« Nous avons besoin d’un président courageux… ou d’une présidente courageuse. » L’écrivaine, experte en développement international et activiste libano-américaine, May Rihani a annoncé hier sa candidature à la présidentielle, au cours d’une conférence de presse sous le slogan « Sauver le Liban et restaurer l’État ». À quelques semaines de la fin du mandat de Michel Aoun, le 31 octobre, elle devient la seconde femme – après Tracy Chamoun – à se lancer dans la course à Baabda.
Qui est May Rihani ?
Originaire du Metn, et plus précisément du village de Friké, elle est née en 1945. Elle est la fille d’Albert Rihani et la nièce d’Amine Rihani, tous deux d’importantes figures littéraires libano-américaines. Amine Rihani était particulièrement connu pour ses liens étroits avec l’Arabie saoudite, qu’il a visitée pour la première fois en 1922 et qui lui a rendu honneur en 2016.
Établie aux États-Unis depuis 45 ans, May Rihani se décrit comme une experte depuis 35 ans en développement international. Elle a été directrice de la chaire Gibran Khalil Gibran à l’Université du Maryland de 2016 à 2020. Elle a également été coprésidente de l’Initiative des Nations unies pour l’éducation des filles de 2008 à 2010. Celle qui a 9 ouvrages publiés à son compteur est directrice du bureau de l’Union culturelle libanaise mondiale à Washington, entre autres organisations représentant la diaspora libanaise outre-Atlantique. Elle a également travaillé avec l’Association René Moawad, dirigée par le député indépendant de Zghorta Michel Moawad.
Si elle affirme ne pas avoir encore entamé des contacts politiques concrets, elle précise toutefois, dans une interview accordée à L’Orient-Le Jour, avoir évoqué mardi sa candidature avec M. Moawad, pourtant lui-même perçu comme présidentiable. « Cela ne signifie pas qu’on est l’un contre l’autre. Nous avons des profils légèrement différents et tout va dépendre de qui pourra fédérer les élus », déclare-t-elle. May Rihani devra également s’entretenir avec le patriarche maronite Béchara Raï « bientôt ». Selon nos informations, l’ambassade d’Arabie saoudite à Beyrouth a évoqué son nom comme une candidate que Riyad pourrait soutenir.
Quatre priorités
Concernant ses motifs à rentrer au Liban et briguer le poste de présidente de la République, sa vision pour l’avenir du pays et son programme électoral, May Rihani semble avoir sérieusement mûri sa réflexion. « Être membre de la diaspora ne signifie pas qu’on n’est pas impacté par la situation au Liban. Au contraire, les résidents comme les expatriés sont tous les deux victimes », a-t-elle affirmé au cours de sa conférence de presse hier à l’hôtel Bustan, à Beit Mery. Elle a précisé que c’est une des raisons qui l’ont poussée à rentrer de Washington et présenter sa candidature à la magistrature suprême. Car pour elle, la solution à la crise passe d’abord par la politique. « Les politiciens au Liban ont décidé de considérer la Constitution comme étant un point de vue que l’on a le choix d’adopter ou pas. La vérité, c’est que la loi fondamentale doit être respectée à la lettre. Si je suis élue présidente, la Constitution sera ma référence. » Elle ajoute vouloir mettre sur pied des équipes constituées d’experts pour débattre avec eux des dossiers qu’elle juge prioritaires, dont elle cite quatre principaux.
Évoquant d’abord la question du Hezbollah, elle affirme sans détour : « La Constitution est claire, seule l’armée libanaise peut porter les armes. Il est donc indéniable que l’arsenal du Hezbollah représente un phénomène anticonstitutionnel qu’il faut adresser. » Pour ce faire, elle souhaite entamer un dialogue avec le parti chiite en vue de l’inclusion des armes et de « certains » combattants du groupe au sein de l’armée libanaise. May Rihani dit aussi vouloir améliorer les relations entre le Liban et les pays arabes, dont l’Arabie saoudite. « Le Liban doit s’intégrer dans l’arabisme moderne et mondialisé auquel nous assistons », espère-t-elle.
Consciente du fait que si elle est élue, elle serait la première présidente de la République libanaise, Mme Rihani accorde une grande importance à la question des droits de la femme au Liban. « Au cas où j’accéderai au palais de Baabda, je veillerai au respect de la Constitution, qui souligne l’égalité homme-femme. Ainsi, la première mesure pour laquelle je pousserais sera le droit de la femme de donner la nationalité à ses enfants », déclare-t-elle.
May Rihani dit aussi vouloir se battre en faveur des droits des déposants qui ont vu leurs épargnes bloquées dans les banques en raison de la crise financière dans laquelle sombre le pays depuis bientôt trois ans. « Mon objectif, c’est de récupérer 80 % des dépôts », affirme-t-elle, sans détailler comment elle envisagerait de procéder. Elle évoque également sa volonté de « restructurer le secteur bancaire conformément aux standards internationaux ». C’est dans cette optique que la candidate souhaite accélérer les négociations avec le Fonds monétaire international. « C’est un premier pas important, qui peut rétablir la confiance des bailleurs de fonds internationaux », ajoute-t-elle, en rappelant que tout au long de sa carrière, elle a tissé des relations solides avec un vaste étendard d’organisations et de donateurs internationaux.
Enfin, May Rihani souhaite « révéler au plus vite la vérité » concernant la tragédie du port de Beyrouth, secoué le 4 août 2020 par une gigantesque explosion qui a détruit des quartiers entiers de la capitale, faisant plus de 230 tués. « Il est inadmissible que deux ans plus tard, les parents de victimes ne savent toujours pas qui a tué leurs enfants », dénonce-t-elle. Mme Rihani souhaite également entamer la reconstruction du port, afin de « remettre Beyrouth sur la carte mondiale au plus vite ».
commentaires (14)
Je crains que Al aynou bassira wal yadou kassira... mais c'est un bon programme...
Wlek Sanferlou
15 h 05, le 09 septembre 2022