Comme attendu depuis plusieurs jours, une partie des silos à grains endommagés du port de Beyrouth se sont effondrés dimanche à la suite d'un incendie, à quelques jours du deuxième anniversaire de l'explosion dévastatrice dans ce port. Cet effondrement a engendré un nuage de poussière, qui inquiète les riverains, et fait craindre que les cylindres toujours debout ne finissent par tomber à leur tour. Des experts donnent leur avis sur ces questions.
Particules de poussière
Selon Charbel Afif, chef du département de chimie à l’USJ et expert en pollution de l'air, "même si le gros de la poussière n’est plus visible, il reste encore des particules dans l’air qui pourraient affecter ceux qui souffrent de problèmes respiratoires ainsi que les personnes âgées ou vulnérables". "Pas de panique cependant", rassure-t-il. "Il suffit de garder les fenêtres fermées et de nettoyer le lieu de vie ou de travail lundi matin avec de l’eau de javel", ajoute Charbel Afif.
La députée Najat Aoun Saliba, qui est experte en pollution atmosphérique, a estimé pour sa part que la propagation de la poussière a été majoritairement contenue parce que les morceaux qui ont chuté sont tombés proches de l'eau. Elle a toutefois appelé les riverains à porter un masque, fermer leurs fenêtres et allumer l'air conditionné, en raison du risque posé par les toxines contenues dans l'air et également du danger que d'autres parties des silos ne s'effondrent.
Les autorités avaient mis en garde ces derniers jours contre un effondrement partiel de ces grands réservoirs de blé, lourdement détruits par la double explosion au port de Beyrouth du 4 août 2020. Des consignes de sécurité avaient été envoyées aux habitants des quartiers environnants, comme le port d'un masque chirurgical ou la fermeture des fenêtres, et l'armée avait fait évacuer vendredi les habitants de la zone directement adjacente au port.
Dans un communiqué publié cette semaine, les ministères de l'Environnement et de la Santé avaient indiqué que "dans le cas d'un effondrement ou d'une chute partielle (des silos), la poussière résultant des restes de construction et certains champignons provenant de grains de blé pourris se répandront dans l'air". Ils précisaient dans leur texte que, selon les experts, il n'y a aucune preuve de l'existence d'amiante ou de tout autre gaz toxique. Les deux ministères avaient également indiqué que la zone située entre 500 et 1500 mètres du port, qui comprend le centre-ville de Beyrouth, Geitaoui, la Quarantaine et Mar Mitr, serait affectée par une quantité de poussière durant 24 heures. Les personnes qui travaillent et vivent dans cette zone étaient dès lors appelées à fermer leurs fenêtres. Dans le cas d'un effondrement, les personnes présentes à l'extérieur des bâtiments étaient, quant à elles, appelées à porter un masque KN95 pendant les deux premières heures suivant l'effondrement et ce, jusqu'à ce qu'elles atteignent un espace fermé.
Quid du reste des silos, lourdement endommagés lors de l'explosion du 4 août 2020 ?
Le ministre sortant des Travaux publics Ali Hamiyé a assuré que cet écroulement n'impacterait pas le fonctionnement des opérations du port. Il a toutefois ajouté que "les cylindres de la partie sud se sont détachés du reste du bâtiment et sont également menacés d'effondrement"."Il faut s'attendre à d'autres effondrements, dans les heures ou jours à venir", assure une source au port, interrogée par L'Orient-Le Jour.
Yehya Temsah, ingénieur structurel et directeur adjoint de l’Université arabe de Beyrouth, assure, pour sa part, à L’OLJ que la partie sud des silos, stable jusque-là, "ne devrait pas être affectée par l’effondrement qui vient de se passer". "Comme on s’y attendait, l’effondrement qui a eu lieu dans la partie nord des silos est partiel. Les silos ne tomberont pas d’un coup, mais par morceaux", explique ce spécialiste. Il indique que le reste de la partie nord doit être examiné dès demain matin pour s’assurer de la progression de son inclinaison. "Il faut continuer à observer le reste de la partie nord. Si le degré d’inclinaison s’accélère, cela voudra dire qu’il y aura d’autres effondrements", prévient-il.
La députée Aoun Saliba a indiqué que, selon elle, toute la partie nord de la structure risque de s'écrouler. "Il faut donc préserver la partie sud comme témoin du crime" de la double explosion, a-t-elle lancé.
"Les 12 silos restants (sur 16) bougent encore relativement rapidement et nous évaluons la situation minute par minute grâce aux capteurs", a expliqué à notre publication sœur l’ingénieur français Emmanuel Durand, qui s’est porté volontaire pour rejoindre une équipe d’experts commissionnée par le gouvernement libanais. Selon lui, le bloc du sud est encore "stable".
La parole est aux experts, mais je cite une intervenante : ELLE A TOUTEFOIS APPELE LES RIVERAINS A PORTER UN MASQUE, FERMER LEURS FENETRES ET ALLUMER L'AIR CONDITIONNE, EN RAISON DU RISQUE POSE PAR LES TOXINES CONTENUES DANS L'AIR ET EGALEMENT DU DANGER QUE D'AUTRES PARTIES DES SILOS NE S'EFFONDRENT. Alors, allumer l’air conditionné, quand il y a le courant électrique, d’autres experts et on l’a entendu souvent, que les filtres de l’air conditionné ne protègent pas des particules, même si ces filtres sont bien entretenus. Mais je respecte les experts. Que nos experts s’inspirent de la reconstruction des deux tours de New York, ou de l’église du Souvenir à Berlin. Nous ne sommes pas en rupture de talents en architecture, on en a les meilleurs au monde, qu’on rase les silos pour en faire de plus grands, (avec le respect pour la douleur des proches des victimes) en gardant une place pour une plaque commémorative bien sûr.
19 h 26, le 01 août 2022