le Hezbollah à ses alliés en attendant une entente élargie autour du futur président, le Courant patriotique libre a fini par se rendre à l’évidence : Gebran Bassil n’a pas intérêt à se démarquer de la formation chiite, du moins à ce stade. Le parti orange...

commentaires (17)

Le Liban a besoin d'un président intègre qui s'engagerait à récupérer l'argent du Trésor National volé par la quasi-totalité de ceux qui gouvernaient jusqu'à ces derniers temps. Un pays qui se laisse spolier ses richesses à tous les niveaux de l'echelle nationale ne mérite pas de siéger sur les bancs des états respectables.

Un Libanais

19 h 46, le 09 novembre 2022

Tous les commentaires

Commentaires (17)

  • Le Liban a besoin d'un président intègre qui s'engagerait à récupérer l'argent du Trésor National volé par la quasi-totalité de ceux qui gouvernaient jusqu'à ces derniers temps. Un pays qui se laisse spolier ses richesses à tous les niveaux de l'echelle nationale ne mérite pas de siéger sur les bancs des états respectables.

    Un Libanais

    19 h 46, le 09 novembre 2022

  • Nous le savions depuis longtemps que Gebran Bassil, ne sera jamais capable de briser ses chaînes ! C'est un mariage de convenance entre le parti Limonade et menthe et jus d'orange avarié. Deux agrumes que vous ne pouvez mélanger et qui ne se complètent même pas. La devise pour GB, c'est moi ou personne. Il s'est rendu compte qu'il n'est qu'un simple Moujik du HA. Il a besoin du HA pour survivre politiquement et le HA le garde proche pour sa couverture chrétienne. Bref, je l'avais déjà mentionné auparavant, un scénario de déjà vu, 2014-2016 se redessine à l'horizon!

    Marwan Takchi

    17 h 10, le 09 novembre 2022

  • Ha ha ha ha... hassan les a ramené au bercail du vote blanc...

    Wlek Sanferlou

    14 h 23, le 09 novembre 2022

  • Mais où sont donc ces frondeurs du CPL qui, par leur seul pseudo courage ont permis à Berry d’être élu. Pourquoi ne renouvellent ils pas l’expérience pour renverser la vapeur et voter à la dernière minute et par surprise un président patriote et honnête pour sauver leur pays? On est frondeur de façade lorsque cela arrange le nabot et sa clique pour leur sauver la face.

    Sissi zayyat

    11 h 40, le 09 novembre 2022

  • Il faudrait tester une chose sur nos dépités: les priver de leurs salaires (ça ils s’en foutent) et de leurs privilèges (voitures à vitres fumées, gardes du corps, approbations de projets et commissions qui vont avec, interviews à la télé, décorations du grand cordon du gros héron qui pêche avec trois soleils d’or et deux bananes vermeil, etc) tant qu’ils n’auront pas élu un président. Et l’essence pour leurs déplacement à leurs frais bien entendu, ou alors ils n’ont qu’à coucher dans leur bureau au parlement.

    Gros Gnon

    11 h 30, le 09 novembre 2022

  • Quel suspense ? Les valets sont incapables d'initiative et ne savent qu'obeir a leurs maitres. Business as usual.

    Michel Trad

    10 h 27, le 09 novembre 2022

  • Je me rappelle d’une sentence ( qui espérons ne deviendra pas dicton avec le temps, à Dieu ne plaise.... ), qu’un politicien haut placé avait décrit dans une allocution « ..dans le sable mouvant Libanais.. ». Et ceci ne cesse de se confirmer avec le temps, quand je vois combien nos politiciens sont malins, rusés et surtout arrogants, sans pour autant dire qu’un politicien devrait l’être, OUI , mais dans l’avantage ( sans intérêt personnel ) du peuple et de sa patrie, donc plutôt justes, fermes et surtout propres. Tout ce que j’entends est :Les plus grands manœuvriers de la politique libanaise, d’autres sont équilibristes, ou ingénieurs financiers, ou ceux qui changent au gré de leur bon vent à la dernière minute sans prendre en considération leur engagements/promesses oraux vers un meilleur avenir ( les plus dangereux )….etc. Avec ceux-là, la pratique politique perd tout sens, elle est réduite à une ronde d’effets d’annonce ( sans action ), de pieds-de-nez, de menaces, de promesses aussi inopinées qu’intenables : Nos bouffons de la politique.Des comportements ambigus qui permettent d’avancer ses idées sans encourir de SANCTIONS. Voilà où ns en sommes. Y’en a-t-il qui ont l’étoffe de « Vrais Leaders Politiques » ?? O citoyens désabusés a quand allons-nous avaler ces couleuvres ( ou plutôt ce Cobra constrictor ) qui nous jettent a la gueule nos « soi-disant leaders politiques « ? Nous ne sommes pas encore sortis de la galère.

    Encoreeutilfallukejelesu

    10 h 00, le 09 novembre 2022

  • Les responsables qui approuvent ou pas un commentaire publient des insultes telles aboyer , nabot et j’en passe .. mais écrire que X est possédé par le diable de l’argent est rejeté . Merci pour le sectarisme.

    Hitti arlette

    09 h 55, le 09 novembre 2022

  • Le jaune a permis à l'orange aboyer un peu, mais l'orange n'a qu'un maître le jaune barbu, une seule parole... pourrie, un seul dieu la mafia le pouvoir et l'argent.

    Zeidan

    09 h 35, le 09 novembre 2022

  • MILLE FOIS LE VIDE QU,UN VENDU A LA PRESIDENCE. UN PRESIDENT CONSENSUEL AVEC L,ACCORD DU BARBU ET DU PYGMEE SERAIT LA REPETITION DU DERNIER MANDAT CATASTROPHIQUE POUR LE PAYS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 28, le 09 novembre 2022

  • Donc demain : fermeture de routes, convois interminables de 4x4 noirs aux vitrées fumées, chaque député se prenant pour Joe Biden, des embouteillages inextricables, un Centre Ville a l’agonie, pollution concentrée à cause des voitures et des pets des garde corps… et tout ça pour que les 128 clowns présentent un spectacle affligeant qui fait pleurer au lieu de faire rire.

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 48, le 09 novembre 2022

  • Même si ça va durer une éternité, le dernier mot ne sera jamais aux traîtres, et on ne verra jamais de nouveau une marionnette au premier poste de la République. Le vide est mille fois préférable pour l'honneur de Baabda.

    Esber

    07 h 56, le 09 novembre 2022

  • IL CONTINUE SON CINÉMA JOUMBLATT ET FINIRA PAR VOTER SLEIMAN 2. BASILIEUS AUSSI FINIRA PAR EXÉCUTER LES ORDRES DU GRAND PATRON

    Gebran Eid

    05 h 17, le 09 novembre 2022

  • Vote jaune blanc ou orange qu’importe la couleur quand nauséabonde est l’odeur! L’ambiance idyllique des chacals rendant impossible la sortie du Liban de son profond mal!

    PROFIL BAS

    04 h 14, le 09 novembre 2022

  • Zut! Que s'est-il passé avec la promesse du Vice-Corbeau du Perchoir? J'ai lu qu'il ne va pas voté blanc!!!!

    Georges S.

    03 h 55, le 09 novembre 2022

  • "… le plus grand groupe parlementaire chrétien ne peut pas continuer à voter blanc …" - Je ne savais pas que les FL votaient blanc. Salauds!

    Gros Gnon

    03 h 45, le 09 novembre 2022

  • Vote blanc de la part de blanc becs...... la fin d'un regne noir! On en a vu de toutes les couleurs avec ces politichiens incompetents: Kelloun.....

    Sabri

    03 h 43, le 09 novembre 2022

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