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Agenda - Vient de paraître

« Perspectives libanaises », un choix d’éditoriaux de Louis Honeiné

« Perspectives libanaises », un choix d’éditoriaux de Louis Honeiné

Louis Honeiné, dans la célèbre pinède de Bkassine. Photo DR

Il y a, chez certains, une passion de communiquer qui ne s’éteindra qu’avec leur dernier souffle. C’est elle qui a poussé Louis Honeiné à publier son récent ouvrage, intitulé prosaïquement Perspectives libanaises (1). Docteur en sciences politiques (Paris II-Sorbonne), professeur à l’Université Saint-Esprit – Kaslik et l’Université libanaise, Louis Honeiné a choisi de faire ses premières armes comme journaliste à L’Orient-Le Jour, avant de créer son propre blog.

Ce livre n’est pas celui d’un nostalgique. Au contraire, c’est un ouvrage tendu vers l’avenir, le livre d’un moraliste, d’un patriote qui aime profondément son pays et qui ne lui passe rien. Un homme qui peut dire : « Le monde nous a oubliés parce qu’il a désespéré de nous voir nous reprendre pour assumer notre destin. Nous, c’est qui ? me demandez-vous. (…) Nous, c’est cette communauté maronite à l’origine de ce Liban de toutes les malédictions et qui, aujourd’hui, incarne de façon dramatique l’essence même de la déchéance. » Il ne faut jamais reprendre un homme quand sa frustration le conduit à prononcer de telles imprécations contre sa propre communauté.

L’ouvrage se présente comme un choix d’éditoriaux classés thématiquement, publiés d’abord à un rythme hebdomadaire, sur le site de leur auteur – un site qui porte le même nom que son ouvrage. C’est un mélange de genres qui couvre un certain nombre d’événements marquants de la vie nationale, de thèmes généraux et de souvenirs, y compris certains qui remontent au temps de l’école (le collège des Frères maristes, à Saïda). Mais l’âme de l’ouvrage reste le Liban, tout est vu à travers ce prisme et celui de la dignité dont il se réclame, qu’elle soit personnelle, sociale ou nationale. Le récit des détenus de la prison de Qobbé (Tripoli), libérés et humiliés, en est un bon exemple.

Les textes ont été rédigés entre 2017 et octobre 2019, sous forme d’éditoriaux, et diffusés à un groupe très restreint de collègues universitaires et d’anciens étudiants. Leur auteur aura du mal à vous expliquer pourquoi il a tenu à les imprimer. « Il était important, dit-il, de démontrer aux lecteurs potentiels que le travail, apparemment disparate, reflète quand même une préoccupation unique, le devenir du Liban. »

On trouve, au détour des pages, l’émouvant récit suivant : « J’ai fait mes classes de journalisme dans une institution des plus prestigieuses de la presse libanaise, L’Orient-Le Jour. J’y ai appris le métier. Et c’était ma chance. De grands maîtres, un grand quotidien. Notre secrétaire de rédaction de l’époque, qui devait lire mes copies, n’hésitait pas à me rappeler que le journal, une fois lu, servira à envelopper des laitues. La leçon était claire. Le journal était un produit éphémère, alors inutile de faire des phrases contournées. Dire bien, dire joli, mais dire simple. »

« Pourtant, ajoute dignement Louis Honeiné, au village (Bkassine et ses magnifiques pinèdes, à Jezzine), la vie du numéro de samedi, acheté dans la capitale, pouvait durer de semaine en semaine jusqu’à l’arrivage suivant. Tout le village s’y référait. On le savait éphémère, mais on ne le traitait jamais comme tel (…) Une semaine plus tard, le papier n’était toujours pas froissé. Pas de laitue. »

Beaucoup de questions soulevées dans cet ouvrage, somme toute très personnel, restent en suspens. Il y a, de temps à autre, un « Je ne sais pas… » qui ressemble à celui des agnostiques. Un doute, un soupçon de doute. Pourtant, en dépit de cette agaçante incertitude, s’élèvent souvent de ses pages, comme d’un verger de Saïda, des bouffées de fleurs d’oranger, de vent marin et de printemps. Bien assez pour le rendre attachant !

Louis Honeiné prépare en ce moment un nouvel ouvrage, pour lequel il cherche un éditeur, un ensemble de notes personnelles consignées durant la guerre. « Un ouvrage un peu délicat vu les noms et les faits qu’il comprend », avoue l’auteur.

Il est par ailleurs l’auteur d’une thèse de doctorat en sciences politiques consacrée à la neutralité du Liban (2). « En 1978, en soutenant la thèse sur la neutralité du Liban, je ne jouais pas au devin, écrit-il. (…) Si boiteuse qu’ait été notre démocratie, elle nous a toujours servi de rempart contre les extrémismes. Puisse-t-elle réussir, encore une fois, cette gageure. »

(1) Louis Honeiné, « Perspectives libanaises », Dar el-Machreq, collection « Politique et société ».

(2) Louis Honeiné, « Un Liban neutre malgré une géopolitique engagée », Dar el-Machreq.

Il y a, chez certains, une passion de communiquer qui ne s’éteindra qu’avec leur dernier souffle. C’est elle qui a poussé Louis Honeiné à publier son récent ouvrage, intitulé prosaïquement Perspectives libanaises (1). Docteur en sciences politiques (Paris II-Sorbonne), professeur à l’Université Saint-Esprit – Kaslik et l’Université libanaise, Louis Honeiné a choisi de faire...