Les peuples qui vivent en démocratie sont, en dernière analyse, gouvernés par l’opinion publique. Il faut donc que l’opinion des masses soit bien informée sur tous les grands problèmes du temps.
Certes, les collèges, les écoles, les lycées et les instituts s’efforcent de donner cette information à la jeunesse en lui apprenant l’histoire, les sciences, la géographie, les mathématiques, l’économie, la vie sociale. Mais un tel enseignement ne suffit pas s’il n’est pas complété par la lecture. Écouter un maître, même excellent, n’accoutume pas un esprit à travailler par lui-même. Il faut que chaque homme, chaque femme s’habitue à penser personnellement.
Le travail autonome ne peut s’appuyer que sur la lecture. Ce n’est pas seulement une saine gymnastique de l’intelligence ; elle révèle le caractère secret de la vérité qui devrait être construite à force de patience, de méthodologie et de bonne foi. C’est seul à seul avec un livre ou une revue que se fait la véritable éducation. Elle est le complément indispensable de l’école ou de l’université, et c’est l’enseignement qui en est la clef d’ouverture.
Cela est encore plus vrai concernant l’enseignement postscolaire. En un temps comme le nôtre où la science fait chaque jour de nouvelles découvertes ; où de prodigieux moyens de transmission nous mettent en rapport avec toutes les nations de la Terre ; où les événements les plus lointains ont une action sur notre propre destin, nul ne peut être dit instruit s’il ne complète sans cesse son éducation. Le monde ne s’arrête pas au moment où chacun de nous sort de ses classes. L’histoire continue de se faire ; nous devons continuer à l’apprendre.
C’est à tous ces besoins que s’efforce de répondre la lecture persévérante. On découvre chaque jour, chaque semaine, chaque mois, dans un journal ou dans une revue, une étonnante quantité d’informations. Tel article bourré d’observations exactes oblige le lecteur à réviser son opinion sur la politique économique. Tel résumé d’un livre important en fait connaître au moins l’essentiel et inspire le désir d’aller au plus loin encore. Sciences physiques, sciences médicales, art de vivre, psychologie, politique ou archéologie et dans tous les domaines, la lecture nous aide à faire le point. Elle embellit aussi tous les autres plaisirs de l’existence. On sonde un livre un peu comme un champ pétrolifère. Mieux, on doit interpréter les indices pour avoir les meilleures formules et les plus simples pour s’en tirer avec le plus grand bénéfice ainsi que le plus grand rendement. Ce qui pourrait se résumer ainsi : « Lire, encore lire et toujours lire. »
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