Comme si la bronca engendrée par la première combinaison ministérielle ratée de Mikou soumise au Conducator orange ne suffisait pas à plomber l’ambiance, il a fallu qu’en plus les deux hommes peaufinent leurs talents de créatifs en inventant un nouveau concept : l’interruption volontaire de gouvernement. Une sacrée trouvaille dans un pays où l’IVG est encore gravée au burin dans le code pénal.
Le spectacle donne ainsi à voir deux barbons déliquescents emmêlant leurs comptes d’apothicaire dans la distribution des portefeuilles, à l’heure où les Libanais pensent surtout à leur porte-monnaie. Et de plus, ça pérore sur les bienfaits de la réforme, sans envisager un seul instant que la vraie réforme serait peut-être de les réformer eux, non pour pieds plats comme dans les casernes, mais pour encéphalogramme plat…
Mais cette pantalonnade doublée d’une gesticulation forcenée nous aura appris au moins deux choses : un, le Premier ministre désigné au turbin n’a pas à choisir les ministres avec lesquels il sera amené à bosser ; deux, la distribution des ministères se fait « à la carte », chaque groupe de bouffons pouvant picorer à sa convenance dans les maroquins. Bref, pour Mongénéral, le Premier ministre pressenti est juste bon à jouer les maîtres d’hôtel et à passer les plats.
C’est là que Magic Nabeuh entre dans la danse pour, dit-on, arrondir les angles. L’homme est un jongleur-né. Lui, faut pas lui demander si dans tel ou tel dossier l’impact de ceci ou de cela sur le PIB est inversement proportionnel à la racine carrée du taux de croissance. Ce n’est pas son genre de beauté. Notre ami ne s’intéresse qu’à deux grands sujets : le ministère des Finances et la fonction publique. Les robinets du premier assurant la mangeoire de la seconde, laquelle a fait depuis 30 ans le bonheur de cet homme de tous les râteliers.
Comme un malheur n’arrive jamais seul, voilà que rapplique en renfort l’Homme à barbe, qui goûte depuis de nombreuses années maintenant aux délices de la vie souterraine. Lui n’a pas son pareil pour faire monter la mayonnaise et battre les blancs en neige. À partir d’un ingrédient de base – ici ses drones en papier mâché –, il en fait des tonnes. Devenue prétexte idéal, cette bimbeloterie est aux Hébreux ce que l’uranium enrichi est aux Iraniens appauvris. Plus généralement, le Barbu en chef est d’accord pour fanfaronner ad libitum à la seule condition d’en rester au verbiage. En gros comme en détail, ce n’est pas demain l’avant-veille que pousseront les dents des poules qui verront un nouveau gouvernement, un président tout neuf et un accord sur la frontière maritime.
C’était notre contribution hebdomadaire au moral des Libanais.
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (8)
Faudra que les libanais demandent conseil à nos nombreux ami(e)s Sri-Lankais...
Wlek Sanferlou
17 h 51, le 10 juillet 2022