Alors que les menaces de guerre contre Israël lancées mercredi par le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, continuent de susciter l'inquiétude dans un Liban déjà en plein crise, le chef du groupe parlementaire du parti chiite, le député Mohammad Raad, a tenté de calmer le jeu dimanche. Il a ainsi affirmé que le parti de Dieu ne souhaitait pas la guerre, mais qu'il s'y tenait prêt, alors que le litige frontalier maritime avec Israël n'a toujours pas été réglé en vue d'une exploitation du gaz offshore.
"Le gaz dans notre zone économique exclusive est notre droit et nous, plus que quiconque, avons le droit de l'exploiter", a martelé l'élu, lors d'un événement partisan à Aadchit au Liban-Sud, selon des propos rapportés par notre correspondant Mountasser Abdallah.
"Nous sommes libres"
"Lorsque nous évoquons l'option d'une guerre qui nous permette de vivre dignement sans devoir mendier auprès des autres, nous voulons dire que nous sommes libres, et que vous devez savoir avec qui vous traitez", a expliqué M. Raad. "Nous ne souhaitons pas la guerre, mais nous y sommes prêts et nous nous tenons en alerte", a-t-il prévenu.
"Nous ne renoncerons pas à notre droit d'exploiter nos ressources en hydrocarbures et à délimiter la frontière de notre souveraineté. C'est nous qui en décidons. Nous nous tenons au côté de chaque personne fidèle au sein de l'Etat afin de protéger la dignité du pays et de sa population, toutes communautés et régions confondues, même ceux qui ne comprennent pas les enjeux en cours", a-t-il conclu, probablement en référence aux formations qui ont critiqué les menaces du chef du Hezbollah, notamment les Forces libanaises, les Kataëb, et le Parti socialiste progressiste.
Mercredi soir, le chef du Hezbollah s'est exprimé pour la première fois depuis l'envoi de drones de son parti dans la zone du champ de Karish, au large d'Israël, où une plateforme gazière était arrivée début juin. Ce champ pourrait se trouver dans une zone contestée par le Liban s'il officialise ses revendications maximalistes. Le leader chiite a ainsi prévenu que ces drones "ne sont qu'un début modeste", menaçant Israël d'une guerre. "Menacer de guerre et lancer une guerre est une option plus honorable que nous soumettre aux menaces d’affamer les Libanais", avait-il ainsi affirmé.
Les pourparlers entre le Liban et Israël, qui avaient été entamés sur la base des revendications libanaises officielles enregistrées en 2011 auprès des Nations unies, en référence au décret 6433/2011 portant sur une zone de 860 km2 délimitée par ce qui a été appelé ligne 23, avaient en effet été interrompus en mai 2021 lorsque la délégation libanaise de négociateurs avait annoncé sa volonté de réclamer un droit supplémentaire sur 1.430 km2 limités par la ligne 29, coupant en deux le champ de Karish qui, selon l’État hébreu, se trouve dans sa zone économique exclusive reconnue par l’ONU. Mais pour être officialisée, cette revendication nécessitait l’amendement du décret 6433/2011, ce qui n’a jamais été fait par le Liban. Lors de la dernière visite de l'émissaire américain Amos Hochstein, les responsables libanais lui avaient communiqué une nouvelle proposition consistant à élargir la ligne 23 pour inclure la totalité du champ maritime de Cana dans l'espace maritime libanais.
Au cours des derniers jours, M. Hochstein a parlé de "bons progrès" réalisés "tant au Liban qu'en Israël", tandis que la presse israélienne faisait, elle, état d'une déception des responsables quant à la réponse libanaise que leur a communiquée l'émissaire lors de ses aller-retours auprès des deux parties.
Samedi, le chef des Forces libanaises Samir Geagea a estimé que Hassan Nasrallah a eu recours à l'escalade au sujet de la frontière maritime avec Israël afin d'adresser un message en prévision de la visite du président américain Joe Biden au Moyen-Orient et d'affirmer que ses armes jouent toujours un rôle dans la résistance.
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C’est qui nous?
Sissi zayyat
11 h 02, le 18 juillet 2022