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Nos Lecteurs ont la Parole

Liban : qui sera le meilleur président de la République en 2022 ?


Pour tenter de définir le meilleur candidat possible, il est nécessaire de préciser les critères selon lesquels cette personnalité politique devrait être choisie.

Dans l’intérêt du Liban, il est nécessaire qu’il soit un homme d’État. Il n’y a pas mieux que la phrase de l’auteur américain James Freeman Clarke (1810 -1888) pour définir cette notion : « La différence entre le simple homme politique et l’homme d’État est que le premier cherche à gagner les prochaines élections, alors que le second songe à l’intérêt des prochaines générations. » Jean Serisé, haut fonctionnaire français, le définit comme « un homme qui prend, sans y être contraint, des décisions dont il sait qu’elles le conduiront à sa perte ». Il n’y a aucun doute, c’est ce type de personnalité politique que le Liban, au fond du gouffre du maelström, cherche ardemment.

Nous allons passer en revue quelques actions nécessaires pour un homme d’État et voir si certaines personnalités maronites en vue sont capables de les réaliser. Nous conclurons en dégageant la personnalité qui est le plus à même d’aider le peuple du Liban à retrouver l’espoir et d’arrêter l’hémorragie de l’émigration des jeunes.

Défendre l’indépendance du pays

Tout État non souverain ne peut évoluer pleinement et librement vers ce qu’il tend. Toute ingérence d’un État étranger dans les décisions étatiques du Liban (économique, juridique, politique…) aboutit à la désintégration et à l’affaiblissement de l’État, dont le peuple est la première victime. Gandhi et de Gaulle ne s’y sont pas trompés en brandissant l’étendard de la résistance. Youssef bey Karam aussi contre l’occupant ottoman.

Sleiman Frangié est un homme fidèle à ses principes, mais très lié à la famille Assad de Syrie et soutient le Hezbollah qui a proclamé son allégeance à l’Iran. Comment donc pourrait-il défendre l’indépendance du pays ?

Gebran Bassil est l’allié inconditionnel du Hezbollah. Inévitablement, il mettra en péril l’indépendance du Liban.

Michel Moawad est certainement capable de défendre l’indépendance du Liban, c’est un élément fort de sa personnalité.

Le général Joseph Aoun, en tant que chef de l’armée, devrait avoir comme principe la défense de l’indépendance du Liban. Cependant, il est difficile de juger de son action future, compte tenu de l’expérience politique d’un autre ancien chef de l’armée, le général Michel Aoun, qui s’est allié au Hezbollah. Le fait d’être un chef de l’armée n’entraîne pas nécessairement une volonté farouche de défendre l’indépendance du pays.

Samir Geagea est un implacable défenseur de l’indépendance du Liban, comme son action pendant la guerre contre l’occupant syrien tend à le confirmer.

S’attaquer au fléau de la corruption

Jamais la corruption n’a été aussi diffuse et importante que depuis 1992, alimentée au début par l’occupation syrienne puis par la classe politique libanaise elle-même après le départ des troupes syriennes. Cette corruption freine la croissance économique, nuit à l’État de droit, et gaspille les compétences et les ressources.

Sleiman Frangié pâtit du fait qu’il a fait partie de la classe politique depuis 1992. Est-il corrompu ? Il est difficile de ne pas le penser. Il reste qu’une justice indépendante seule peut établir ce fait. Quoi qu’il en soit, il y a un doute, et ceci le dessert.

Gebran Bassil est soupçonné de plusieurs malversations, surtout dans le dossier de l’électricité. Son impopularité fait en sorte que la rue l’a déjà jugé.

Le général Joseph Aoun n’est pas corrompu, reste à voir quand il briquera un pouvoir politique.

Michel Moawad n’est pas un homme corrompu et n’a pas participé au pouvoir avec la classe politique depuis 1992.

Samir Geagea ne souffre pas de la réputation d’un homme corrompu, ni d’ailleurs son équipe, qui a participé à certains gouvernements depuis 1992.

Rétablir un État de droit

Trois conditions seront nécessaires : le respect de la hiérarchie des normes, l’égalité des citoyens devant la loi, la séparation des pouvoirs et l’indépendance des juges. Sans cet État de droit, le Liban ne pourra pas prétendre à un avenir meilleur.

Compte tenu que Sleiman Frangié est un soutien sans équivoque du Hezbollah et de la Syrie, toute volonté de rendre la justice indépendante sera vaine, car l’Iran et la Syrie ne manqueront pas de faire pression sur la justice quand ceci est nécessaire. De même, Gebran Bassil sera limité par ses actions à cause des mêmes alliances.

Michel Moawad n’a pas les mains liées par ses alliances et pourra fournir l’effort nécessaire au rétablissement d’un État de droit digne de ce nom. Nous pouvons dire la même chose de Samir Geagea, dont la gestion de sa formation politique donne une idée de sa capacité à gouverner en s’élevant au-dessus des événements.

Être un serviteur de la nation...

… et non de ses propres intérêts. Antoine Dionne Charest (conseiller politique canadien, docteur en philosophie) considère ce point comme le premier devoir de tout homme d’État. En 1961, Louis-Joseph Lebret écrivait, dans son rapport sur le Liban à la demande du président Chehab, que « ce qui manque le plus au Liban, ce sont les équipes de gens totalement voués au bien public ».

Pour Sleiman Frangié, être un serviteur de la nation ne peut qu’être biaisé par son lien étroit avec des pays étrangers qui ne s’intéressent pas nécessairement à être des serviteurs du Liban, en plus des dictatures. De même pour Gebran Bassil.

Les discours et les prises de position de Michel Moawad laissent espérer un renouvellement du comportement politique au Liban. L’histoire personnelle de Samir Geagea montre un homme au service de la cause à laquelle il croit. Hier, c’était pour la défense des chrétiens du Liban, aujourd’hui, pour rétablir un État déliquescent.

L’action des uns et des autres, leurs histoires, nous permettent de dégager deux personnalités capables de donner un nouveau souffle au Liban : Michel Moawad et Samir Geagea.

Les deux pâtissent d’un handicap, selon certains : le désaccord avec les actions du Hezbollah et son allégeance à l’Iran, et l’impossibilité d’agir en présence d’un groupe armé qui ne se laissera pas édicter ses priorités. Cependant, l’état effroyable de la société libanaise ne laisse plus la place aux manœuvres politiques stériles, à l’opportunisme, à la servitude, en mettant au rebut l’indépendance du pays et l’État de droit. Aucune puissance, interne ou externe, ne peut bloquer une volonté de changement d’un peuple aux abois.

Samir Geagea pâtit d’un autre handicap : l’image redondante d’un chef de guerre. Aucun autre chef de guerre ne bénéficie d’un tel traitement qui manque d’objectivité. Probablement que cela montre une certaine crainte d’un homme qui n’est pas prêt à transiger sur les éléments constitutifs d’une nation.

Quoi qu’il en soit, la sortie du Liban du précipice nécessitera la réunion de trois éléments : un homme d’État au niveau de la présidence de la République, un homme d’État au niveau de la présidence du Parlement et un homme d’État au niveau de la présidence du Conseil.

Équation complexe dont la réalisation est conjecturale.

Chirurgien et diplômé en histoire

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique Courrier n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, L’Orient-Le Jour offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires ni injurieux ni racistes.

Pour tenter de définir le meilleur candidat possible, il est nécessaire de préciser les critères selon lesquels cette personnalité politique devrait être choisie. Dans l’intérêt du Liban, il est nécessaire qu’il soit un homme d’État. Il n’y a pas mieux que la phrase de l’auteur américain James Freeman Clarke (1810 -1888) pour définir cette notion : « La...
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Il faut un chef d’état reconnu par l’occident

Eleni Caridopoulou

19 h 28, le 24 août 2022

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Commentaires (1)

  • Il faut un chef d’état reconnu par l’occident

    Eleni Caridopoulou

    19 h 28, le 24 août 2022

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