C’est encore une fois partie remise. Le très attendu entretien entre le président de la République, Michel Aoun, et le Premier ministre désigné, Nagib Mikati, hier à Baabda, n’a visiblement pas opéré la percée souhaitée dans le processus de formation du gouvernement, à quelques jours du début du délai constitutionnel pour élire un nouveau président de la République, le 31 août. D’ailleurs, c’était trop espérer, après la virulente guerre verbale qui avait opposé les deux camps deux jours plus tôt. À l’issue de son entretien avec le chef de l’État, le Premier ministre désigné n’a fait aucune déclaration à la presse. Comprendre : rien de nouveau sous le soleil.
Selon les informations obtenues par L’Orient-Le Jour, la rencontre d’hier a constitué une opportunité pour les deux hommes d’examiner, une nouvelle fois, les deux projets de solution actuellement sur la table. La première proposition prévoit de remplacer le ministre sortant des Déplacés, Issam Charafeddine (druze, proche du chef du Parti démocratique libanais Talal Arslane), et son collègue de l’Économie, Amine Salam (sunnite, relevant du lot du président de la République). Il n’est donc plus question de remplacer le ministre de l’Énergie, Walid Fayad (aouniste), par un sunnite, ce qui avait alors provoqué l’ire du camp présidentiel. Malgré ce revirement de M. Mikati, la première proposition continue de se heurter au veto de Baabda, qui craint une atteinte aux équilibres politiques et confessionnels au sein de l’équipe ministérielle. De source informée, on apprend dans ce cadre que le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a refusé de nommer une personnalité druze pour le portefeuille des Déplacés au sein d’un cabinet dont la durée de vie est liée à l’élection d’un nouveau président, donc avant la fin du sexennat Aoun, le 31 octobre, si l’on respecte la Constitution. De même source, on ajoute que lors de la réunion d’hier, Nagib Mikati s’est une fois de plus montré ouvert à ce que le chef de l’État nomme les remplaçants d’Amine Salam et Issam Charafeddine, mais que Michel Aoun a préféré s’offrir un temps de réflexion avant de dire son dernier mot.
Seconde option sur la table : élargir le cabinet sortant de 24 à 30 ministres en y incorporant six ministres d’État, dans le but de donner à la future équipe une coloration politique pour faire face aux échéances qui guettent le pays, à commencer par la présidentielle. « Le chef de l’État est favorable à cette démarche », affirme un parlementaire aouniste qui a requis l’anonymat. Il rejoint ainsi des informations obtenues par L’OLJ selon lesquelles l’entourage de M. Aoun pousserait pour cette formule. Aux yeux de plusieurs observateurs, le chef du CPL, Gebran Bassil, pourrait en profiter pour nommer les trois ministres chrétiens supplémentaires. Une façon pour lui d’avoir son mot à dire dans la composition et l’action d’un cabinet qui pourrait être amené à gérer le pays en cas de vacance à la magistrature suprême. C’est ce qui explique le fait que le Premier ministre désigné a demandé hier au président Aoun le report des discussions à ce sujet. « C’est une façon polie de rejeter cette option », estime le parlementaire cité plus haut.
Le CPL maintient la pression
Entre-temps, le parti orange étudie les scénarios possibles pour la période de l’après-31 octobre, sans pour autant dévoiler toutes ses cartes. Dans une déclaration radiodiffusée, Salim Aoun, député de Zahlé, a souligné hier que le fait de voir le président Aoun demander à la Chambre de retirer à Nagib Mikati son statut de Premier ministre désigné « est un des choix dont nous disposons ». Sauf que rien ne prête à croire que le chef du législatif, Nabih Berry, pourrait accepter une telle requête. D’autant qu’il aurait exercé des pressions sur M. Mikati en vue d’accélérer le processus de formation du gouvernement, dans une volonté manifeste de faire barrage à toute tentative de maintenir Michel Aoun à Baabda après la fin de son mandat sous prétexte qu’un gouvernement d’expédition des affaires courantes ne peut pas exercer les prérogatives du chef de l’État en cas de vacance présidentielle.
« Nous sommes pour la tenue de l’élection en temps voulu et pour la mise en place d’une nouvelle équipe, comme le stipule la Constitution », se contente de commenter Kassem Hachem, député berryste de Marjeyoun-Hasbaya, exprimant ainsi une opposition implicite au scénario anticonstitutionnel envisagé par le camp aouniste pour démettre M. Mikati.
commentaires (10)
Surtout ne touchez pas à Walid Fayad, vous imaginez les conséquences : 1) tous les pubs de Beyrouth feront faillite 2) toute la mafia des générateurs privés se retrouvera au chômage 3) les glandeurs de l’EdL devront faire acte de présence 2 fois par semaine à leur poste de travail 4) il n’y aura plus le black out total et le Liban ne pourra pas être qualifié de seul pays à ne pas produire de l’électricité publique Ce ministre brillant en paroles et en actions devrait être vissé à son siège au ministère vu sa performance fulgurante. A défaut d’électricité, on pourra toujours se foutre de sa tronche
Lecteur excédé par la censure
14 h 55, le 26 août 2022