Le chef de l'État libanais Michel Aoun a assuré lundi qu'il œuvrait en vue de la formation d'un nouveau gouvernement avant la fin de son mandat, le 31 octobre, alors que ses détracteurs l'accusent de vouloir entraver cette procédure et de chercher à rester au palais de Baabda après cette échéance. De son côté, commentant ce dossier dans l'impasse, alors que le camp du président Aoun et celui du Premier ministre désigné Nagib Mikati s'échangent des accusations depuis plusieurs jours, le Hezbollah a dénoncé ce qu'il a qualifié de "caprices", dans ce qui semble être une critique adressée aux deux responsables.
Le cabinet de Nagib Mikati gère les affaires courantes depuis le 22 mai, suite aux élections législatives. Ce surplace fait craindre une vacance totale au niveau de l'Exécutif avant l'échéance du sexennat de Michel Aoun. Plusieurs observateurs redoutent de voir ce dernier rester à Baabda, sous prétexte de l’impossibilité pour un cabinet sortant d’exercer les prérogatives du chef de l’État.
Obstacles persistants
"Alors que je cherche à former un gouvernement avant la fin de mon mandat, certains maintiennent leurs accusations de blocage à mon encontre", a fustigé M. Aoun, selon un communiqué de la présidence. Répondant à une question que lui a adressée une délégation du secteur audiovisuel reçue à Baabda, le chef de l’État a estimé que "les puissances étrangères évoquent positivement le dossier de la formation du gouvernement". "Il y a sans doute des obstacles qui persistent, mais les efforts ne se sont pas arrêtés. Les pourparlers sont toujours en cours", a-t-il insisté. Il a cependant mis en garde contre "un double discours" sur ce plan, dans une critique claire de Nagib Mikati. Ce dernier s'était rendu à deux reprises à Baabda ces deux dernières semaines, mais ses discussions avec le chef de l’État n'ont mené à rien.
Selon des informations obtenues par L’Orient-Le Jour de sources politiques informées, M. Aoun s’est montré ouvert à l’idée de maintenir un cabinet de 24 ministres, alors qu’il avait réclamé auparavant l’ajout de six ministres d’État sans portefeuille, mais représentant les différentes formations politiques. De plus, il aurait expliqué à M. Mikati qu’il n’avait pas de problème à le laisser remplacer le ministre sortant de l’Économie Amine Salam, et celui des Déplacés Issam Charafeddine, par des personnalités de son choix. "Une cinquième rencontre aura probablement lieu cette semaine entre le Premier ministre désigné et le chef de l’État pour poursuivre les tractations ", a confirmé une source proche de M. Mikati.
Parallèlement aux déclarations du président Aoun, Nagib Mikati s'est rendu à Aïn el-Tiné, où il a été reçu par le président du Parlement Nabih Berry. Taymour Joumblatt, chef du groupe parlementaire du Parti socialiste progressiste (PSP), a lui aussi été reçu par M. Berry.
Les critiques indistinctes de Raad
Commentant l'impasse gouvernementale, le chef du groupe parlementaire du Hezbollah Mohammad Raad a estimé qu'un "pays ne peut pas connaître la stabilité sans gouvernement". "Ce n'est pas le moment des caprices", a-t-il lancé, dans une pique qui ne distingue pas entre le président de la République et le Premier ministre désigné. "Nous ne sommes pas concernés par ceux qui viennent et ceux qui partent. Renflouez ce gouvernement afin qu'il soit de plein pouvoir", a-t-il plaidé, réitérant ainsi des propos du chef du parti chiite Hassan Nasrallah, qui semble craindre une longue période de vacance au sein de l'Exécutif.
Mon Dieu, s’il vous plaît, faites que le cauchemar du Liban Fort se termine bientôt, amen!
08 h 27, le 31 août 2022