
Bouraoui Limam, ambassadeur de Tunisie au Liban et premier président du GAF-Liban. Photo DR
Un tout nouveau Groupe des ambassadeurs francophones (GAF) vient de voir le jour au Liban. Il s’agit d’un groupe informel réunissant les diplomates des pays membres de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Le GAF est une structure qui existe dans plus de 60 pays au monde depuis la fin des années 1980. Sa section libanaise regroupe les ambassadeurs d’Arménie, de Belgique, de Bulgarie, du Canada, de Côte d’Ivoire, d’Égypte, de France, de Grèce, de Roumanie, de Suisse, de Tunisie et du Maroc, et soutiendra l’organisation d’activités culturelles dont le but sera de faire découvrir la culture francophone des pays qu’ils représentent.
À l’origine de cette initiative, Karl Akiki, parrain du GAF-Liban, lauréat du prix OIF Richelieu-Senghor et directeur du département de lettres françaises de l’Université Saint Joseph. Pour lui, la francophonie est une particularité du Liban qui le différencie des autres pays du Moyen-Orient. « Sans le multilinguisme et son “Hi, kifak ? Ça va ?”, le Liban serait méconnaissable », lance-t-il, non sans humour. C’est lors d’un voyage en Roumanie que le professeur a découvert l’existence du concept des GAF. « J’ai trouvé qu’un GAF-Liban est indispensable pour souder toutes les forces qui travaillaient déjà de façon informelle en faveur de la francophonie », dit-il.
Avec Christian Taoutel, directeur du département histoire-relations internationales de l’USJ, ils forment une cellule qui proposera des projets à des représentants choisis par les diverses ambassades membres du GAF.
Le parrain du GAF-Liban soutient l’idée d’une francophonie « large ». En matière de francophonie, en effet, c’est la France qui est principalement sollicitée en vertu de sa présence historique au pays du Cèdre. « Il est indispensable, de nos jours, de réunir les efforts de tous les pays francophones représentés diplomatiquement au Liban autour d’actions précises qui permettront de faire découvrir aux Libanais d’autres francophonies, d’autres voies. »
Un groupe aux objectifs multiples
« En créant le GAF, nous avons donné une image, un logo, une forme presque institutionnelle à la coopération des ambassadeurs francophones, nous avons donné corps à ce groupe », affirme Karl Akiki. Des propos que soutient l’ambassadeur de Tunisie au Liban Bouraoui Limam, qui présidera cette année le GAF libanais. « L’esprit du GAF existait avant : des réunions entre ambassadeurs francophones se tenaient une fois par mois pour échanger autour des valeurs et de l’action de la francophonie au Liban. Aujourd’hui, nous lui conférons une visibilité », raconte-t-il.
Le GAF a pour but de promouvoir les valeurs de la francophonie en mettant l’accent sur la langue française, et la diversité culturelle et linguistique, mais aussi sur des valeurs comme la paix, la démocratie et les droits de l’homme. Il cherchera à appuyer l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur et la recherche, et à soutenir la coopération économique au service du développement durable.
Cette visibilité culturelle peut prendre la forme d’actions soutenues par le GAF-Liban ou initiées par chaque pays membre. « Le GAF a dans son viseur plusieurs objectifs », explique M. Akiki. L’un d’eux sera l’organisation de manifestations francophones lors du Mois de la francophonie ou encore de débats sur les moyens de renforcer la présence de la langue française au Liban et de soutenir le développement de projets francophones. Le groupe encouragera également des individus et/ou des institutions contribuant au développement de la francophonie au Liban, notamment par l’attribution d’un prix du GAF-Liban, prix annuel symbolique. Selon l’ambassadeur Bouraoui Limam, « les objectifs du GAF se traduiront en actions concrètes ».
Au menu également, des commémorations nationales (comme la Journée de la vérité et de la réconciliation commémorée par le Canada), des événements culturels (comme la Journée de la BD fêtée en Belgique), des conférences, des spectacles, des soirées littéraires ou artistiques et des festivals culinaires. « L’objectif est d’aider la jeunesse au Liban à trouver un sens à son identité francophone libanaise », affirme M. Akiki.
Un jardin de la francophonie internationale
Une des premières actions concrètes que prévoit le groupe sera la mise en place du « Jardin international de la francophonie » sur l’esplanade du campus des sciences humaines de l’USJ. Ce projet, décrit par le président du GAF comme étant « une action de proximité visant à rapprocher le monde diplomatique du monde universitaire », consistera à représenter chaque ambassade du GAF par deux arbres qu’elle aura choisis. Chaque arbre portera une plaque où sera marqué du drapeau du pays donateur et une citation ou diction du patrimoine culturel propre à chaque pays. Un code QR renvoyant à un site web mettant en avant la culture francophone du pays concerné pourra être ajouté à la plaque. Un moyen, comme le souligne Karl Akiki, « de mettre la francophonie diplomatique au cœur de la cité ».
Excellente initiative Bravo! Pourvu que la jeunesse libanaise s’intéresse encore à la culture francophone !
01 h 15, le 12 juillet 2022