Intitulée « Initiation à la médiatisation scientifique », une série de formations aura lieu dans les locaux du Conseil national de la recherche scientifique-Liban (CNRS-L) et au Centre d’employabilité francophone, en partenariat avec l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) Moyen-Orient et la commission nationale libanaise pour l’Unesco. Des séances seront également prodiguées dans les universités si celles-ci en expriment la demande. Axées sur les défis actuels qui impactent le quotidien de tout citoyen, ces formations couvriront les thématiques de l’environnement et de la santé, mais aussi celles de l’enseignement, de l’innovation et de la technologie, entre autres. Elles seront ancrées dans le contexte libanais et se pencheront sur « la difficulté de l’accès à l’information, le trilinguisme, la féminisation de la science ou encore la politisation de l’avis scientifique, pour finir avec une introduction au journalisme de vérification (fact checking) qui cherche à remédier au fléau de l’infox et la désinformation, partout dans le monde et non seulement au Liban », explique Tamara Elzein, secrétaire générale du CNRS-L. Au-delà de ces problématiques, l’objectif de ces formations consiste à répondre au besoin urgent de redonner à la science – tous domaines confondus – sa place dans nos sociétés. « Nul ne peut nier qu’au Liban, comme dans beaucoup de pays, il y a un sérieux problème d’inculture scientifique et de clivage entre les chercheurs et les citoyens. Les derniers sondages menés, notamment pendant la pandémie, ont révélé une régression de la confiance, voire une défiance vis-à-vis de la science. J’estime, comme beaucoup de décideurs du milieu de la recherche dans le monde, qu’il est temps de changer de paradigme et repenser notre vocation envers la société en restaurant ses liens avec la science et la recherche », indique Tamara Elzein. Car l’objectif primordial de ces formations est de sensibiliser le grand public « à la science, à la recherche, à leur finalité » et d’« édifier socialement une culture scientifique qui aboutisse au retissage des liens science-société ».
Ces liens impliquent par ailleurs trois entités : les chercheurs, les médias et les institutions de recherche. Or aujourd’hui, selon la secrétaire générale du CNRS-L, « les chercheurs sont surmenés par les tâches d’enseignement, de recherche, de rédaction de projets et de course aux financements. D’où l’impossibilité de leur ajouter le fardeau de communiquer leur “science” au grand public comme le suggère le philosophe et sociologue français Bruno Latour qui attribue au scientifique “le devoir de démontrer l’intérêt et la valeur de sa recherche à la société”. Du côté des médias, un constat s’impose qui est celui de la rareté des journalistes scientifiques spécialisés ». Partant de ces faits, en tant qu’institution de recherche, le CNRS-L vise donc à combler les lacunes en offrant aux acteurs concernés « la possibilité de pouvoir médiatiser la science, qu’elle soit produite par eux-mêmes ou par les autres, en vue de la rapprocher du grand public ».
Le programme formera, par conséquent, les participants aux aspects techniques qui leur seront utiles dans leur mission, comme la collecte des données, l’élaboration d’un contenu journalistique et audiovisuel, la vulgarisation écrite et orale des résultats des recherches accomplies par les scientifiques libanais, de même que la communication sur les réseaux sociaux. Pour ce faire, dans la partie théorique des séances, les participants apprendront les notions fondamentales de la médiatisation scientifique, puis, au niveau de la pratique, ils participeront à un atelier d’écriture au cours duquel ils devront traiter un sujet en lien avec le thème de la séance. « Ainsi, les compétences acquises seront à la fois fondamentales et appliquées.
La suite de ces séances sera consacrée à l’approfondissement de ces compétences tandis que cette première série est dédiée à l’initiation à toutes les thématiques mentionnées auparavant », précise Tamara Elzein. Les formations seront prodiguées par des journalistes habitués à couvrir l’actualité scientifique ou éducative, ainsi que par des scientifiques talentueux, possédant une certaine expérience dans la rédaction scientifique vulgarisée. « La liste des intervenants s’élargira au fur et à mesure du développement de ce programme que nous avons conçu ambitieux, attractif et évolutif », poursuit-elle. À l’issue de la formation, les participants recevront une certification où seront mentionnés le nombre d’heures, l’intitulé et la matière des séances suivies. Cette certification sera particulièrement utile aux doctorants qui pourront valider les formations dans le cadre de leur cursus doctoral. Elle permettra également à tout étudiant de se lancer dans le journalisme scientifique, les certifications seront la preuve de ce qu’ils et elles ont acquis au cours de ces formations.
Bruno Latour, une vrai référence : approcher sa pensée et ses textes, cela peut constituer une première étape pour apprendre plus et comprendre notre époque ! Elever la culture scientifique du grand public : un projet à la fois simple à formuler et complexe à réaliser...
01 h 09, le 28 octobre 2022