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Nos Lecteurs ont la Parole

Walid Joumblatt ou l’acrobatie en politique

À force de sauter dans tous les sens, un homme risque un jour de chuter violemment sans pouvoir se relever. Deux attitudes sont constantes chez Walid Joumblatt : le changement, à répétition, de son positionnement politique et les critiques acerbes à l’encontre des Forces libanaises, par ailleurs ses alliées politiques.

Je tenterai, l’espace d’un texte limité dans la longueur, d’analyser le pourquoi et le but de ces comportements.

Comportement politique mouvant

Walid Joumblatt est le seul homme politique au Liban qui change d’alliances, de stratégie politique suivant des analyses assez floues. Cette attitude indispose toutes les autres communautés au Liban. Un autre politicien l’a rejoint : Michel Aoun qui, d’un opposant farouche à la Syrie et à la stratégie iranienne du Hezbollah, est devenu leur allié fidèle.

Nous ne pouvons pas dire que Joumblatt est l’allié du Hezbollah. Cependant, il prend des positions et tient des propos qui peuvent nuire à ses alliances avec le camp de l’opposition à ce courant, et donc l’affaiblir. Il donne l’impression « de berner et d’abuser de notre crédulité comme dans une scène de somnambulisme » comme le dit Mostefa Khellaf. Il a peut-être une admiration pour Machiavel qui clame que « le prince qui veut se maintenir doit apprendre à pouvoir être malhonnête… ». Je ne souhaite pas commenter cette phrase, mais ce qui est sûr, c’est que l’état désastreux de la nation ne nécessite pas ce type d’homme politique.

L’attitude de Joumblatt prend souvent en considération l’intérêt spécifique de la communauté druze, quelles que soient les conséquences pour le pays en général. Comment donc M. Joumblatt peut-il aider à construire un État de droit si l’intérêt du pays passe après celui de la communauté druze ? Défendre sa communauté est légitime mais, comme Bachir Gemayel, il faut englober tout le Liban pour qu’il puisse survivre et puis épanouir toutes les communautés.

Attitude vis-à-vis des FL et des chrétiens en général

Depuis 2005, Walid Joumblatt n’hésite pas à critiquer d’une façon peu diplomatique et parfois acerbe, selon la nécessité du moment, les Forces libanaises, les propos de Samir Geagea, voire les maronites en général. Et pourtant, les FL sont considérées comme ses alliées.

En 2009, Walid Joumblatt a traité les maronites de « mauvaise race qui restera mauvaise ». Des propos racistes qui, dans un État de droit, entraîneront une plainte en justice. À maintes reprises, il critique des prises de position des FL. Est-il un allié des Forces libanaises ? Son attitude prouve le contraire. Par ailleurs, les FL évitent de lancer des critiques aussi acerbes à l’encontre du leader druze et pourtant les occasions ne manquent pas. Walid Joumblatt donne l’impression de quelqu’un qui n’est pas encore sorti de l’ambiance de la guerre, à la différence de Samir Geagea dont l’attitude montre une ouverture d’esprit vers ses alliés du 14 Mars. Manifestement, ceci ne suffit pas pour ne pas traiter ces maronites d’isolationnistes et de mauvaise race.

Son rapprochement du Hezbollah, même si stratégiquement il reste loin de lui, est motivé selon une première hypothèse, par l’intérêt de la communauté druze et certainement pas celui du Liban. Les dialogues avec le Hezbollah ont toujours été un échec. Si cette ouverture est réalisée afin d’aider à redresser l’économie, ceci est impossible avec la mainmise du Hezbollah sur l’État.

Probablement que la motivation de Walid Joumblatt est de torpiller les efforts de Samir Geagea d’unir les forces de l’opposition. Si c’est le cas, c’est une preuve de plus qu’il n’est pas l’allié des FL. Il faut donc avoir le courage de le dire clairement.

De ses attitudes, ses comportements, ses propos, nous ne pouvons pas dire que Walid Joumblatt est un homme d’État. C’est un politicien cherchant avant tout son intérêt personnel, enveloppant ses déclarations dans un cadre national. Il est souhaitable que Walid Joumblatt sorte de ses phobies habituelles, afin qu’il puisse s’ouvrir à la communauté chrétienne et aider à construire un vrai État de droit. Qu’on le veuille ou pas, la ligne défendue par les FL (aussi par le parti Kataëb, le PNL…) représente la ligne historique des chrétiens du Liban : celle de la défense de la liberté et de l’indépendance. Il est licite d’espérer que c’est bien le cas également pour Walid Joumblatt : ainsi, il y aura au Liban deux mauvaises races.

Il y a des violences justes. Quand une situation est bloquée, entraînant un désespoir généralisé et l’effondrement de l’État, il faut choisir entre la soumission et la violence. Gandhi, l’apôtre de la paix, a, lui, fait son choix : « Là où il n’y a le choix qu’entre lâcheté et violence, je conseillerai la violence. »

Dr Issam FRANGI

Chirurgien et diplômé en histoire

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique Courrier n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, L’Orient-Le Jour offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires ni injurieux ni racistes.

À force de sauter dans tous les sens, un homme risque un jour de chuter violemment sans pouvoir se relever. Deux attitudes sont constantes chez Walid Joumblatt : le changement, à répétition, de son positionnement politique et les critiques acerbes à l’encontre des Forces libanaises, par ailleurs ses alliées politiques.Je tenterai, l’espace d’un texte limité dans la longueur,...

commentaires (2)

Au final c'est l'attitude de Aoun et du CPL a l'egard de Joumblatt qui est la bonne. A cette fin Joumblatt n'a jamais trahi Aoun. CQFD.

Ventre-saint-gris

15 h 04, le 08 septembre 2022

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Commentaires (2)

  • Au final c'est l'attitude de Aoun et du CPL a l'egard de Joumblatt qui est la bonne. A cette fin Joumblatt n'a jamais trahi Aoun. CQFD.

    Ventre-saint-gris

    15 h 04, le 08 septembre 2022

  • Un caméléon…

    Eleni Caridopoulou

    07 h 04, le 08 septembre 2022

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