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Culture - Cinéma

Lorsque la crise des déchets au Liban devient un problème existentiel

De Venise, où il était sélectionné, à New York en passant par la France, le film « Costa Brava » de Mounia Akl qui lance le festival « Reef » à Kobeyate termine sa tournée mondiale pour atterrir dans les salles libanaises à partir d’aujourd’hui.

Lorsque la crise des déchets au Liban devient un problème existentiel

Une famille qui fait face à la plus grande crise de déchets que le Liban ait connue. Photo DR

L’exercice qu’a choisi Mounia Akl pour son premier long-métrage Costa Brava est assez ardu. Parler d’un couple qui se déchire et qui vit une grave crise conjugale dans un cadre urbain qui implose n’est pas une chose évidente. Saleh Bakri et Nadine Labaki sont mari et femme dans le film et ont deux petites filles. L’une déjà adolescente et l’autre encore dans la préadolescence. Ils ont choisi d’aller vers la montagne, alors que la ville expérimente la plus grave crise de déchets. Ils ont tout laissé derrière eux pour vivre une vie autonome et indépendante. Mais, même sous un ciel bleu et un air pur, leurs problèmes ne vont pas se résoudre surtout lorsqu’une décharge pointe pas très loin de chez eux. Ce sont en fait les peurs qui réapparaissent. Le mari, en effet, voulait en apparence vivre en harmonie avec la nature, mais tout au fond de lui-même il cachait une frayeur incontrôlable qu’il n’arrivait pas à surmonter.

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Crise personnelle et publique

Le problème est-il extérieur ? Intérieur ? Ou y a-t-il interaction entre l’environnement et ce qui fait l’être humain ? Telle est la question que pose la jeune réalisatrice tout en y répondant elle-même. « La crise des déchets est l’une des plus graves que le Liban ait connue, car elle revêt plusieurs volets dont la principale est existentielle, dit-elle. Voir ses propres déchets signifierait voir l’échec de son modèle de vie devant ses yeux. Il représenterait aussi la disparition de certains paysages qu’on aime tant. » Et de poursuivre : « Le Liban, quoique simple d’apparence, est très complexe. C’est une société qui ne permet pas aux jeunes de s’épanouir et de tracer leur propre parcours loin des clichés sociaux bien établis. C’est un pays qui étouffe souvent les rêves. » Certes, cela peut créer chez certains une force tout comme la maman dans le film qui ne veut plus vivre dans la peur, mais essaye de redéfinir sa propre vie. Elle tente de se réinventer, en poussant même sa fille à le faire. Est-ce que le père qui, lui-même, s’est défini un schéma effrayant de la ville, les suivra-t-il en retournant vers le mode de vie qu’ils ont tous quitté un jour ? On laissera aux spectateurs le soin de le découvrir en salle. En attendant, L’Orient-Le Jour dévoile quelques secrets du tournage.

La réalisatrice Mounia Akl avec ses deux actrices en herbe, Ceana et Geana Rustom. Photo DR

Deux fillettes en une

Ce sont deux jumelles Ceana et Geana Rustom qui jouent le rôle de Reem, la petite fille. Ceci n’était pas prémédité mais accidentel, mais au bout du compte cela a servi au film car chacune de ces filles possède un caractère différent. Il fallait donc que chacune joue des scènes adéquates à son caractère et adapter la direction de ces petites actrices en herbe à leur propre personnalité. Ce qui donne un personnage complexe puisqu’il y a dualité dans un même rôle.

Saleh Bakri et Nadine Labaki, un couple qui se déchire tout comme le pays. Photo DR

Zéro déchets

Comme le film s’articule autour de la crise des déchets et que d’autre part un tournage ne peut avoir lieu sans engendrer beaucoup d’ordures, il était important d’adapter ce dernier au thème du film en relevant le défi et en essayant de le faire « zéro déchets ». Le travail s’est fait avec des activistes environnementaux qui ont aidé la réalisatrice dans ses recherches comme Adib Dada, Najat Aoun, Recycle Lebanon… Ils ont œuvré au-delà du film à trouver des solutions à ce problème. Si le cinéma contribue à changer le monde, il faut par ailleurs y participer d’une manière active. « C’était très inspirant de recadrer l’activité du tournage dans les activités sociales et écologiques du Liban », affirme Mounia Akl.

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Les déchets, des effets spéciaux ?

Le tournage a eu lieu dans une montagne très verte. À Debbiyeh, dans le Chouf, et à Ghazir. Puis la scène de la décharge a eu lieu à Jdeidé. Tournée sur ordinateur, elle a été reconstituée par la suite. C’est une idée de Peter York qui travaille sur les effets spéciaux notamment avec Lars von Trier.

La vérité sort de la bouche des enfants

Durant le tournage et pour la dernière scène, une des filles s’est tellement impliquée dans le sujet qu’elle a chuchoté à la réalisatrice une certaine idée sur la fin du film.

L’exercice qu’a choisi Mounia Akl pour son premier long-métrage Costa Brava est assez ardu. Parler d’un couple qui se déchire et qui vit une grave crise conjugale dans un cadre urbain qui implose n’est pas une chose évidente. Saleh Bakri et Nadine Labaki sont mari et femme dans le film et ont deux petites filles. L’une déjà adolescente et l’autre encore dans la préadolescence....

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