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Société - Interview express

Ziad Akl, directeur de la YASA : L’État ne se soucie pas de tirer les leçons des accidents mortels

Ziad Akl, directeur de la YASA : L’État ne se soucie pas de tirer les leçons des accidents mortels

Un accident mortel, survenu en 2016 à l’endroit même où Georges al-Rassi a trouvé la mort samedi dernier, avec sa passagère. Photo d’archives al-Marsad

Le tragique accident de la route qui a coûté la vie samedi dernier à une star de la chanson populaire, Georges al-Rassi, ainsi qu’à sa passagère, Zeina Merhebi, a remis en avant les défis et dangers routiers qui font chaque année des centaines de victimes anonymes au Liban. Le chanteur a percuté un parpaing posé au milieu de la chaussée, à proximité du poste-frontière avec la Syrie (Masnaa). Combien d’automobilistes meurent-ils ainsi chaque jour ? Quelle est la responsabilité de l’État et celle des automobilistes face à ce bilan ? Comment arrêter l’hémorragie ? Le directeur de la YASA (Youth Association for Social Awarness) répond à L’Orient-Le Jour.

Quelle est la fréquence des accidents de la route mortels à travers le territoire ?

Pour le seul mois d’août, l’on recense 42 victimes, soit bien plus d’un mort par jour. Elles ont été tuées dans plusieurs des 154 accidents, qui ont fait par ailleurs 187 blessés. En juillet dernier, les décès dus à l’insécurité routière étaient au nombre de 140, tandis que 210 personnes avaient été blessées.

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Ces chiffres sont constants en comparaison avec les statistiques précédentes, mais sont toutefois considérés comme élevés par rapport à la circulation automobile qui a sensiblement diminué cette année en raison de l’augmentation du prix des carburants. En outre, même s’ils sont officiels, ces chiffres ne sont pas précis, vu que nombre d’accidentés de la route qui sont hospitalisés et succombent plus tard ne sont pas enregistrés auprès du Centre de gestion du trafic.

Quelle est la part de responsabilité de l’État dans la mortalité routière ?

Les ministères de l’Intérieur et des Travaux publics et des Transports négligent la sécurité routière. Cette défaillance s’est accentuée dès le début de la crise économique (2019), d’autant que l’État n’a pas les budgets nécessaires pour assurer la maintenance des routes et des équipements. Les voies crevassées ne sont pas rebitumées, les feux de signalisation défectueux ne sont pas remplacés, les éclairages ne fonctionnent pas. Les joints de chaussée (assurant la continuité de la circulation sur les ponts) se dégradent sans être réparés.

En outre, des plaques d’égout ont été volées et n’ont pas été remplacées. Ce type de vols, qui a débuté après la double explosion au port en août 2020, s’est multiplié les mois suivants, dans l’indifférence du gouvernement. Alors que la YASA avait maintes fois exhorté les autorités à rechercher les malfaiteurs. Ce n’est qu’en mars 2021 que certains de ces voleurs ont finalement été arrêtés, mais entre-temps la disparition des plaques d’égout a causé de multiples accidents.

Un autre problème est que les responsables ne tirent malheureusement pas les leçons des accidents. Ces dernières années, plusieurs accidents mortels ont eu lieu à l’emplacement même où Georges al-Rassi est entré dans un muret. Or, aucune signalisation adéquate n’a été mise en place, de même que le parpaing central n’a jamais été équipé de matériel amortisseur de chocs pour prévenir d’autres drames. Sur un autre plan, les véhicules ne sont plus soumis à l’inspection mécanique. Depuis deux mois, leurs propriétaires règlent les taxes sans que ne soit vérifiée leur conformité aux normes de sécurité. Motif? L’État n’a pas renouvelé le contrat avec la société chargée du contrôle et n’a pas lancé un nouvel appel d’offres.

Enfin, l’État ne veille pas à l’application du code de la route, que de multiples automobilistes enfreignent, stimulés par l’incurie des responsables.

Que reproche-t-on aux conducteurs et que leur recommandez-vous ?

Le comportement de nombreux usagers de la route laisse à désirer. Certains empruntent des voies à contresens, d’autres ne portent pas la ceinture de sécurité et brûlent les feux quand il y en a. Plus particulièrement, les jeunes conduisent souvent sous l’emprise de l’alcool, roulent à tombeau ouvert et ne lâchent pas leur téléphone portable lorsqu’ils sont au volant.

Mes recommandations aux automobilistes sont celles que la YASA leur adresse à travers des affiches sur les routes, dans le cadre de campagnes nationales pour la sensibilisation à une conduite sûre, organisées depuis de nombreuses années : « Ne texte pas en conduisant ! » « Tu aimes tes parents ? Conduis doucement ! » « Ne laisse pas la vitesse tuer des âmes qui aiment la vie », « Ne te tue pas à cause de la vitesse et ne tue personne à cause d’elle. »

Le tragique accident de la route qui a coûté la vie samedi dernier à une star de la chanson populaire, Georges al-Rassi, ainsi qu’à sa passagère, Zeina Merhebi, a remis en avant les défis et dangers routiers qui font chaque année des centaines de victimes anonymes au Liban. Le chanteur a percuté un parpaing posé au milieu de la chaussée, à proximité du poste-frontière...

commentaires (7)

Dans l'impasse depuis plus d’une décennie, le contentieux entre nous et Israël autour de la délimitation de la frontière maritime risque de durer encore longtemps, comme il est impossible pour nous d'échapper aux gros et bien profonds trous qui jonchent les routes il suffirait de creuser un peu plus et l'on aurait de grandes chances de trouver du gaz ou du pétrole..

C…

18 h 40, le 01 septembre 2022

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Commentaires (7)

  • Dans l'impasse depuis plus d’une décennie, le contentieux entre nous et Israël autour de la délimitation de la frontière maritime risque de durer encore longtemps, comme il est impossible pour nous d'échapper aux gros et bien profonds trous qui jonchent les routes il suffirait de creuser un peu plus et l'on aurait de grandes chances de trouver du gaz ou du pétrole..

    C…

    18 h 40, le 01 septembre 2022

  • L’état ne se soucie vraiment de pas grand-chose… car malgré la gérance catastrophique de l’état, ce peuple incroyable qu’est le nôtre ne fait que voter pour les mêmes !!!

    Hanna Philipe

    18 h 14, le 01 septembre 2022

  • État ZIFT !!

    Wow

    13 h 48, le 01 septembre 2022

  • l ' Etat? Quel Etat ?? hahahahahahaha

    LeRougeEtLeNoir

    10 h 49, le 01 septembre 2022

  • Mais pourquoi vous continuez à citer une chose qui n’existe pas : l’Etat !!! Mais de quel État on parle? Si c’est l’Etat libanais celui ci n’existe plus depuis qu’il a fait défaut sur ses dettes. Tous les postes tels que chef de l’Etat, PM, chef du parlement, ministres, députés, fonctionnaires… sont des emplois fictifs payés par l’épargne restante des libanais jusqu’à épuisement total qui ne saurait tarder. Alors cessez de perdre votre temps et votre énergie et oubliez une fois pour toutes l’Etat libanais actuel jusqu’à au moins la prochaine élection présidentielle qui pourrait, par miracle, amener un président digne de ce nom qui voudra travailler pour le bien être de ce pays et non pas pour l’intérêt de sa famille, de son gendre, de son parti et des pays étrangers tels que l’Iran et la Syrie.

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 51, le 01 septembre 2022

  • "L’État ne se soucie pas de tirer les leçons des accidents mortels". Pas plus que du prix des denrées alimentaires, de l'essence ou des médicaments, du manque d'électricité, et, d'une manière générale de tout ce qui touche au bien-être des citoyens. De quoi donc se soucie-t-il? D'une seule chose: perpétuer les avantages et privilèges de la classe politique qui le compose.

    Yves Prevost

    06 h 45, le 01 septembre 2022

  • Quel etat. Bordel!?

    Robert Moumdjian

    00 h 41, le 01 septembre 2022

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