Gaz et ballonnements

De mieux en mieux ! Une semaine entière de turbin aux fins de résoudre une énigme bien libanaise : comment sniffer le gaz marin et palper l’oseille de sa vente avant même que de l’avoir tiré ? Un suspense intenable, alimenté par certains médias locaux et quelques torchons du Golfe, qui trouvent commode de conjecturer à propos du Liban plutôt que de se pencher sur les turpitudes de leurs roitelets maison. Tant et si bien que nos bouffons d’en haut, la bave aux commissures, s’agitent dans tous les sens auprès de Total et du Qatar pour hâter les prospections. Ils redoutent que les ballonnements gazeux ne dégonflent et ramènent les turbulences à la case départ.

Inouïe, cette capacité des niaiseux de la politique à mettre la charrue devant les ânes. En bons margoulins, ils se voient déjà sous une pluie battante de billets verts, promettant aux imbéciles qui y croient la fin de la disette et un déversoir de cornes d’abondance… pour au final les affubler de cornes tout court ! Un gaz pour l’heure virtuel et dont les Libanais n’entendront même pas les premiers chuintements, avant que cette source énergétique ne tourne au mirage. Confier le pompage à ceux-là mêmes qui ont pompé les caisses de l’État, telle est sans doute la conception locale du retour sur investissement…

Ce qui n’empêche pas le taulier de la Chambre et son renifleur personnel préposé aux Finances de pousser à la roue pour se placer en pole position. En cela, les deux compères sont suivis à la trace par le Basileus tapi en embuscade, qui s’emploie à leur savonner la planche à quelques enjambées du grand départ pour sa voie de garage. Et en avant la curée ! Tous ont les naseaux qui palpitent sous l’effet des vapeurs d’hydrocarbures et rêvent de derricks les pieds dans l’eau, en nous la jouant Tintin au pays de l’or noir. Bonne chance ! Pourvu qu’ils sachent nager.

Pour l’heure, nos lumières en panne d’électricité testent une nouvelle doctrine : après le troisième ratage hier pour se trouver un nouveau pensionnaire au Château, et à l’ombre d’un gouvernement au ras des pâquerettes, ils s’emploient à dépasser le concept d’abus de pouvoir pour expérimenter en toute confiance l’abus de vacance du pouvoir…

S’il y en a un qui doit se sentir indispensable après le 31 octobre, c’est bien le bidasse de la Garde présidentielle qui continuera d’exécuter sa corvée de pas de l’oie à l’entrée de la coquille vide de Baabda. Un petit air d’Athènes, où les evzones du vieux palais royal sans roi gesticulent pour les touristes.

Finalement, au-delà du fatras des portraits-robots servis ad nauseam à la valetaille, ce sera lui notre prochain président…

gabynasr@lorientlejour.com