Organisée du 6 juin au 8 juillet par l’école de conservation et restauration de l’Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK) et celle de l’Université des sciences appliquées et des arts de la Suisse méridionale (Supsi), une école d’été pour les interventions d’urgence s’est déroulée au palais Sursock, à Beyrouth, avec pour mission de sécuriser la décoration en plâtre du palais, élément typique de ce site. Au cours de cette école d’été gérée par deux enseignants suisses de la Supsi, l’équipe de travail — formée de trois étudiants de la Supsi et quatre de l’USEK auxquels se sont joints quelques professionnels — s’est attelée à sécuriser la décoration en stuc qui n’était plus bien fixée aux murs et au plafond. « Il fallait finir cette étape, car dans quelques mois débutera la conservation et la restauration des façades relevant de la structure architecturale. Il y aura alors des vibrations qui vont produire d’autres détachements et la perte de beaucoup de ces décorations », explique Giacinta Jean, responsable du cursus de conservation et restauration à la Supsi. Pour l’USEK et la Supsi, il était primordial d’engager leurs étudiants dans ce projet. Une opportunité pour ces derniers « d’effectuer des travaux de restauration sur un site d’une grande valeur culturelle », note Joseph Zaarour, responsable du programme de conservation et de restauration des biens culturels à l’USEK.
Inscrite à ce programme, Élise el-Rassi, 3e année de licence, confie que « contribuer à la restauration d’un lieu aussi important que le palais Sursock est un grand privilège. C’est un moment de méditation devant une histoire vieille de quatre générations » ! Quant à Christina Bitar, jeune architecte qui, outre sa licence en restauration à l’USEK, est sur le point d’achever un master en conservation et restauration des monuments historiques à l’Université libanaise (UL) à Tripoli, elle avoue avoir « toujours admiré les maisons libanaises du XIXe et du début du XXe siècle dont le palais Sursock fait partie, étant l’une des plus belles et plus grandes d’entre elles à Beyrouth ». Participer à ce projet a constitué pour elle « la grande opportunité » qu’elle attendait afin de développer ses connaissances, sur ce chantier en particulier. Joseph Zaarour estime en outre que des perspectives d’envergure sont offertes aux étudiants ayant acquis de nouvelles compétences et appris à surmonter les défis rencontrés sur le chantier. D’ailleurs, pour Giacinta Jean, la formation des étudiants aux différentes approches et techniques de stabilisation et de mise en sécurité des décorations en stuc « représente une occasion exceptionnelle ». Elle permet en effet à ces « futurs responsables de chantiers » d’utiliser leurs connaissances dans d’autres situations, étant donné que les décorations en stuc sont « typiques des constructions au Liban ». Le rôle de l’école suisse étant d’apporter son expertise au niveau des formations, « les dégâts au palais et ailleurs pourront être résolus sur place par ces personnes qui seront capables de comprendre les problèmes et qui auront maîtrisé les techniques pour les réparer », poursuit-elle. Par ailleurs, Christina Bitar raconte que l’un des grands défis du projet a été le temps. « En cinq semaines et malgré le travail acharné, nous savions que cette phase de conservation n’allait pas introduire d’autres types d’interventions et que nous ne pouvions pas pousser les frontières de la zone prévue de notre travail. Nous nous sommes donc concentrés sur la consolidation des éléments pour éviter leur chute, en attendant la mise en place des phases ultérieures. » « Tout ce que nous avons fait est très minime devant les travaux qu’il reste à faire », ajoute Élise el-Rassi. Giacinta Jean dit ainsi espérer répliquer cette expérience en hiver si les fonds nécessaires pour couvrir le coût du projet seront récoltés.
Ce projet, présenté par la Supsi, l’USEK, l’UL et l’Université Saint-Joseph (USJ), avait été sélectionné par l’appel Research Partnership Grant 2021 de la Leading House MENA, remportant une bourse de partenariat de recherche. Il a également bénéficié du soutien financier du fonds RestART Beirut, du ministère suisse de l’Éducation et de l’ambassade suisse au Liban, permettant le démarrage des travaux de restauration. « Le but était d’aider Beyrouth après la dévastation causée par l’explosion (du 4 août 2020 au port de Beyrouth, NDLR), notamment son patrimoine culturel, d’une façon concrète, même si minime par rapport aux dégâts », affirme Giacinta Jean.