
Une image composite, publiée par la NASA/ESA et provenant des télescopes James Webb et Hubble, a capturé le cœur de M74, connue sous le nom de la « galaxie fantôme », à 32 millions d’années-lumière de la Terre et englobant 100 milliards d’étoiles. Un cliché publié le 30 août. Photo AFP/ESA/Webb, NASA & CSA, J. Lee et l’équipe Phangs-JWST
Sous un ciel pas si étoilé, Alain Khayat, chercheur scientifique au centre de vol spatial Goddard de la NASA, était convié mercredi soir à un événement organisé à Beit Méry par l’association Univerciel. Cette organisation non gouvernementale opère depuis 2015 pour construire un pont entre le monde des étoiles et la population libanaise afin de transmettre cette culture scientifique.
Les plus férus d’astronomie se sont réjouis de la présence d’Alain Khayat, notamment les étudiants de l’Université libanaise, là où le Tripolitain a obtenu son diplôme universitaire en ingénierie.
Actuellement, Alain Khayat a les yeux rivés sur la planète rouge et travaille au sein de la mission Mars Science Laboratory en utilisant le « Curiosity Rover » (un véhicule tout-terrain qui roule sur Mars) et le Mars Reconnaissance Orbiter Spacecraft pour cartographier la surface de Mars. « C’est l’un des programmes les plus difficiles. C’est un processus qui ne cesse d’évoluer ; nous travaillons sur la caractérisation (analyse des propriétés) de l’atmosphère martienne », explique Alain Khayat à L’Orient-Le Jour. Le tout pour préparer humains à atterrir sur Mars dans le futur. « Mais ce sera des centaines d’années plus tard », précise-t-il.
Si Alain Khayat n’a pas travaillé sur le télescope James Webb qui a fait le tour de la toile, il l’a vu pour la première fois en construction en 2011. Et il utilise ce télescope pour observer Mars. « Ce télescope voit des choses que d’autres n’arrivaient pas à repérer. Nos recherches sont des puzzles auxquels nous ajoutons de nouvelles informations. C’est une nouvelle fenêtre pour l’univers. James Webb ouvrira une porte pour un autre, en l’occurrence le Nancy Grace Roman Space Telescope (qui sera opérationnel en 2026) », explique Alain Khayat qui est venu passer ses vacances au Liban. De quoi se déconnecter de tout. Son temps au pays du Cèdre, il le passe avec ses parents et se ressource dans la montagne où il fait des randonnées.
Alain Khayat au cours de sa conférence avec Univerciel. Photo DR
De Tripoli à la NASA
Devant son public, Alain Khayat raconte son parcours, dont ces jeunes rêvent tous. « J’ai des frissons », lance un universitaire, membre du club d’astronomie d’une université locale.
Tout a commencé avec un simple livre que son père avait laissé traîner sur une étagère de sa bibliothèque Tout savoir sur l’astronomie. « J’ai compris très jeune que c’était cela que je voulais faire de ma vie. » Alors, Alain Khayat, enfant à l’époque, passe son temps sur le toit de sa maison pour observer les étoiles, économise tout ce qu’il a pour pouvoir s’acheter un télescope, épie les rayons de la librairie du coin pour acheter des magazines sur l’astronomie et fonde un miniclub d’astronomie avec trois de ses amis. « Je voulais trouver des réponses à mes questions », explique-t-il au public. Scout, il se réveillait tôt le matin pour regarder les étoiles. Bac en poche, il s’inscrit à l’Université libanaise en ingénierie mécanique « avec un pincement au cœur car il n’y avait pas de programme dédié à l’astronomie ». Après avoir obtenu son diplôme, il pose ses valises pendant un an à Dubaï pour travailler. Le but : économiser au cent près, car il a des vues sur les États-Unis, où il poursuivra ses études supérieures en master et doctorat. « Je voulais aller à la source », dit-il. Destination : Hawaï, où il est entouré d’anciens étudiants de Harvard, Berkeley et du MIT, entre autres. À l’Université de Hawaï, il obtient un master en astronomie et finit parmi les premiers de sa classe, ainsi qu’un doctorat.
En parallèle de ses études, il travaille également pour la NASA dans le cadre des activités du télescope Infrared Telescope Facility qui est sur le sommet de Mauna Kea à Hawaï. « J’avais la chair de poule, je me suis dit : c’est le moment que j’attendais tant, raconte-t-il devant des jeunes ébahis. Je voulais être le meilleur, pour moi, mais aussi pour ceux qui viendront du Liban après moi… »
Alain Khayat. Crédit photo NASA_Studio
Atteindre le grand public
Au cours de la conférence, Maroun Habib, coordinateur du World Space Week au Liban, a évoqué les différentes manières de faire connaître l’astronomie à travers divers domaines auprès d’un plus grand public. Ahmad Chaalane, professeur en physique atomique et représentant de l’Union astronomique internationale au Liban (IAU – International Astronomical Union), était également présent. Jean-Pierre Saghbini, président de l’association Univerciel Liban, ingénieur de formation et entrepreneur, a introduit l’invité de marque.
Si l’astronomie est réservée à une minorité d’intéressés au Liban, avec les dernières découvertes, elle commence à atteindre un plus grand public. Faire connaître ce domaine au plus grand nombre est crucial « pour développer un esprit critique, mais aussi donner un plus grand aperçu sur la manière dont l’univers fonctionne », estime Alain Khayat. « Peut-être que cela nous forcera à prendre soin de la Terre. Après tout, face à l’univers, nous sommes minuscules », lâche-t-il.
Sous un ciel pas si étoilé, Alain Khayat, chercheur scientifique au centre de vol spatial Goddard de la NASA, était convié mercredi soir à un événement organisé à Beit Méry par l’association Univerciel. Cette organisation non gouvernementale opère depuis 2015 pour construire un pont entre le monde des étoiles et la population libanaise afin de transmettre cette culture...
commentaires (2)
"… Face à l’univers, nous sommes tous minuscules …" - C’est vrai ce qu’on raconte, que l’égo de Gendrillon peut contenir jusqu’à trois univers?…
Gros Gnon
15 h 38, le 03 septembre 2022