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Politique - Gouvernement

Face à Mikati, le camp aouniste entame une dernière escalade

« La menace du président est inexistante. Et je suis prêt à discuter de la mouture présentée à Baabda le 29 juin », affirme le Premier ministre désigné à « L’OLJ ».

Face à Mikati, le camp aouniste entame une dernière escalade

Le président de la République, Michel Aoun, s’exprimant devant les journalistes à Baabda, hier. Photo Dalati et Nohra

Michel Aoun n’a plus rien à perdre. À 48 heures de son départ du palais de Baabda, le président de la République se montre plus que jamais disposé, aux côtés de son gendre, à jouer toutes les cartes face au Premier ministre désigné, Nagib Mikati. Dans le viseur du chef de l’État, le gouvernement sortant, démissionnaire depuis mai dernier.

Dans un entretien accordé jeudi soir à la chaîne LBCI, le chef de l’État a craché le morceau : « Je suis sur le point de signer le décret de démission du gouvernement de Nagib Mikati. » Vendredi, répliquant à ceux qui ont considéré que cette signature était superflue, M. Aoun a expliqué qu’aucun texte de loi ne l’empêchait d’opter pour cette démarche. Le chef de l’État pense donc pouvoir resserrer l’étau autour du Premier ministre, en mettant en avant le caractère « illégitime » du cabinet sortant après le 31 octobre, date de la fin du sexennat. Une arme décisive a été déployée hier à cet effet. Elle consiste dans la décision des ministres gravitant dans l’orbite du camp aouniste de boycotter leurs ministères à partir du 1er novembre si un gouvernement n’est pas formé d’ici là.

L'édito de Issa GORAIEB

Le fétichisme du vide

Mais rien n’y fait. Car face à la présidence impatiente, se dresse un Nagib Mikati qui n’entend aucunement faire des cadeaux au tandem Michel Aoun-Gebran Bassil juste avant la fin du mandat. À L’Orient-Le Jour, il se dit toutefois disposé à discuter de la mouture présentée au chef de l’État, le 29 juin dernier. Le processus est donc gelé en dépit des efforts du Hezbollah qui s’est de nouveau invité dans la partie.

Notre chroniqueur politique Mounir Rabih rapporte dans ce cadre que le chef du Courant patriotique libre s’est entretenu mercredi dernier avec le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Ce dernier a appelé à la formation du gouvernement car le pays ne supporte plus d’atermoiements qui pourraient déraper vers le chaos. Le leader chiite aurait également exprimé son refus de tout vide qui pourrait paver la voie à une éventuelle remise en question de la Constitution ou du système politique en vigueur, exprimant son attachement à l’accord de Taëf.

La réunion Bassil-Nasrallah se serait tenue dans une atmosphère négative, dans la mesure où le leader chrétien a refusé de faire des concessions à même de faciliter la tâche au Premier ministre désigné. Résultat : l’éclaircie gouvernementale n’est pas pour demain. Et le bras de fer entre MM. Aoun et Mikati ne cesse de se corser.

La Constitution

Quelques jours après son dernier tête-à-tête avec M. Mikati, Michel Aoun a accusé ce dernier dans son interview télévisée de jeudi soir de « ne pas vouloir former un gouvernement ». « La dernière fois que nous avons parlé, un matin en début de semaine, je lui ai dit que nous pouvons former un gouvernement le soir même. Il s’est retiré, probablement pour aller faire un tour en yacht », a fustigé le chef de l’État avec ironie. « Je suis sur le point de signer le décret de démission du gouvernement », a-t-il lancé. Le lendemain, Michel Aoun a poursuivi son escalade. Devant les journalistes accrédités à Baabda, il a déclaré : « Aucun texte de loi n’empêche d’accepter la démission d’un gouvernement sortant. » Si M. Aoun venait à passer à l’acte, s’agira-t-il d’un saut dans l’inconnu, sachant que la démarche concernera l’unique institution toujours active au niveau de l’exécutif, quelques jours avant une vacance présidentielle désormais certaine. Sur le plan strictement constitutionnel, l’article 69 de la Loi fondamentale stipule que le gouvernement est considéré démissionnaire au début d’une nouvelle législature. Tel est le cas du cabinet sortant qui expédie les affaires courantes depuis le 22 mai dernier, suite au scrutin législatif qui avait eu lieu une semaine auparavant. Michel Aoun a donc attaqué le Premier ministre au moyen d’une arme dont il ne dispose pas. « Le gouvernement est déjà considéré comme démissionnaire. Et le fait de signer le décret le déclarant démissionnaire, par le président de la République, ne modifie en rien sa situation juridique. D’autant que le cabinet sortant continuera d’expédier les affaires courantes jusqu’à l’élection d’un successeur à M. Aoun, en application du principe de continuité des pouvoirs publics », explique à L’OLJ Rizk Zgheib, maître de conférences à l’USJ et avocat à la cour.

Mikati persiste et signe

La menace formulée ces deux jours n’est donc qu’une carte de pression politique que M. Aoun a voulu jouer. Nagib Mikati en semble conscient. « De l’avis de plusieurs experts, la menace du président est inexistante », affirme-t-il à L’OLJ. Le Premier ministre sait très bien qu’il détient les deux cartes de l’expédition des affaires courantes et de la formation de la future équipe. Celle-ci va-t-elle voir le jour avant la fin du mandat, le 31 octobre ? « J’ai présenté (au chef de l’État) une mouture gouvernementale, le 29 juin. Mais personne ne m’en a parlé. Je suis prêt à en discuter, rappelle le chef du gouvernement désigné, sachant que la mouture en question s’était heurtée à plusieurs remarques de la part de Michel Aoun.

Dans son interview de jeudi, Michel Aoun a pris fait et cause pour le CPL et son chef dans le duel contre M. Mikati. Le président a ainsi reproché à ce dernier de ne pas adopter des « critères unifiés » entre tous les protagonistes pour ce qui est de la nomination des ministres. « Nagib Mikati répond aux demandes de tous les partis politiques, à l’exception du CPL », a déploré le chef de l’État hier, jugeant « inacceptable d’imposer une tutelle au CPL ou au bloc du Liban fort ». « Il n’est pas normal que M. Mikati permette au tandem chiite, au Parti socialiste progressiste et à tous les autres de faire leur choix, alors que cela ne s’applique pas à nous », commente Ghassan Atallah, député du Chouf, alors que le chef ne cesse de répéter que sa formation « ne demande rien ».

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Qu’est-ce que le « aounisme » ?

Mais ce n’est guère le seul obstacle entravant la formation du cabinet. Il y a aussi le refus de Gebran Bassil d’accorder la confiance parlementaire à la future équipe. « Gebran Bassil veut avoir son mot à dire dans le choix des ministres, sans pour autant donner sa confiance, ce que M. Mikati refuse », raconte un responsable du Hezbollah à L’OLJ. La question a d’ailleurs été évoquée lors de l’entretien Nasrallah-Bassil, le premier s’interrogeant sur les raisons qui poussent le second à exiger d’avoir son mot à dire dans un cabinet auquel il n’accordera pas sa confiance. De son côté, M. Bassil a accentué hier la pression sur le Premier ministre, depuis Bkerké. « Il y a une volonté claire et un plan prévu par M. Mikati, soutenu par le président de la Chambre, Nabih Berry, par l’étranger et d’autres pour arriver au vide gouvernemental et mettre la main sur la fonction suprême de la République : la présidence », a tonné M. Bassil à l’issue d’une réunion avec le patriarche Béchara Raï. « Que Dieu nous préserve de ce qu’ils trament pour imposer ce fait accompli. Mon devoir est d’alerter, et je l’ai fait », a-t-il ajouté. Mais cette fois-ci, Gebran Bassil ne compte pas rester les bras croisés. Une source ministérielle confie à L’OLJ que le chef du CPL a convié les ministres gravitant dans son orbite pour leur demander de boycotter le Premier ministre et de ne plus se rendre à leurs ministères à partir du 1er novembre.

Aoun : Aucun texte de loi n’empêche que la démission du gouvernement soit acceptée

Le chef de l’État Michel Aoun a estimé hier, au cours d’une dernière discussion avec les journalistes affectés au palais présidentiel, qu’« aucun texte de loi » n’empêche que la démission du gouvernement de Nagib Mikati « soit acceptée », à trois jours de la fin de son sexennat à la tête de l’État, le 31 octobre. Le président Aoun avait lancé jeudi un ultimatum à M. Mikati, lui donnant une « dernière chance » de former son nouveau cabinet d’ici à la fin du mandat, sans quoi il signerait le décret de démission de l’équipe ministérielle sortante.

Dans son interview à la LBCI jeudi soir, M. Aoun avait accusé une énième fois le Premier ministre désigné de « ne pas vouloir former de gouvernement », alors qu’un bras de fer politique oppose les deux dirigeants depuis des mois. « Je m’élèverai contre la non-adoption de critères unifiés pour former un gouvernement », a-t-il poursuivi dans sa rencontre d’hier, dans une référence au conflit avec M. Mikati autour de la répartition des portefeuilles. Il accuse le Premier ministre désigné de vouloir nommer des ministres qui reviennent, selon lui, à la quote-part du CPL.

Le fondateur du parti aouniste a noté à ce sujet qu’il est « inacceptable d’imposer une tutelle au CPL alors que nous avons refusé la tutelle de (certains) pays », estimant qu’« il est honteux que (le chef du CPL) Gebran Bassil soit toujours blâmé ».

À une question sur la signature jeudi d’un accord sur le tracé de la frontière maritime libanaise avec Israël, M. Aoun a assuré que « faire la paix avec Israël n’a pas été envisagé et il n’y a pas d’accords secrets ». Il s’est également exprimé au sujet du tracé de la frontière terrestre avec la Syrie, après l’annulation récente par Damas de la visite d’une délégation libanaise chargée de discuter de cette question. « Le rendez-vous a été ajourné pour des raisons qu’on ne connaît pas, mais je pense que le côté syrien n’est toujours pas prêt, a-t-il souligné, notant que les négociations, même avec les amis, sont difficiles. » « Si l’appel téléphonique avec le président syrien Bachar el-Assad n’était pas positif, nous n’aurions pas demandé de date pour envoyer une délégation » libanaise, a-t-il conclu.

Michel Aoun n’a plus rien à perdre. À 48 heures de son départ du palais de Baabda, le président de la République se montre plus que jamais disposé, aux côtés de son gendre, à jouer toutes les cartes face au Premier ministre désigné, Nagib Mikati. Dans le viseur du chef de l’État, le gouvernement sortant, démissionnaire depuis mai dernier. Dans un entretien accordé jeudi soir à...

commentaires (10)

"le camp aouniste entame une dernière escalade" ah bon, pas d'ascenseur à la nouvelle villa du prez? Ou est-ce les coupures de courant?? Ya haram...

Wlek Sanferlou

01 h 29, le 30 octobre 2022

Tous les commentaires

Commentaires (10)

  • "le camp aouniste entame une dernière escalade" ah bon, pas d'ascenseur à la nouvelle villa du prez? Ou est-ce les coupures de courant?? Ya haram...

    Wlek Sanferlou

    01 h 29, le 30 octobre 2022

  • Je ne remercierai jamais assez L’OLJ de nous avoir épargné les inepties du gendron qu’on n’arrive plus à faire taire tellement il ne sait plus quoi inventer pour faire parler de lui.

    Sissi zayyat

    22 h 20, le 29 octobre 2022

  • AU COUP DE BLOCAGE MIKATI REPONDRA EN DEMISSIONNANT DE FACTO LES BOYCOTTEURS EN NOMMANT D,AUTRES CHRETIENS A LEUR PLACE ET LA CONSTITUTION EST RESPECTEE CAR SI ELLE INDIQUE LE 50/50 ELLE NE PARLE PAS DE PARTIS MAIS DE COMMUNAUTES. ALLEZ VOUS FAIRE VOIR CHEZ DES PSYCHOLOGUES. VOUS ETES FINIS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 14, le 29 octobre 2022

  • Depuis le premier instant de son accession au pouvoir il pratique la politique de la terre brûlée. Le chaos imposé ou la destruction totale du pays et de son peuple. PEUPLE où es tu? Comment peux-tu laisser deux individus de leur trempe disposer de ton avenir et de celui de tes enfants et du pays qu’ils se sont appropriés à cause de ton silence assourdissant. Ils ne s’arrêteront pas tant que le peuple n’a pas dit son dernier mot. Ils puisent leur force dans l’immobilisme des citoyens qui peinent à faire entendre leur voix qu’ils ont essayé à chaque fois, et par tous les moyens d’étouffer. Trop c’est trop, alors il serait temps de leur montrer de quel bois on se chauffe.

    Sissi zayyat

    12 h 59, le 29 octobre 2022

  • Quand les mafieux se querellent !. Mais attention. Face aux honnetes gens, il feront front avec une solidarite exemplaire. Kellon ya3ne kellon.

    Michel Trad

    12 h 44, le 29 octobre 2022

  • Partez tous les deux et qu’on finisse ! Non tous les trois, avec le renard friand de fromages !

    LeRougeEtLeNoir

    12 h 08, le 29 octobre 2022

  • Tous egoïstes. De grâce on devrais trouver rapidement le moyen de s’en debarasser. Au plus vite. Kelloun

    Staub Grace

    10 h 50, le 29 octobre 2022

  • VOUES A L,ECHEC. LE GOUVERNEMENT ROULERA SANS EUX. ILS SONT FINIS. ET LE GENDRIOTE SERA DETRONE PLUS VITE QU,ON N,EN PENSE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 40, le 29 octobre 2022

  • Que notre Super-Jeddo-National, à son âge, perde un peu la boule...c'est normal ! Mais que son gendrounet préféré...52 ans...commence lui aussi...ça fait quand même peur...non ??? Allez, en toute urgence les deux ensemble à la retraite !!! Et place aux jeunes vraiment patriotes, pour sauver notre Liban !!! - Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 42, le 29 octobre 2022

  • Mais apparement selon mikati, ils ont déménagé tout vers rabieh.... probablement pas le pyjama de secours quand même !?

    Wlek Sanferlou

    01 h 28, le 29 octobre 2022

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