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Nos Lecteurs ont la Parole

Liban : « no exit »

Comme on le constate, on le crie et l’écrit, il est une évidence sur laquelle tout le monde (sauf la classe dirigeante) s’accorde : le Liban ne survivra pas sans un changement drastique, politique, économique et social. Entre illusion et réalité, ce texte, modestement, tente d’anticiper quelques développements éventuels ou suggérer quelques idées en vue d’un développement politique, économique et social.

On entrevoit ci-dessous trois types de développements potentiels (à trois dimensions), peut-être utopiques dira-t-on. Les premiers issus du droit constitutionnel, les deuxièmes pouvant advenir de facto, les troisièmes relevant d’un accord sur le plan international.

Parmi les changements dits constitutionnels, un développement pourrait être produit à travers un accord national, un nouveau contrat social, en d’autres termes. Une assemblée constituante pourrait ainsi voter et exécuter les réformes requises. Il est permis d’imaginer l’adoption (à titre d’exemple) d’un nouveau régime politique basé non pas sur la formule « troïka » d’un système parlementaire, qui partage les pouvoirs des trois présidents arbitrairement, mais remplacer un régime parlementaire multipartiste voué à l’échec par un régime présidentiel doté de plein pouvoirs au niveau de l’exécutif. Dans un tel régime, on pourrait en l’occurrence suggérer un système de rotation confessionnelle entre les communautés (reste à savoir lesquelles, majoritaires et minoritaires à égalité ?). Un président, élu au suffrage universel direct, émanant du peuple cette fois, aux pleins pouvoirs, pour une période de cinq ans, aurait infiniment plus de chances d’exécuter efficacement et rapidement les décisions prises avec l’approbation d’un Parlement constitué de deux chambres, une Assemblée générale et un Sénat. Dans un tel cas, on passe du régime parlementaire au régime présidentiel, qui ne nécessite plus l’existence d’un gouvernement, les ministres étant cette fois désignés directement par le président.

Les réformes requises sont innombrables et sujettes à discussion : supprimer la puissance des clergés, affaiblir le féodalisme, le régionalisme et l’emprise des « grandes familles » politiques et surtout économiques, issues des vestiges du féodalisme et qui se positionnent souvent (avec succès) à la tête de la nation tout entière; instituer le mariage civil et le statut des nationalités, ainsi que les droits de la femme ; établir un équilibre socio-économique par tous les moyens et renforcer les classes moyennes et les démunis, strates sociales qui représentent la majorité ; revoir l’éducation ; mettre l’environnement sur la liste des urgences ; créer un nouveau modèle économique basé sur une diversification entre la manufacture, l’agriculture et le secteur des services, l’export et l’investissement de production, (le tout dans le but d’améliorer grandement le produit national brut); réorganiser le secteur médiatique en gardant la diversité mais en évitant le chaos actuel ; résoudre le problème des réfugiés, des camps de misère palestiniens (il y en a douze) et la question des réfugiés syriens ; organiser la vie urbaine; préserver le patrimoine historique et culturel... La liste des réformes est longue et requiert un travail étatique monumental.

Les autres possibilités ne sont pas plus réalistes que les précédentes, cependant au pays des merveilles et des grandes surprises, utopie et réalité se confondent souvent.

Un coup d’État est peut-être une possibilité lointaine, mais pendant combien de temps l’armée libanaise tiendra-t-elle face à la paralysie du régime en place et de l’effondrement quasi total du pays ? Ou alors un autre soulèvement populaire qui aurait un aboutissement positif cette fois, c’est-à-dire une révolution au vrai sens du terme, qui fera tomber un régime responsable de l’effondrement ? Souvenons-nous de l’histoire, en l’occurrence de la fameuse révolution française survenue au moment où les caisses de l’État étaient à sec. Un dernier développement, bien malheureux cette fois, serait que le Liban replonge dans une guerre civile. Bien des facteurs sont présents, les milices et la tension politico-écomomique. Un vainqueur qui pourrait imposer sa vision ou alors une guerre à longue durée, comme on en a l’habitude, s’enliser et s’y adapter ? En parallèle, et peut-être bien une possibilité déplorable, mais non sans fondements réels, une partition du Liban en bonne et due forme, non pas sur un concept fédéral (système qui nécessite une cohésion en politique de défense et des affaires étrangères), mais dans le sens de la création de plusieurs États indépendants, unitaires et souverains. Certains politologues s’y opposent avec véhémence, le régionalisme devenant de plus en plus populaire.Enfin et dernièrement, on pourrait envisager, comme il fut suggéré par certains, une intervention du droit international public, dans le sens d’une conférence, convention ou résolution concernant le Liban, comme une dernière tentative pour secourir un pays englouti dans l’abysse.

Quoi qu’il s’en faudrait et en tous les cas, le Liban devra tôt ou tard changer de statut, la conjoncture actuelle ne pouvant perdurer éternellement. La métaphysique se heurte toujours à la réalité, tandis que l’idéalisme a toujours une chance de devenir réel. On ne peut se dérober d’un changement devenu plus que jamais urgent. Une nouvelle dialectique est déjà là.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique Courrier n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, L’Orient-Le Jour offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Comme on le constate, on le crie et l’écrit, il est une évidence sur laquelle tout le monde (sauf la classe dirigeante) s’accorde : le Liban ne survivra pas sans un changement drastique, politique, économique et social. Entre illusion et réalité, ce texte, modestement, tente d’anticiper quelques développements éventuels ou suggérer quelques idées en vue d’un développement...

commentaires (1)

Bravo Mr. Habib c’est super ce que vous dites , nous sommes en France un état laïc, mais c’est une illusion ??

Eleni Caridopoulou

01 h 46, le 20 septembre 2022

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Commentaires (1)

  • Bravo Mr. Habib c’est super ce que vous dites , nous sommes en France un état laïc, mais c’est une illusion ??

    Eleni Caridopoulou

    01 h 46, le 20 septembre 2022

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